Trump évoque la possibilité que l'Ukraine devienne russe
Cette combinaison d'images créée le 07 novembre 2024 montre le président ukrainien Volodymyr Zelensky (g) donnant une conférence de presse lors du sommet de la Communauté politique européenne à Budapest, en Hongrie, le 7 novembre 2024, et le président américain Donald Trump (d) participant à une réunion publique au Dort Financial Center à Flint, dans le Michigan, le 17 septembre 2024. ©Attila KISBENEDEK et JEFF KOWALSKY / AFP

Donald Trump a évoqué lundi la possibilité que l'Ukraine devienne "russe un jour", réclamant que soit compensée l'aide versée à Kiev, avant une rencontre entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le vice-président américain J.D. Vance.

Trois ans après le début de l'offensive russe, le retour au pouvoir du républicain, qui s'est engagé à mettre fin rapidement au "carnage", a relancé les conjectures autour de pourparlers de paix.

Volodymyr Zelensky a longtemps rejeté l'idée de négociations, affirmant vouloir battre la Russie sur le champ de bataille. Mais l'Ukraine est à la peine face à l'armée russe, qui avance dans l'est de son territoire. Et Kiev craint de voir tarir l'aide américaine.

Alors que les contacts de haut niveau vont s'intensifier dans les jours à venir entre Washington et Kiev, le président américain a répété sur Fox News vouloir obtenir un accès aux terres rares ukrainiennes, expliquant que Washington devait "sécuriser" l'argent versé faute de certitude sur l'issue du conflit.

"Ils pourraient arriver à un accord, ils pourraient ne pas arriver à un accord. Ils pourraient être russes un jour, comme ils pourraient ne pas être russes un jour", a-t-il déclaré.

"Je veux récupérer" cet argent, a-t-il poursuivi, ajoutant avoir réclamé à Kiev l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, des métaux notamment utilisés dans l'électronique. "Au moins comme ça on ne se sent pas idiot."

Le président ukrainien avait assuré la semaine dernière que son pays était prêt à recevoir des "investissements d'entreprises américaines" dans ses terres rares, soulignant toutefois qu'"une partie de nos ressources minérales" se trouve en zone occupée.

La Russie contrôle environ 20% du territoire ukrainien.

Coupures de courant 

M. Zelensky a indiqué lundi que l'organisation d'une rencontre avec M. Trump était en cours, mais que la date n'avait pas encore été fixée.

Le président américain a confirmé de son côté une visite, le 20 février, en Ukraine de son émissaire spécial, Keith Kellogg, chargé d'élaborer un plan pour mettre fin au conflit.

Dès vendredi, Volodymyr Zelensky sera présent vendredi à la conférence sur la sécurité de Munich (MSC) où il rencontrera le vice-président américain J. D. Vance, selon la présidence ukrainienne.

Outre M. Vance, M. Kellogg et le secrétaire d'Etat Marco Rubio feront partie de la délégation américaine, a annoncé à la presse le président de la MSC, Christoph Heusgen.

Ces contacts interviennent alors que la Russie progresse dans la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, où elle s'est emparée de plusieurs localités – pour la plupart complètement rasées par des mois de bombardements russes – au cours de l'année écoulée.

Mardi matin, alors que la température était de -8 degrés Celsius à Kiev, le ministre ukrainien de l'Énergie Guerman Galouchtchenko a fait état sur Facebook d'une attaque russe "sur les infrastructures gazières" du pays.

Il a ajouté que les fournitures d'électricité avaient été limitées pour "minimiser les conséquences potentielles sur le secteur énergétique".

Pendant la nuit, l'armée ukrainienne a déclenché des alertes aériennes dans plusieurs zones du pays, évoquant des menaces de drones et armes balistiques.

Les autorités locales ont fait état de frappes dans plusieurs régions dont Zaporijjia (est), Poltava (centre-est), ou encore Dnipropetrovsk (est), évoquant plusieurs blessés.

Garanties 

À quelques jours du troisième anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, M. Zelensky a appelé lundi à "une vraie paix et des garanties de sécurité efficaces" pour l'Ukraine.

Kiev redoute tout règlement qui ne comprendrait pas d'engagements militaires fermes – comme une adhésion à l'Otan ou le déploiement de troupes de maintien de la paix – , estimant qu'il ne ferait que permettre au Kremlin de préparer sa prochaine attaque.

Le président russe Vladimir Poutine a dit à plusieurs reprises être prêt à négocier, à condition que l'Ukraine se plie à ses revendications: céder quatre régions du sud et de l'est du pays, en plus de la Crimée annexée en 2014, et renoncer à rejoindre l'Otan. Des conditions inacceptables pour Kiev.

M. Zelensky a déclaré, au début du mois, être prêt à des négociations directes avec M. Poutine, "si c'est la seule configuration dans laquelle nous pouvons apporter la paix aux citoyens de l'Ukraine et ne plus perdre de gens".

Le Kremlin a affirmé mardi qu'une "partie significative" de l'Ukraine voulait être russe et que "cela correspondait" aux propos du président américain Donald Trump qui évoquait la veille le fait que l'Ukraine puisse devenir "russe un jour".

"Le fait qu'une partie significative de l'Ukraine veuille devenir russe et soit déjà devenue russe est une réalité", a déclaré le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov en référence aux annexions de territoires ukrainiens à l'automne 2022.

"Les gens qui, malgré de nombreux dangers, faisaient la queue et votaient lors du référendums pour rejoindre la Russie: cela correspond largement aux propos du président Trump" de lundi, a assuré M. Peskov.

Par Victoria LUKOVENKO, AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire