Le Hezbollah, entre la politique de l’autruche et la manipulation
©Ici Beyrouth

On pourrait croire que le Hezbollah a la mémoire courte. Mais non. Il est juste manipulateur et il table sur la mémoire, mais alors très courte, de certains Libanais qui voient toujours en lui un bouclier protecteur, parce qu’ils ne veulent pas ou n’osent pas voir “sa” réalité en face. Ils ne veulent pas admettre que si une partie du Liban est détruite et si l’armée israélienne est présente dans certaines parties du sud, c’est à cause du Hezb.

Depuis l’incursion israélienne ponctuelle de jeudi dans la réserve naturelle de Wadi Houjeir, au Liban-Sud, on assiste à une véritable levée de boucliers hezbollahie contre les pratiques israéliennes dans certains secteurs de la bande frontalière.

Des députés et des personnalités proches de la formation pro-iranienne ont sans doute vu dans cette incursion une chance inespérée pour bomber le torse de nouveau et reprendre la même rhétorique éculée, relative à la “puissance de la résistance” et à ses “armes au service du Liban”, en reprochant bien sûr à l’État libanais “ne pas faire le nécessaire pour préserver la souveraineté libanaise”.

On le sait: la raison d’être de leur formation est en jeu. Le sort du Liban aussi, ce qui fait qu'il serait opportun de rappeler certains points. Les pratiques dénoncées sont les conséquences directes des actes du Hezb et rien que de lui. Parce que sans sa guerre de soutien au Hamas palestinien, Israël n’aurait pas lancé son offensive destructrice contre ce groupe et n’aurait pas maintenu une présence dans la bande frontalière sud.

Mais cela, le Hezb ne l’avouera jamais, comme le montrent les discours de ses représentants. Son nouveau chef, Naïm Qassem, avait récemment estimé qu’“il importait peu de savoir comment la guerre avait commencé” et qu’il fallait, selon lui, “se concentrer sur les projets expansionnistes d’Israël”. Les autres pratiquent la politique de l’autruche.

Vendredi, un de ses députés, Hassan Fadlallah, s’exprimant lors d’une cérémonie organisée dans la banlieue sud de Beyrouth à la mémoire des victimes du Hezb, a critiqué, dans un mélange de mépris, de condescendance et de fanfaronnade, “tous ceux qui appelaient la communauté internationale et l’État libanais à prendre en main le Liban-Sud, sur base des résolutions internationales”.  

Dans son acharnement à défendre l’indéfendable, le représentant de la formation qui refuse toujours d’assumer la responsabilité de ses actes destructeurs et préjudiciables au Liban, s’est permis de faire la leçon à l’État libanais. “Ce à quoi nous assistons aujourd’hui, les destructions et les agressions israéliennes, avaient prévalu seulement avant l’émergence de la résistance. […] L’État libanais, le comité international de surveillance de la trêve, la Finul et l’armée libanaise, ainsi que les États qui ont parrainé l’accord (de cessez-le-feu) ont des responsabilités à assumer, ce qu’ils ne sont pas en train de faire. […] Nous n’avons jamais eu besoin de preuves pour montrer que la résistance est une nécessité nationale et que c’est elle qui protège (le Liban) dans le cadre du triptyque armée-peuple-résistance”, a-t-il dit, en faisant part de son indignation “parce qu’en trente jours, nous n’avons rien vu de la couverture internationale qui est censée protéger le Liban”.

Or, si le Liban a besoin d’être protégé, c’est surtout contre un Hezbollah qui s’est arrogé le pouvoir de décider de la guerre et de la paix, au profit de son parrain iranien et au mépris des intérêts des Libanais, et qui a affaibli l’État libanais et provoqué l’isolement du pays à cause de ses pratiques.

Hassan Fadlallah a habilement maintenu le doute sur “ce que la résistance envisage” face aux pratiques israéliennes au Liban-Sud. Il a dit que “seulement son commandement est habilité à en décider” et s’est contenté de souligner la nécessité de pressions politiques accrues.

En fait, il s’agit là du maximum de ce que le Hezb peut faire pour le moment. Parce qu’avec l’accord de cessez-le-feu qu’il a accepté et qui autorise Israël à avoir les coudées franches au Liban jusqu’à ce que son infrastructure militaire soit démantelée et que l’armée se déploie au Liban-Sud, sa marge de manœuvre est pratiquement nulle. À moins qu’il ne veuille entraîner le Liban dans une nouvelle guerre, qui lui portera cette fois le coup de grâce et détruira le pays.

De sources diplomatiques, on a indiqué à Ici Beyrouth, que pour Israël, cet après-guerre ne ressemble en rien aux précédents. Tel Aviv reste prêt à intervenir militairement au cas où le Liban ne respecterait pas sa part de l’accord, mais cette fois, ce sera au prix d’une destruction du pays.

Et cela, le Hezbollah le sait bien, puisque le message lui est parvenu plusieurs fois et de plusieurs sources.

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