
Mais quelle mouche a donc piqué la ministre des Affaires sociales, Madame Hanine el-Sayyed? Selon elle, le retour des réfugiés syriens dans leur pays doit se faire sur la base du volontariat!
Cette déclaration stupéfiante a suscité un tollé. Mais le pays traverse une telle accumulation de crises qu’on est passé à autre chose. Cependant, ce genre de prise de position est susceptible d’entraîner des répercussions graves.
Dans tous les pays du monde, il y a une distinction entre les réfugiés en règle et ceux qui sont en situation irrégulière. La deuxième catégorie est clairement identifiée sous le terme d’immigration clandestine. C’est le cas partout. Sauf chez nous où 2,5 millions de Syriens vaquent sans contrôle à travers le pays en passant par des frontières ouvertes à tous vents. La tradition d’accueil du Liban est légendaire, mais il y a des moments où la réalité dépasse la plus loufoque des légendes.
Tous les spécialistes, les politiques… s’accordent à dire que le Liban est en situation d’alerte vitale et risque d’imploser sous le poids démographique et économique des déplacés. Tous, sauf notre ministre et les ONG internationales qui jouent une générosité toute politique.
Pour l’Europe notamment, mieux vaut continuer à déverser des milliards de dollars pour garder les Syriens tranquilles au Liban que de voir des bateaux chargés de clandestins arriver sur les côtes de l’Union. Cette fausse empathie dure depuis 10 ans au moins. Il faut dire qu’en Europe, la question migratoire est devenue un tel enjeu politique que les partis dits “extrémistes” surfent sur la vague de mécontentement des citoyens qui les poussent au pouvoir dans les urnes. Il n’est donc pas question d’ouvrir les frontières. Et tant pis pour le pauvre Liban, sacrifié sur l’autel de la stabilité politique du vieux continent.
Partout, sauf chez nous, les illégaux n’ont aucun droit et sont renvoyés dans leurs pays d’origine dans le respect du droit international qui stipule la souveraineté nationale.
Les demandeurs d’asile sont une catégorie à part, mais ils doivent prouver qu’ils courent un danger en cas d’expulsion. Au Liban, pas de demandeurs d’asile. Et pour cause, il s’agit d’une immigration économique encouragée par les ONG.
Il ne s’agit pas d’ostraciser les Syriens qui sont au Liban de manière officielle et légale. Ils sont les bienvenus. Mais notre ministre devrait faire attention. Avec la situation chaotique en Syrie, une deuxième vague, alaouite cette fois, vient rejoindre les vagues précédentes. Si la situation dans le Kurdistan syrien venait à s’aggraver, nous aurions également un afflux de Kurdes. À ce rythme, l’identité du Liban et ses fragiles équilibres sont menacés.
Michel Rocard disait: “La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde.” Eh bien, le Liban non plus. À bon entendeur, salut!
Commentaires