
Le Hamas a pressé jeudi Israël de reprendre les pourparlers sur la suite de la trêve à Gaza, après lui avoir restitué dans la nuit les corps de quatre otages pour le dernier échange contre plus de 600 prisonniers palestiniens prévu par la première phase de leur accord de cessez-le-feu.
Les quatre otages morts ont tous été formellement identifiés jeudi matin par leurs proches et le Forum des familles.
Il s'agit de Ohad Yahalomi, un Franco-Israélien de 49 ans dont un groupe allié du Hamas avait annoncé la mort en janvier 2024, Tsachi Idan, 49 ans, Itzik Elgarat, un Dano-Israélien de 68 ans, également morts en captivité, et Shlomo Mansour, 85 ans, tué lors de l'attaque du mouvement islamiste palestinien du 7 octobre 2023, et dont la dépouille avait été emmenée à Gaza selon Israël.
Tous avaient été enlevés le 7-Octobre dans des kibboutz proches de la bande de Gaza.
Israël a libéré en échange 596 Palestiniens, et doit encore en relâcher 46, "tous des femmes et des mineurs de Gaza" arrêtés après le 7-Octobre, a indiqué jeudi le Club des prisonniers, l'ONG palestinienne en charge du dossier.
Un bus transportant des ex-détenus est arrivé dans la nuit à Ramallah, en Cisjordanie occupée, accueilli par une foule en liesse, a constaté un journaliste de l'AFP.
Portant le traditionnel keffieh et des vestes pour couvrir leurs tenues carcérales, les prisonniers libérés ont été acclamés, avant de se soumettre à un rapide bilan de santé et de retrouver leurs proches.
Des centaines de prisonniers sont aussi arrivés à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
"Obligation morale"
Cet échange est le septième et dernier prévu dans le cadre de la première phase de la trêve, négociée via la médiation de trois pays, Qatar, Égypte, États-Unis.
Entamée le 19 janvier, après 15 mois d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, cette première étape doit s'achever samedi. Elle a permis le retour en Israël de 33 otages, dont huit décédés et la libération de quelque 1.700 Palestiniens.
Le Hamas a estimé à l'issue de l'échange nocturne qu'Israël n'avait désormais "pas d'autre choix" que d'entamer des négociations sur la deuxième phase du cessez-le-feu, censée débuter le 2 mars et mener à la fin définitive de la guerre ainsi qu'à la libération de tous les otages restant à Gaza.
Le président israélien Isaac Herzog a insisté jeudi sur l'"obligation morale" pour les autorités de son pays de tout faire pour "ramener tous les otages", vivants comme morts.
Le Hamas s'était dit prêt la semaine dernière à remettre à Israël tous les otages restant "en une seule fois" durant cette deuxième phase.
Avant l'échange de la nuit, sur les 251 otages enlevés le 7-Octobre en Israël, 62 étaient toujours retenus à Gaza, dont 35 morts, selon l'armée israélienne.
"Pas de fausses excuses"
Alors que l'incertitude règne sur la suite du processus, l'émissaire du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a fait état mardi soir de "beaucoup de progrès" en vue d'une reprise des pourparlers.
Il a annoncé qu'Israël envoyait une équipe de négociateurs "soit à Doha soit au Caire, où les négociations vont commencer".
Le gouvernement israélien n'a pas confirmé alors que l'extrême droite israélienne, alliée du Premier ministre Benjamin Netanyahou, s'oppose à la fin de la guerre, menaçant la survie de la coalition gouvernementale.
Le mouvement islamiste palestinien a assuré dans la nuit avoir fait en sorte qu'Israël ne puisse pas avoir de "fausses excuses" pour bloquer les discussions.
Israël avait suspendu la sortie de prison des quelque 600 détenus palestiniens, prévue dès samedi en échange du retour de six captifs à Gaza, exigeant que le Hamas renonce à organiser des "cérémonies humiliantes" à chaque libération.
La remise des corps des quatre otages décédés à la Croix-Rouge s'est faite dans la nuit à l'écart des caméras. Les précédentes mises en scène du Hamas, avec des otages exhibés sur des podiums face à des foules de Gazaouis, avaient été dénoncées à plusieurs reprises notamment par Israël, l'ONU et la Croix-Rouge.
Par par l'équipe de l'AFP dans la bande de Gaza, avec Alice CHANCELLOR, AFP
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