Kulluna Irada est en infraction avec la loi: sa licence sera-t-elle retirée?
©Ici Beyrouth

Kulluna Irada se présente comme une association engagée dans la défense de la loi, la lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance et des réformes. Il n’en reste pas moins que, en réalité, ses activités contreviennent aux missions sur la base desquelles l’association a obtenu sa licence auprès du ministère de l’Intérieur et des Municipalités en octobre 2021.

L’agrément signé le 12 octobre 2021 par l’ancien ministre de l’Intérieur, le juge Bassam Maoulaoui, définit strictement les objectifs de Kulluna Irada:

  • Promouvoir et développer les domaines sociaux, environnementaux, culturels, agricoles, artisanaux et industriels, et tout ce qui en découle.

  • Soutenir les municipalités et les institutions locales dans les secteurs de l’énergie, de l’eau, du tourisme et des transports.

  • Réaliser des études et recherches dans divers domaines comme le développement, le commerce, les finances, l’économie, le droit, etc.

  • Encourager le développement des compétences humaines et améliorer les capacités techniques afin de favoriser le progrès et l’environnement de l’être humain au Liban, et contribuer à faire évoluer la société libanaise sur tout le territoire vers un avenir meilleur, garantissant la stabilité, la prospérité et le progrès.

  • Coopérer avec d’autres institutions, associations et organisations de la société civile engagées dans des activités similaires et dans le domaine des œuvres caritatives et autres activités sociales.

Selon le Journal officiel du 28 octobre 2021, Kulluna Irada devait se limiter exclusivement à des missions sociales, culturelles, économiques et agricoles. Partant, son implication politique est injustifiée. En effet, dans la pratique, l’association Kulluna Irada s’est muée en une plateforme politique et financière soutenant des candidats, constituant des listes électorales et participant activement aux élections. Elle a également offert un soutien financier à des groupes politiques et des personnalités spécifiques.

Dans son rapport financier relatif aux élections de 2022, l’association reconnaît explicitement avoir joué un rôle clé dans le processus électoral:
“Kulluna Irada a considéré les élections législatives de 2022 comme une étape essentielle du changement politique au Liban sur le long terme. La vague de contestation incarnée par le soulèvement de 2019 a donné des opportunités considérables aux nouveaux acteurs politiques et les élections législatives ont permis l’avancée de l’opposition au sein des institutions. Compte tenu de la nature du système électoral et des inégalités d’accès et d’influence entre les partis traditionnels et les forces émergentes, nous avons œuvré pour garantir une plus grande équité dans les campagnes électorales.”

En accord avec sa mission de promotion de la réforme politique, Kulluna Irada a pris une décision stratégique visant à soutenir les groupes réformateurs dans leur campagne pour obtenir une représentation, et ce, dans le but de créer une nouvelle force progressiste au sein du Parlement.

Dans cette optique, les efforts de Kulluna Irada se sont articulés autour de trois axes principaux:

  • Créer et renforcer les liens entre les groupes politiques émergents et la diaspora libanaise.

  • Structurer un discours politique progressiste axé sur la souveraineté de l’État et la défense des citoyens.

  • Développer des capacités électorales, notamment en matière de communication et de logistique.

En résumé, bien que son agrément porte sur des activités concernant l’environnement, le développement, l’agriculture, l’industrie et l’artisanat, Kulluna Irada agit depuis plusieurs années comme un acteur politique et financier influent.
L’association intervient dans les politiques économiques et monétaires, en formant et finançant des groupes destinés à influencer le débat public et les médias.
Des millions de dollars transitent par ses comptes sans apparaître dans ses budgets officiels, soulevant des interrogations sur la provenance et l’utilisation de ces fonds.
L’association, censée fonctionner avec un bureau administratif, s’est transformée en une société à but lucratif avec un conseil d’administration de 15 membres, une structure contraire aux lois libanaises régissant les associations et passible de poursuites.

 

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