
La mission de l'armée israélienne contre le Hamas dans la bande de Gaza "n'est pas terminée", a déclaré mercredi le nouveau chef d'état-major, à l'heure où la trêve qui a fait taire les armes depuis le 19 janvier apparaît menacée.
"Ce n'est pas une relève comme les autres, c'est un moment historique. Le (...) Hamas a subi un coup dur, mais il n'est pas encore vaincu", a affirmé le lieutenant général Eyal Zamir lors d'une cérémonie en marge de sa prise de fonctions.
"La mission n'est pas encore terminée", a ajouté le nouveau chef de l'armée israélienne. Premier chef d'état-major issu du corps des blindés, cet officier de 59 ans s'est forgé une réputation d'homme à poigne sur le champ de bataille.
Eyal Zamir prend ses fonctions alors que le maintien de la fragile trêve entre Israël et le Hamas semble incertaine, les deux camps s'opposant sur la façon de la prolonger après l'expiration samedi d'une première phase de 42 jours.
"Une très lourde responsabilité repose sur vos épaules", a déclaré le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, pendant la cérémonie.
"Les résultats de la guerre auront une importance pour des générations, nous sommes déterminés à (remporter) la victoire", a-t-il ajouté.
"Démilitarisation totale"
Après 15 mois de guerre, la trêve a jusqu'à présent permis le retour de 33 otages retenus à Gaza depuis l'attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, et la libération de quelque 1.800 Palestiniens, ainsi que l'entrée d'aide humanitaire dans le territoire assiégé.
Mais la suite du processus se heurte aux positions adverses des deux camps.
Israël souhaite une extension de la première phase de la trêve jusqu'à la mi-avril pour permettre la libération des otages restants à Gaza, et réclame à terme la "démilitarisation totale" du territoire et l'élimination du Hamas.
Le Hamas de son côté réclame la mise en oeuvre de la deuxième étape de l'accord, censée aboutir à un cessez-le-feu permanent, mais insiste pour rester dans le territoire, qu'il dirige depuis 2007.
Depuis dimanche, Israël a bloqué l'entrée de l'aide humanitaire vitale pour la population.
La troisième phase de l'accord négocié par les pays médiateurs - États-Unis, Qatar et Égypte - devrait être consacrée à la reconstruction du territoire en ruines.
Mardi, les dirigeants arabes réunis au Caire ont adopté un plan pour la reconstruction de Gaza qui met de fait à l'écart le Hamas et prévoit un retour de l'Autorité palestinienne, chassée du territoire en 2007 par le mouvement islamiste.
Mais Israël, qui exclut tout rôle futur à Gaza pour l'Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie, l'a immédiatement rejeté.
Le plan garantit, selon le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le maintien des 2,4 millions d'habitants de Gaza sur leur terre, une réponse au projet du président américain Donald Trump qui prévoit leur expulsion vers l'Égypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient".
Le communiqué final met en garde contre "toute tentative odieuse de déplacer le peuple palestinien".
Ce plan se base sur un projet égyptien dont une version initiale chiffrait à 53 milliards de dollars sur cinq ans la reconstruction de Gaza, une estimation équivalente à celle de l'ONU mais qui ne figure pas dans la déclaration finale.
La première étape de la reconstruction devrait être consacrée au déblaiement des débris, au déminage et à la fourniture de logements temporaires pour abriter plus de 1,5 million de personnes.
Suivront deux autres phases, la première comprenant des infrastructures essentielles et des logements permanents, la seconde des infrastructures incluant un port commercial et un aéroport.
L'attaque du Hamas dans le sud d'Israël a fait 1.218 morts du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité.
La riposte de l'armée israélienne a fait au moins 48.405 morts à Gaza, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
Par Marc JOURDIER, AFP
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