
Actuellement, le Hezbollah continue de verser les salaires de ses cadres. Toutefois, la viabilité de cette pratique à long terme est incertaine, en raison des difficultés croissantes liées à l’acheminement des fonds iraniens et à l’arrêt des usines de fabrication de drogue dure en Syrie.
Le transfert de ces fonds par voie terrestre via la Syrie a été totalement interrompu, tandis que l’option aérienne devient de plus en plus compliquée en raison de l’interdiction d’atterrissage imposée à la flotte iranienne. Par ailleurs, certaines banques libanaises auraient refusé de recevoir des transferts de sympathisants du Hezbollah résidant à l’étranger, craignant de violer les sanctions américaines sur les activités financières du parti et de subir le même sort que la Jammal Trust Bank, selon des informations rapportées par la presse.
Les milieux du Parti de Dieu ont fait savoir que, même si les voies d’approvisionnement directes en provenance d’Iran étaient coupées, d’autres moyens pourraient être utilisés pour acheminer des fonds depuis Téhéran, notamment par voie aérienne via des pays tiers. Une option qui ne coule pas de source.
La priorité est accordée au financement des soins pour les blessés ainsi qu'au versement des indemnités aux familles des martyrs et aux personnes ayant perdu totalement leur logement.
En Syrie, l’artère économique du Hezbollah paralysée
Dans un reportage intitulé “En Syrie, l'ex-artère économique du Hezbollah passe sous contrôle des autorités”, l’AFP a rapporté mercredi que dans la région de Qousseir, située dans la province de Homs dans l'est de la Syrie, les nouvelles autorités syriennes ont lancé la semaine dernière une campagne pour lutter contre la contrebande à la frontière syro-libanaise, connue pour être poreuse. Elles accusent le Hezbollah, allié de l'ancien président Bachar el-Assad renversé le 8 décembre après avoir tenu d'une main de fer la Syrie pendant 24 ans, de parrainer des réseaux de trafic de drogue et d'armes.
“Nous commençons à ratisser les usines utilisées par le Hezbollah et l'ancien régime”, explique à l'AFP le commandant Nadim Madkhaneh, depuis le village de Hawik, à quelques centaines de mètres de la frontière libanaise. Cette région, frontalière de la Békaa, bastion du Hezbollah dans l'est du Liban, est jalonnée de nombreux passages clandestins utilisés depuis des décennies pour la contrebande, la Syrie ayant refusé de délimiter ses 330 kilomètres de frontières avec le Liban durant les années Assad. En avril 2013, en pleine guerre civile déclenchée deux ans plus tôt par la violente répression de manifestations antigouvernementales, le Hezbollah avait officiellement affiché son soutien militaire à Bachar el-Assad, notamment à Qousseir, alors un des bastions de la rébellio8n. Quelques semaines plus tard, après de violents combats ayant déplacé des milliers de Syriens, le Hezbollah et les forces d'Assad s'emparent de la région, et le mouvement libanais y a progressivement installé des quartiers généraux, centres, tunnels et entrepôts d'armes.
Démantèlement
“Sous l'ancien régime, cette région était l'artère économique du Hezbollah et des trafiquants de drogue et d'armes”, raconte Nadim Madkhaneh, en charge de la sécurité à la frontière. Dans le bâtiment perquisitionné, des journalistes de l'AFP ont pu voir des sacs contenant des pilules de Captagon et du matériel utilisé, selon le responsable, pour la fabrication de cette amphétamine produite à une échelle industrielle sous Bachar el-Assad. Des assiettes abandonnées dans la cuisine suggèrent que ses occupants ont quitté les lieux précipitamment. D'après M. Madkhaneh, les forces syriennes ont récemment affronté des hommes armés “loyaux au Hezbollah et à l'ancien régime”. Les véhicules calcinés et les bâtiments endommagés le long des routes de Hawik témoignent de la violence des combats. Outre le “démantèlement” des usines de drogue, Nadim Madkhaneh affirme que ses forces s'attaquent également aux activités des trafiquants d'armes et de marchandises. Les forces de sécurité syriennes coordonnent leurs actions avec l'armée libanaise, qui a annoncé la semaine dernière avoir renforcé son déploiement à la frontière nord-est. En décembre, le chef du Hezbollah, Naïm Qassem, a reconnu que la chute d'Assad privait son mouvement de tout approvisionnement en matériel militaire via la Syrie.
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