Le président français Emmanuel Macron a dévoilé un plan ambitieux pour le Louvre, visant à réorganiser son accès et préserver ses œuvres. Ce projet colossal, prévu pour 2031, inclut une nouvelle entrée et un espace dédié à La Joconde.
Le président français Emmanuel Macron a annoncé mardi un vaste plan pour adapter le Louvre, musée le plus visité au monde, à une fréquentation massive, en créant une nouvelle entrée et en déplaçant La Joconde dans un espace dédié à l’horizon 2031.
Avec le chef-d'œuvre de Léonard de Vinci en arrière-plan, le chef de l’État s’est voulu ambitieux, avec un plan baptisé "Nouvelle Renaissance du Louvre". Un double clin d’œil à la période du portrait peint au début du XVIe siècle, mais aussi à son parcours politique, lui qui a nommé son parti Renaissance.
Le projet est "colossal", a-t-il reconnu. Selon son entourage, le coût est évalué à environ 700 à 800 millions d’euros sur une dizaine d’années, dont seule une "part très minoritaire" sera financée par l’État.
Le président Macron est venu répondre à l’alerte lancée par la présidente-directrice du musée, Laurence des Cars, qui, dans une note du 13 janvier à la ministre de la Culture Rachida Dati, a égrené les problèmes: "multiplication d’avaries dans des espaces parfois très dégradés", "obsolescence" des "équipements techniques", "inquiétantes variations de températures mettant en danger l’état de conservation des œuvres".
La pyramide inaugurée en 1988, majestueuse entrée voulue par l’ancien président François Mitterrand, est jugée "structurellement dépassée" car elle avait été prévue pour accueillir quatre millions de visiteurs par an. Le musée en a compté près de neuf millions (dont 80 % d’étrangers) en 2024 et dix millions avant la crise sanitaire.
Objectif 2031 pour l’entrée
Le volet le plus spectaculaire concerne donc "la création d’une nouvelle grande entrée au niveau de la colonnade de Perrault", sur la façade orientale de l’ancien château. Un concours d’architecture sera organisé pour une inauguration "d’ici 2031 au plus tard", a affirmé Emmanuel Macron.
Cela impliquera la refonte de l’esplanade qui la borde, sur laquelle la mairie de Paris a annoncé une "réflexion", mais aussi la création de nouvelles salles d’exposition sous la cour carrée du Louvre.
C’est là, deuxième grand bouleversement, qu’un nouvel "espace particulier" sera prévu pour installer La Joconde, qui sera "accessible de manière autonome par rapport au reste du musée et doté pour cette raison d’un titre d’accès propre", a expliqué le président de la République.
L’engouement des visiteurs, qui sont 20 000 par jour à admirer le tableau, gêne souvent les conditions de visite des espaces environnants, à commencer par Les Noces de Cana de Véronèse, accroché dans la même salle.
Ce volet coûtera quelque 400 millions d’euros, sous réserve du projet retenu, entièrement financés sur les ressources propres du musée, grâce à l’argent de l’utilisation de la marque Louvre au musée d’Abou Dhabi et des appels au mécénat, notamment aux États-Unis, a indiqué l’entourage présidentiel.
Le second volet, plus technique, vise à adapter, sans le fermer, le musée en termes de normes de sécurité et environnementales, et à améliorer son confort ainsi que la qualité de protection des œuvres. Il devrait s’étendre sur une dizaine d’années et coûter, aussi, entre 300 et 400 millions d’euros.
L’État amorcera la pompe avec dix millions budgétés pour 2025 pour les premières études. Mais Emmanuel Macron fait face à un double écueil.
12 millions de visiteurs par an
Après la défaite de son camp aux législatives, il ne peut plus dicter ses décisions au gouvernement comme il l’a fait pendant sept ans. En outre, la situation très dégradée des finances publiques rend inimaginables des investissements massifs de l’État.
"Il n’est évidemment pas question, au moment où nous construisons un budget (...) de maîtrise des dépenses publiques, d’ajouter une ligne de 500 millions comme cela", a prévenu lundi la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, sur TF1.
Le chef de l’État a donc validé l’idée de Rachida Dati d’introduire un billet d’entrée plus cher pour les étrangers non membres de l’UE dès le 1ᵉʳ janvier 2026. Cette tarification différenciée pourrait rapporter une vingtaine de millions supplémentaires par an, si l’entrée est fixée à 30 euros pour les étrangers et si la fréquentation atteint 12 millions de visiteurs annuels, l’objectif visé par le président.
En ces temps de disette budgétaire, Emmanuel Macron a dit vouloir appliquer ce billet différencié à "d’autres musées ou monuments".
Cependant, "le doublement annoncé des groupes scolaires - passant à 900 000 élèves par an - signifiera 450 000 billets payants en moins", a relevé Gary Guillaud, membre de la CGT Culture.
Avec AFP
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