Vingt-cinq personnes ont été tuées mardi dans des frappes aériennes de l'armée sur le Darfour-Sud dans une région de l'ouest du Soudan essentiellement contrôlée par les forces paramilitaires, des sources médicales faisant état d'une escalade de la violence à travers le pays.
Les raids ont ciblé pour le deuxième jour consécutif Nyala, la capitale du Darfour-Sud contrôlée par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) en guerre contre l'armée depuis avril 2023, selon une source médicale qui a requis l'anonymat.
Des témoins ont aussi fait état à Nyala, à 1.200 km de Khartoum, de frappes aériennes de l'armée pour le deuxième jour consécutif.
Les combats entre l'armée et les FSR, qui ont fait à travers le pays des dizaines de milliers de morts et plus de 12 millions de déplacés, se sont intensifiés ces dernières semaines avec l'offensive de l'armée pour reprendre le contrôle du centre du Soudan et de la capitale Khartoum.
Alors que l'armée contrôle l'est et le nord du pays, les paramilitaires maintiennent leur emprise sur la quasi-totalité du Darfour, une région de la taille de la France qui abrite un quart des 50 millions d'habitants du Soudan.
Mais une seule grande ville du Darfour échappe encore aux paramilitaires, El-Facher, la capitale du Darfour-Nord, qu'ils ont frappée une nouvelle fois. "Des obus sont tombés sur le marché aux bestiaux", a déclaré mardi un témoin à l'AFP.
Ce sont les civils qui paient le prix fort, les paramilitaires bombardant régulièrement les camps de déplacés autour de la ville, frappés par la famine.
Bombardement d'un hôpital
Au Darfour-Nord, environ deux millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire extrême, tandis que 320.000 sont déjà en situation de famine, selon les estimations de l'ONU.
"L'utilisation de la famine comme arme de guerre contre des innocents à El-Facher, est effroyable", a déclaré mardi Clémentine Nkweta-Salami, coordinatrice humanitaire des Nations unies au Soudan.
Dans le centre du pays, les FSR se sont retirées d'une grande partie de l'État d'Al-Jazira face à la récente avancée de l'armée mais ont lancé des attaques meurtrières sur Khartoum, où l'armée a repris des bases clés, y compris son quartier général qui était assiégé par les paramilitaires, de plus en plus repoussées à la périphérie de la capitale.
Mardi, cinq personnes ont été tuées par des bombardements des FSR devant l'un des derniers hôpitaux encore en service à Omdourman, ville voisine de Khartoum,
Une source à l'hôpital Al-Nao d'Omdourman a indiqué sous couvert d'anonymat que des bénévoles travaillant pour l'établissement figuraient parmi les cinq morts.
Selon cette source, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l'armée régulière depuis avril 2023, ont tiré des obus qui "ont atterri dans le jardin adjacent au bâtiment de l'hôpital".
L'hôpital Al-Nao, soutenu par l'ONG Médecins sans frontières (MSF), se trouve dans une zone contrôlée par l'armée et a été attaqué à plusieurs reprises déjà par les paramilitaires, selon des sources médicales.
"Nettoyer les montagnes"
Parallèlement à la poussée de violences entre l'armée et les FSR, une force rebelle basée dans le sud du Soudan a accusé l'armée d'avoir attaqué lundi ses positions dans le Kordofan-Sud en tentant d'avancer dans la région, au lendemain de bombardements meurtriers imputés au groupe par les autorités.
Le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (SPLM-N), dirigé par Abdel Aziz al-Hilu, contrôle des parties de l'État méridional du Kordofan-Sud où ces violences ont éclaté.
Le SPLM-N a affirmé dans un communiqué que l'armée avait bombardé lundi matin des zones sous son contrôle autour de Kadugli, la capitale du Kordofan-Sud. L'armée n'a pas fait de déclaration à ce sujet.
Le gouverneur du Kordofan-Sud, Mohamed Ibrahim, avait accusé lundi le SPLM-N d'avoir bombardé un marché de la capitale provinciale, faisant selon deux sources médicales 40 morts et 70 blessées.
Il a promis de "nettoyer les montagnes autour de Kadugli" des forces du SPLM-N.
Kadugli est contrôlée par l'armée mais les rebelles sont positionnés dans les montagnes qui l'entourent et les régions rurales environnantes.
Le SPLM-N, implanté au Kordofan-Sud et dans l'État du Nil Bleu voisin, affronte tant l'armée que les paramilitaires depuis le début de la guerre.
La guerre au Soudan a fait depuis avril 2023 des dizaines de milliers de morts, déplacé plus de 12 millions de personnes et créé la "plus grande crise humanitaire jamais enregistrée" selon le Comité international de secours (IRC).
Avec AFP
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