Le Parti démocrate a élu un nouveau chef pour exister face à Trump
Ken Martin, nouveau chef des démocrates américains. ©democrats.org

"Ne pas se cacher jusqu'à la prochaine élection" : les démocrates américains ont élu samedi leur nouveau chef, Ken Martin, dont la mission est de reconstruire un parti toujours en train de se remettre de sa défaite cuisante à la présidentielle et de réfléchir à la meilleure manière de s'opposer à Donald Trump.

Réunis dans un grand hôtel près de Washington, les responsables du parti font l’autopsie de leur défaite de novembre et désignent ceux qui devront établir la nouvelle stratégie du parti.

Ken Martin, jusque-là président du parti du Minnesota et inconnu du grand public, prendra désormais la tête du Parti démocrate.

Ce militant de 51 ans, issu des mouvances progressistes, a insisté sur la nécessité de rétablir le lien entre les démocrates et les classes populaires, tout en soulignant l'importance de mener une campagne électorale dans l'ensemble des 50 États américains, y compris ceux fortement ancrés à droite.

"Le Parti démocrate est le parti des travailleurs, et il est temps de retrousser nos manches pour remporter chaque élection, partout", a-t-il déclaré dans un communiqué après son élection. "Donald Trump et ses alliés milliardaires sont prévenus : nous allons les rendre responsables de leurs actions, qui dépouillent les familles de travailleurs, et nous les battrons dans les urnes."

Il a triomphé face à Ben Wikler, qui portait une ligne similaire, mais soutenu par des figures de poids du parti comme Nancy Pelosi et Chuck Schumer.

"Audace"

La mission des démocrates est désormais de "ne pas se cacher jusqu'à la prochaine élection présidentielle", a exhorté vendredi Wes Moore, gouverneur du Maryland et étoile montante du parti.

Shasti Conrad, présidente de l'antenne du Parti démocrate dans l'État de Washington, fait un constat similaire.

"On ne peut pas attendre les derniers mois d’un cycle électoral de quatre ans", a-t-elle déclaré à l'AFP, appelant à un militantisme "tout au long de l’année".

Candidate à l'une des vice-présidences du parti, elle insiste pour que les démocrates fassent preuve d'"audace", alors que de nombreux Américains ne leur font plus "confiance pour améliorer les choses".

Face à un Donald Trump qui a immédiatement renoué avec les provocations et outrances de son premier mandat, l'opposition sait qu'elle doit désormais choisir avec soin sur quel terrain affronter le républicain.

Pour Shasti Conrad, il est essentiel de "ne pas devenir comme un chien qui poursuit les voitures" : "Nous devons être capables de distinguer ce qui relève de la rhétorique délirante et ce qui constitue de véritables politiques violentes."

Cela est d'autant plus crucial dans un paysage politique profondément polarisé.

Certains veulent "croire que la politique actuelle est encore celle d'il y a 30 ans, qu'il existe toujours une possibilité de consensus entre les deux partis", selon Shasti Conrad.

"Mais pas avec ce Parti républicain. Ce Parti républicain s'en fiche, il ignore les normes, se moque des institutions", estime-t-elle.

"Guérilla"

Pour Katherine Jeanes, responsable au sein du Parti démocrate de Caroline du Nord, le parti doit chercher à "récupérer l’électeur médian", celui qui a été séduit par des candidats utilisant une "rhétorique emplie de haine", tout en "maintenant nos valeurs essentielles".

Le rythme effréné des annonces choc de l’administration Trump représente également un défi pour le parti, selon Katherine Jeanes, alors que beaucoup sont "épuisés" après la dernière campagne.

"Ce n'est pas une partie d’échecs où chacun avance ses pièces de manière respectueuse et planifiée", explique cette activiste de 25 ans. "C'est une guérilla sous forme politique."

Une communication plus efficace passera aussi par l’extension du message vers de nouvelles sphères, souvent éloignées des médias traditionnels – ce qui signifie "se rendre dans des endroits qui ont parfois été désagréables" pour les démocrates, selon Shasti Conrad.

En 2024, "nous nous sommes rendus compte trop tard que nous étions enfermés dans une caisse de résonance", qui mobilisait "seulement en réalité notre base militante", note Katherine Jeanes, pointant l'"hémorragie" des jeunes électeurs masculins partis vers la droite dure.

Pour sortir de cette "bulle", il sera nécessaire de diffuser le message dans "les podcasts sportifs, les jeux vidéo, et de tenter de toucher les espaces apolitiques", avance la militante démocrate.

Avec AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire