L’accord de cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël, décrété le 27 novembre 2024, expirera dans quatre jours. Il s’avère qu’il serait susceptible d’être prolongé en raison de sa non-application jusqu’à l’heure et de la lenteur de sa mise en œuvre. Les forces israéliennes continuent d’occuper des dizaines de villages du Liban-Sud où elles mènent des incursions et des bombardements continus, alors que le Hezbollah maintient sa présence au sud du Litani et que le déploiement de l’armée libanaise reste limité.
En effet, aucune percée significative n’a été signalée sur le terrain à quelques jours de l’expiration du délai, sachant qu’au niveau officiel libanais, le serment du président Joseph Aoun a bien souligné un attachement indéfectible à une application des résolutions internationales et à l’édification d’un État monopolisant le port des armes.
D’autre part, le chef d’état-major de l'armée israélienne, Herzi Halevi, a ordonné, lundi, à la veille de sa démission, “la préparation de plans pour de nouvelles attaques à Gaza et au Liban”. Quant à la décision américaine, elle reste ambiguë. La radio de l'armée israélienne a rapporté, jeudi, que l'administration Trump fait pression pour que le retrait du Liban-Sud ait lieu dimanche comme convenu, bien que l'administration Biden ait accepté ce report. L'ambassadeur sortant d'Israël à Washington a également déclaré “être en pourparlers avec l'administration Trump pour repousser la date du retrait du Liban”. D’ailleurs, la question du retrait israélien sera à l’ordre du jour d’une réunion qui devrait se tenir entre le président du Parlement, Nabih Berry et le général de division américain, Jasper Jeffers, à la tête du Comité international de surveillance du cessez-le-feu.
“L’option d’une prolongation du cessez-le-feu est envisageable et logique”, fait savoir une source diplomatique à Ici Beyrouth, ajoutant que “cette prolongation devrait permettre au mécanisme de surveillance de faire un bilan en vue de réévaluer le travail de toutes les parties”.
“Le problème est politique. Il ne s’agit pas de savoir combien de localités restent sous occupation israélienne et de combien de villages ils se sont retirés contre un déploiement de l’armée libanaise, des équations militaires qui restent variables à tout moment”, fait valoir à Ici Beyrouth le général à la retraite Khaled Hamadé, soulignant plutôt l’urgence “de former un nouveau gouvernement dans les plus brefs délais. Celui-ci devrait être clair, notamment en ce qui concerne le rôle du Hezbollah et de l’armée, et s’il sera contraint de faire des concessions, il constituera un obstacle pour les Américains et les Israéliens qui le suivraient de près”. Le général Hamadé estime que la situation en cours porte à croire que “la présence israélienne sera maintenue le 27 janvier”, ajoutant qu’il “incombe au président et au Premier ministre d’adresser une série de questions à la communauté internationale et au comité de surveillance du cessez-le-feu” en vue de remédier aux failles.
Interrogé par Ici Beyrouth, le constitutionnaliste Saïd Malek souligne que “la prolongation de cet accord nécessite l’approbation des deux parties qui l’ont signé, à savoir le Liban et Israël. Il est donc impossible de le prolonger unilatéralement par les Israéliens qui continuent d’occuper plusieurs localités du Liban-Sud sans l’accord des Libanais et des superviseurs américains”.
M. Malek ajoute que “les clauses de l’accord sont contraignantes pour les deux parties qui ne les respectent pas. La structure militaire du Hezbollah n’a pas été encore entièrement démantelée et l’armée n’a pas achevé son déploiement, alors que les Israéliens continuent d’occuper plusieurs localités du Liban-Sud. Ainsi, le 27 janvier ne sera pas décisif sans un retrait du Hezbollah et un démantèlement de son arsenal ou sa confiscation par l’armée libanaise. Pour sa part, le parti armé pro-iranien n’acceptera pas de se retirer tant que les forces israéliennes maintiennent leur occupation”. Et d’ajouter: “Tous les scénarios sont possibles et restent tributaires de l’évolution de la situation.”
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