
Le Centre Pompidou s'apprête à fermer ses portes pour cinq ans de rénovation, marquant une pause inédite dans son histoire. Une ultime occasion est offerte au public d’admirer gratuitement ses chefs-d'œuvre avant leur dispersion dans divers musées à travers le monde.
Frida Kahlo, Salvador Dalí, Francis Bacon... Le musée d'art moderne du Centre Pompidou à Paris, dont la collection est l'une des plus importantes au monde aux côtés de celle du MoMA à New York, fermera ses portes lundi pour cinq ans de travaux de rénovation.
Le public aura une dernière chance d’admirer ces chefs-d’œuvre gratuitement, de vendredi 18h00 à lundi 21h00, en profitant d’une programmation culturelle et festive (DJ, performances, ateliers de création).
Après cela, les quelque 2 000 œuvres d’art exposées en permanence sur 12 000 m² (deux niveaux) seront déplacées en semi-remorques vers des réserves ou d’autres musées à Paris, ailleurs en France ou à l’étranger. "Cette opération colossale a demandé des mois, voire des années de préparation", explique à l’AFP Claire Garnier, directrice de la production.
Le déplacement d’immenses installations, comme celles de l’artiste allemand Anselm Kiefer, nécessitera par exemple "le retrait des baies vitrées" du bâtiment à certains endroits, précise-t-elle.
Le grand public pourra cependant continuer d’admirer une partie de la collection – qui compte au total quelque 150 000 œuvres – notamment au Grand Palais rénové à Paris, où plusieurs grandes expositions sont déjà programmées.
Elle restera également visible à l’étranger grâce aux partenariats entre le Centre Pompidou et Malaga (Espagne), Shanghai ou bientôt Bruxelles, ainsi que dans de grands musées aux États-Unis, en Australie, au Japon et en Europe, détaille Xavier Rey, directeur du musée d’art moderne.
Un musée pionnier
"Dès son inauguration, le 31 janvier 1977, il y a 48 ans, on a enregistré des chiffres de fréquentation inédits à l’époque, et le Centre a donné le ton des musées du XXe et du XXIe siècle", souligne Xavier Rey.
"Il y a un avant et un après. Le musée d’art moderne a été le premier signe d’une mutation profonde de tous les autres musées d’art moderne à travers le monde", ajoute Bernard Blistène, qui a consacré 23 ans de sa carrière au musée, dont une dizaine à sa tête.
Le Centre Pompidou fermera entièrement le 22 septembre, à l’issue de sa dernière exposition temporaire, pour des travaux colossaux de désamiantage et de rénovation, programmés jusqu’en 2030.
Lieu inédit et pionnier pour l’art moderne et contemporain dans le monde, également appelé Beaubourg, il a été conçu par l’ancien président de la République Georges Pompidou (1911-1974) comme un espace vivant de rencontre entre toutes les disciplines artistiques, ouvert à tous les publics.
Avec une moyenne de quatre millions de visiteurs annuels (hors période de crise sanitaire), l’imposant bâtiment tubulaire multicolore, conçu par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, est devenu l’un des monuments les plus fréquentés de Paris.
Un héritage artistique majeur
C’est "une monographie de Marcel Duchamp" qui a marqué les débuts du musée, suivie d’une exposition consacrée à "Salvador Dalí de son vivant", rappelle M. Rey.
Le créateur du célèbre urinoir renversé Fontaine (1917) est exposé aux côtés de Louise Bourgeois, Constantin Brancusi, Marc Chagall, Robert et Sonia Delaunay, Otto Dix, Jean Dubuffet, Frida Kahlo, Vassily Kandinsky, Yves Klein, Fernand Léger, Henri Matisse, Annette Messager ou encore Piet Mondrian.
"Figure tutélaire pour l’art moderne et contemporain, il reste une pierre angulaire de notre collection", souligne M. Rey. Un prix Marcel Duchamp récompense d’ailleurs chaque année un artiste émergent.
Le directeur évoque avec émotion une rétrospective plus récente, consacrée en 2022 au peintre français Gérard Garouste, aujourd’hui âgé de 78 ans, "redécouvrant ses œuvres de jeunesse".
La collection présente "non seulement des œuvres majeures, mais aussi le processus créatif qui y a conduit", avec des "scénographies et modes d’exposition que l’on ne trouvait pas ailleurs", précise Bernard Blistène.
"Le Centre Pompidou a aussi offert aux artistes un lieu d’expérimentation" leur permettant d’interagir avec son architecture, ajoute-t-il, en évoquant notamment deux expositions consacrées à l’architecte Daniel Buren et à l’artiste conceptuel Christian Boltanski, décédé en 2021.
Enrichie au fil du temps par de nouvelles acquisitions, ainsi que par des départements dédiés à l’architecture, au design ou à la vidéo, la collection du musée comprend également une section photographique, aujourd’hui l’une des plus importantes au monde.
Avec AFP
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