
L’administration Trump envisage de supprimer progressivement l’aide américaine au Liban, en proie à de multiples crises, ainsi qu’aux réfugiés rohingyas, la plus grande population apatride au monde. Cette orientation, révélée par un courriel interne consulté par Reuters, illustre la volonté de Washington de redéfinir ses priorités en matière d’assistance internationale.
Dans ce message daté du 16 février, Peter Marocco, directeur adjoint par intérim de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), suggère que le Liban devrait exprimer sa reconnaissance envers les États-Unis pour l’aide reçue. Il indique que le pays “devrait obtenir une forme de contrepartie ou un geste de bonne foi de la part des populations bénéficiaires à l’égard du peuple américain”.
M. Marocco a ainsi demandé à Tim Meisburger, chef du bureau des affaires humanitaires de l’USAID, de rédiger une note destinée au secrétaire d’État, Marco Rubio. L’objectif: attirer son attention sur “l’étrange dépendance” du Liban à l’aide américaine et proposer des pistes pour signaler que cette assistance ne saurait être indéfiniment maintenue. “Bien que nous soyons compatissants, les bénéficiaires ont été avertis le 5 novembre, et les choses devront changer”, écrit-il, faisant référence à la réélection de Donald Trump en 2024.
Selon une source proche du dossier, Marocco ne voit pas la nécessité de prolonger l’aide aux populations concernées. Contacté par l’agence d’information, Reuters, le département d’État s’est refusé à tout commentaire, tandis que ni M. Marocco ni M. Meisburger n’ont répondu aux sollicitations de l’agence. Il reste incertain si la note demandée a bien été transmise à M. Rubio et dans quelle mesure l’aide américaine continue d’affluer vers le Liban et les Rohingyas.
Une assistance cruciale pour le Liban
Toujours selon l’article de Reuters, depuis des décennies, les États-Unis apportent une aide humanitaire et militaire au Liban, considéré comme un pilier de la stabilité régionale face à l’influence croissante de l’Iran et du Hezbollah. Entre 2001 et aujourd’hui, plus de 5,5 milliards de dollars ont été alloués au pays par les administrations républicaines et démocrates successives, y compris sous la présidence de Trump. Ce soutien vise notamment, selon le texte, à pallier l’impact de crises multiples: afflux massif de réfugiés syriens, paralysie politique, effondrement financier, explosion meurtrière au port de Beyrouth et tensions croissantes avec Israël depuis octobre 2023.
Reuters rappelle à cet égard que dès son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a ordonné un gel de 90 jours sur toute assistance étrangère afin d’évaluer sa conformité avec la doctrine America First. Si M. Rubio a accordé en février des dérogations temporaires pour l’aide alimentaire et les soins médicaux d’urgence, l’avenir du soutien américain au Liban reste incertain.
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