![L'ultimatum de Trump aux fonctionnaires suspendu par la justice](/images/bibli/1920/1280/2/afp2025020536xa22gv1highresuspoliticsprotest.jpg)
L'ultimatum imposé par la nouvelle administration de Donald Trump aux plus de deux millions de fonctionnaires fédéraux américains a été suspendu temporairement par la justice, à quelques heures de son échéance, jeudi soir.
Neuf jours. C'est le délai, très court, qui leur avait été donné pour faire leur choix : accepter ou non la proposition de "démission différée" au 30 septembre, avec la promesse de conserver leur salaire et leurs avantages sociaux jusqu'à cette date. Cette décision, formulée à la surprise générale par le nouveau pouvoir américain, constitue une nouvelle flèche lancée par le président républicain dans son offensive pour resserrer l'administration fédérale et réduire les dépenses publiques.
Cependant, jeudi après-midi, un juge fédéral du Massachusetts a suspendu la date limite de ce vaste programme de départs, fixée à 23 h 59, et a programmé une nouvelle audience lundi, selon le Washington Post.
L’action en justice avait été engagée mardi par le principal syndicat des fonctionnaires fédéraux, l’AFGE, ainsi que d’autres organisations représentatives, afin de bloquer le dispositif de "démission différée" et d’obtenir que le gouvernement "élabore des mesures respectueuses de la loi, plutôt qu’un ultimatum arbitraire, illégal et trop bref".
Départs massifs à l'USAID
L'exécutif vise spécifiquement certaines agences fédérales, en particulier l'Agence américaine pour le développement international (USAID), qui a été presque réduite à néant. Un syndicat a confirmé jeudi soir que ses effectifs passeraient de plus de 10 000 à moins de 300. "Nous allons devoir arrêter les distributions d’aide alimentaire à travers le monde", a averti Randy Chester, vice-président de l’AFSA.
Ce syndicat, présent à l'USAID et au sein du corps diplomatique américain, a annoncé qu’il mènerait une action en justice contre ce démantèlement de facto.
L'exécutif a déjà gelé l’essentiel de l’aide étrangère américaine, ce qui a conduit à l'arrêt de milliers de programmes d’aide à travers le monde.
"Nous les encourageons"
La proposition de démission différée a été acceptée par "plus de 40 000" fonctionnaires fédéraux, selon la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, soit environ 2 % des effectifs. "Nous nous attendons à ce que ce nombre augmente. Nous encourageons les fonctionnaires fédéraux de cette ville à accepter cette offre très généreuse", a-t-elle insisté jeudi auprès des journalistes.
Elon Musk, mandaté par Donald Trump pour orchestrer la réduction drastique de l’administration fédérale, comptait sur "5 à 10 %" de démissions.
"On voit bien ce qu’ils essaient de faire : on ne cherche pas à réduire la taille de l’État (fédéral) de manière rationnelle, non, on cherche à semer la panique, pour que les gens prennent la porte et laissent l’administration dans un état lamentable", a déploré un employé de l'OPM sous couvert d’anonymat par crainte de représailles.
"Pas se laisser duper"
Les fonctionnaires fédéraux ne doivent pas se laisser duper par les paroles en l’air de milliardaires non élus et de leurs laquais, a insisté Everett Kelley, président de l’AFGE. "Ce système n'est pas financé et ne s’accompagne d’aucune garantie."
Les procureurs généraux démocrates de plusieurs États, dont New York, Californie, Michigan et Arizona, appellent à la "prudence" face à cette proposition "trompeuse".
Choisir de rester ne règle pas tout non plus. Le bureau des fonctionnaires fédéraux prévient ceux qui ne démissionneront pas que la pérennité de leur poste et de leur administration n’est pas garantie.
L’alternative : démissionner maintenant ou risquer de perdre son emploi sans compensation dans un futur proche.
Par Elodie SOINARD, AFP
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