La pièce Freekeh: il y a 40 jours ma tante est morte, écrite et mise en scène par Hiba Najem, explore le lien entre mémoire, cuisine et émotion. Ce spectacle de théâtre culinaire se jouera les 9, 10 et 11 janvier à Zoukak, à 20h. Une œuvre qui interroge nos traditions et notre rapport au deuil.
Dans la pièce Freekeh: il y a 40 jours ma tante est morte, Hiba Najem propose une immersion unique au croisement de la cuisine, du théâtre et de la mémoire. Inspirée par la cérémonie traditionnelle du quarantième jour après un décès, cette œuvre explore la douleur silencieuse du deuil et l’évolution des traditions culinaires. Avec la complicité musicale de Samah Boulmona, qui accompagne à l'accordéon, la performance plonge les spectateurs dans une expérience multisensorielle où l’intime rencontre l’universel.
Hiba Najem, performeuse et créatrice libanaise, s’intéresse à la théâtralité du quotidien. Dans ses projets, elle puise son inspiration dans les pratiques journalières et les rituels, qu’elle revisite à travers son art. Actuellement, elle travaille sur une série de performances autour des plats oubliés, où la cuisine devient un vecteur de narration et d’émotion. Avec Freekeh, elle poursuit cette exploration, revenant sur l’histoire de sa tante Souad, décédée alors qu’elle était en voyage. "J’ai attendu son arbiin (quarantième jour) pour pouvoir la célébrer et lui dire adieu. Je voulais cuisiner son plat préféré, le freekeh, et le partager avec nos proches, mais les traditions ont changé. Nous avons finalement commandé des sandwichs froids." De ce constat est née l’idée de partager ce plat avec le public, pour honorer sa mémoire différemment.
Dans la mise en scène, la cuisine devient un acte central. Préparer le freekeh, plat traditionnel souvent méconnu, permet à Hiba de prendre le temps de vivre sa tristesse, une émotion trop souvent occultée par les rythmes modernes. "Nous vivons le deuil trop vite de nos jours, à la vitesse des sandwichs avalés. Cuisiner pour l’arbiin de ma tante a été ma source de soulagement. Je souhaite offrir au public un espace pour accepter la tristesse et, peut-être, s’y abandonner un instant."
La performance se déroule autour d’une grande table, symbole de partage, où la cuisine, les odeurs et les saveurs se mêlent aux récits personnels et mythologiques. "Les goûts et les parfums nous transportent dans des souvenirs, des instants uniques et nous rappellent des personnes disparues. Ces sens ont un réel pouvoir de guérison." Le texte, écrit à la suite d’une recherche approfondie et de deux résidences, évolue continuellement, oscillant entre l’histoire personnelle de Hiba, les mythes liés au freekeh et les instructions agricoles. La musique, pour la première fois présente dans son œuvre, dialogue avec le texte et enrichit l’intensité émotionnelle de la pièce.
Avec cette performance, Hiba Najem invite le public à vivre une expérience immersive où les gestes simples du quotidien, comme cuisiner, deviennent des actes cathartiques. Freekeh est une célébration de la mémoire, une réappropriation des traditions et une réflexion sur le temps que l’on accorde à nos émotions.
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