Turquie: les Arabes… dindons de la farce
©Ici Beyrouth

Erdogan est manifestement insubmersible et a de la suite dans les idées. Il vient de réussir un coup de maître: renverser le régime Assad avec le feu vert américain et l’accord implicite des Russes. Un temps infréquentable et fossoyeur de la laïcité instaurée par Ataturk dans son pays, contesté dans les urnes, le revoilà au centre de la géopolitique au Moyen-Orient. Tout le monde s’en méfie, mais il est incontournable. Premiers à comprendre la nouvelle donne: les Kurdes, ennemis jurés. Ils se font discrets dans le nord-est de la Syrie, retranchés sous le parapluie de la présence militaire américaine. Pour le moment. 

Ankara est depuis quelques jours le rendez-vous de tous les diplomates. Le Premier ministre libanais a fait le déplacement. De partout affluent des délégations pour rencontrer le nouveau sultan de la sublime porte. Pour en arriver là, il a fallu beaucoup d’efforts au monde arabe pour travailler à étaler son impuissance.

La Ligue arabe, par exemple, est incapable de régler la moindre crise. De Gaza au Liban, en passant par la Syrie, le Soudan, le Yémen ou la Libye, les dossiers sont pourtant nombreux. Pas une seule initiative sérieuse. De mièvres communiqués qui viennent renforcer son invraisemblable échec sur tous les fronts. On en oublierait presque son existence. Ce n’est pas nouveau, les 22 pays arabes sont totalement incapables de la moindre démarche commune, même lorsqu’il s’agit de l’un des membres de la Ligue et de son avenir. La nature politique ayant horreur du vide, d’autres ont pris la place et décident pour les 400 millions d’Arabes. Ces autres sont l’Iran, la Turquie et Israël. Un trio aux intérêts divergents qui accentuent l’écartèlement du “monde arabe”. L’Iran travaille depuis 1979 à l’exportation de sa “révolution”.  Le fameux croissant chiite, patiemment construit par Téhéran, a volé en éclats. N’en déplaise aux intéressés, Israël a vaincu le Hamas et le Hezbollah. Les sources d’approvisionnement en armes et en argent ont été taries par l’arrivée au pouvoir des adversaires de l’interventionnisme iranien à Damas. 

Les Irakiens ont fait comprendre à leurs milices chiites qu’il serait bien plus sage d’arrêter de faire le paon avec la certitude de finir écrasés. Message reçu, ces milices ont annoncé la fin des attaques contre Israël depuis l’Irak. Restent les Houthis et leur incompréhensible aveuglement. Dans quelques semaines, ils rejoindront la liste des perdants. Avant le grand règlement de comptes avec l’Iran. Israël vainqueur, les mollahs partout en reflux. C’est ce moment qu’a choisi la Turquie pour entrer publiquement en scène.

Erdogan est le grand gagnant. Il devient le principal interlocuteur pour le monde arabe sunnite. Rien, désormais, ne pourra se faire sans l’aval du nouvel empire ottoman 2.0.

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