Des véhicules militaires israéliens se sont retirés de Wadi Houjair vers la périphérie de Wadi Slouki au Liban-Sud après une incursion ponctuelle jeudi.
L'armée israélienne a également fait exploser deux maisons, à Yaroun dans le caza de Bint Jbeil et à Kfar Kila dans le caza de Marjayoun.
L’incursion ponctuelle de quelques heures des forces israéliennes, au Liban-Sud, a été vivement dénoncée par l’armée libanaise. Dans un communiqué, le commandement des forces régulières a stigmatisé “une violation de l’accord de cessez-le-feu et de la souveraineté libanaise”, affirmant qu’ilsuit la situation sur le terrain, dans le cadre du comité international de surveillance de la trêve. Dans le même temps, des personnalités proches du Hezbollah montaient au créneau.
Des chars Merkava israéliens se sont avancés tôt le matin vers le village de Qantara et se sont établis dans le secteur stratégique de Wadi Houjeir. Il s’agit d’une réserve naturelle qui s’étend du fleuve Litani à Nabatyé, jusqu’à Bint Jbeil et qui constitue une jonction entre les deux cazas de Marjayoun et de Nabatiyé. Elles ont procédé à un ratissage massif dans les forêts environnantes, moyennant des mitrailleuses lourdes, et ont enlevé momentanément un Libanais, Houssam Fawaz, originaire de Tebnine, pendant qu’elles avançaient dans la vallée.
Ce dernier se rendait de Tebnine à son lieu de travail auprès du contingent indonésien de la Finul, dans le village de Aadchit, quand tout contact a été perdu avec lui. Blessé à la tête, il devait ensuite être remis par les forces israéliennes à l’armée libanaise et à la Finul qui l’ont transporté, dans une ambulance de la Croix-Rouge libanaise, vers un des hôpitaux de la région.
L’armée libanaise avait d’ailleurs aussitôt bloqué la route qui mène à la vallée, alors que les habitants de Qantara, pris de peur, se sont réfugiés à Ghandourié. Selon le communiqué publié par la direction des forces régulières, les soldats israéliens se sont introduits dans “plusieurs points dans les régions de Qantara, Aadchit, el-Qusayr et Wadi al-Houjair, au sud. L'armée libanaise a renforcé son déploiement dans ces zones, selon le texte.
Parallèlement, une patrouille de la Finul s’est dirigée vers le carrefour de Qantara où une unité israélienne a pris position. Celle-ci a bloqué la voie entre Wadi Slouki et Wadi Houjeir, à l’aide d’un monticule de sable. Les forces israéliennes ont commencé à se retirer dans l’après-midi du secteur.
Dans un communiqué publié dans la matinée, la municipalité de Majdel Selm avait appelé les habitants de ces secteurs à éviter d’emprunter la route qui relie Wadi Slouqi-Wadi Houjeir à Nabatiyé, ainsi que les différents axes routiers de Qabrikha (Marjayoun), en raison de la dégradation des conditions de sécurité.
Ministres et députés du Hezbollah ont vite fait de défendre les armes du Hezbollah, mettant en avant la nécessité de les maintenir, pendant qu’ils dénonçaient l’incursion israélienne.
Le ministre sortant du Travail, Moustapha Bayram, proche du Hezbollah, s’est empressé de plaider pour un retour aux “opérations de résistance”. Il a conclu hâtivement sur son compte X que les nouvelles opérations militaires israéliennes représentent une “leçon historique” qui prouve que “pour parvenir à une solution, il faut inévitablement passer par l’axe de la Résistance et que toute autre option est un échec désastreux”.
Un député du Hezbollah, Ali Fayad, a vu dans l’incursion israélienne “un développement extrêmement dangereux et une menace sérieuse pour la mise en œuvre des mesures exécutives de la résolution 1701 du Conseil de sécurité”. Son collègue du Baas, Qassem Hachem, a tenu le même discours, estimant que “la résistance devrait se poursuivre parce que l’ennemi israélien vient d’occuper un territoire libanais”.
Il a également estimé que la progression israélienne en territoire libanais “sape la crédibilité faible du comité international chargé de superviser l’application de la 1701”.
Elle nécessite, selon lui, que “l’État libanais, notamment le gouvernement et l’armée, procèdent sans tarder à une réévaluation de la situation et de la politique en vigueur qui a lamentablement échoué à mettre fin aux actes hostiles israéliens”.
Mises en garde israéliennes
Ces propos ne font qu’accentuer les tensions croissantes autour de la viabilité de l’accord sur le cessez-le-feu, décrété le 27 novembre dernier.
Des médias israéliens avaient rapporté mercredi que cet accord serait “au bord de la rupture”, provoquant des inquiétudes quant à une nouvelle escalade potentielle dans la région.
Selon le journal israélien Haaretz, “l'armée israélienne aurait l'intention de rester dans les villages frontaliers libanais si l'armée libanaise n'était pas en mesure d'étendre son contrôle total sur le sud du pays”. Cela se traduirait par l’installation d’infrastructures militaires à certains endroits le long de la zone frontalière et par la construction d’une barrière au sud de la frontière, a indiqué le Haaretz.
Les questions qui se posent aujourd’hui sont les suivantes: la trêve de soixante jours qui expire le 27 janvier est-elle réellement en danger et que peut encore l’émissaire américain Amos Hochstein, attendu au Liban prochainement?
Sur la date de sa visite au Liban, aucune indication officielle n’a été donnée. Alors que certains médias évoquent la période de l’entre-deux-fêtes (de Noël et du Nouvel An), d’autres estiment que l’envoyé spécial des États-Unis attendra la fin des fêtes de fin d’année pour effectuer son déplacement.
Selon le quotidien saoudien Asharq al-Awsat qui cite des “sources parlementaires”, Amos Hochstein, devrait, dans le cadre de sa visite, suivre de près le travail du comité international de surveillance de la trêve. Il devrait également, selon ces mêmes sources, présider une de ses réunions pour évaluer la situation dans le sud et examiner les plaintes libanaises concernant les violations israéliennes du cessez-le-feu.
On rappelle à cet égard que le Liban a saisi le Conseil de sécurité des Nations unies et le comité international pour dénoncer les opérations israéliennes récentes. Le gouvernement libanais a également exprimé des inquiétudes quant aux intentions israéliennes, notamment avec l’approche de l’échéance prévue pour le retrait complet des forces israéliennes des zones frontalières libanaises, y compris le secteur côtier occidental.
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