Présidentielle: la séance du 9 janvier sur la sellette
©Ici Beyrouth

La séance électorale parlementaire du 9 janvier est tributaire des oscillations entre les intérêts du Hezbollah et ceux de l’opposition. Cependant, le verdict final dépendra des développements des seize prochains jours.

Bien que le message rapporté de Paris par Walid Joumblatt, qui a informé le président de la Chambre Nabih Berry d’une nouvelle dynamique en faveur de la candidature de Joseph Aoun, ait insufflé un nouvel élan, les obstacles sont toujours nombreux.

Selon Walid Joumblatt, Joseph Aoun, en tant que chef d’une institution cruciale et garant de la stabilité, a réussi à consolider sa position. Cette dynamique a poussé les candidats à intensifier leurs efforts pour obtenir des soutiens politiques. Néanmoins, la majorité des forces politiques préfèrent rester prudentes, attendant que les enjeux régionaux se clarifient, notamment après les récents bouleversements en Syrie.

Cependant, selon des sources diplomatiques proches du Quintette (États-Unis, France, Qatar, Égypte, Arabie saoudite), un consensus pour élire un président le 9 janvier semble peu probable. En effet, les intérêts divergents et les rivalités continuent d'entraver l'accord, malgré les chances croissantes de Joseph Aoun. Si l’opposition ne tranche pas en faveur de ce dernier, les votes risquent d’être dispersés, empêchant tout candidat d’atteindre les 65 voix nécessaires. Dans ce cas, le président de la Chambre, Nabih Berry, convoquerait une nouvelle séance, probablement au printemps, soit après l’entrée en fonction de Donald Trump.

C’est dans ce contexte, à la suite de l’initiative de M. Joumblatt, que plusieurs prétendants à la présidence, dont le nombre dépasse les dix, ont annoncé leur candidature. Parmi eux figure Samir Assaf, soutenu par le président français Emmanuel Macron.

Les milieux politiques soulignent plusieurs facteurs expliquant l’incapacité des blocs à parvenir à une décision.

Premièrement, il y a la position du Hezbollah et, par extension, de l’Iran. En effet, la chute du régime de Bachar el-Assad, son principal allié, a affaibli l’Iran, qui comptait sur ses atouts en Syrie et au Liban pour négocier avec les États-Unis, que ce soit sous Joe Biden ou Donald Trump. La relance de l’accord sur le nucléaire est en jeu, mais l’administration Trump insiste pour que l’Iran transfère son enrichissement en uranium vers un pays tiers, après avoir dépassé la limite fixée dans l’accord, une exigence soutenue par Israël.

Deuxièmement, il s’agit de voir si le Hezbollah respectera l’accord de cessez-le-feu, sachant qu’il cherche à conserver ses armes comme levier dans d’éventuelles négociations avec les Américains et à garantir ses acquis politiques. Il s’appuie également sur les termes de l’accord de Doha de 2008 pour continuer à influencer les institutions étatiques, notamment la Banque centrale et l’armée. Partant, il a demandé à Sleiman Frangié de maintenir sa candidature afin de l'utiliser comme levier dans les négociations pour la présidence.

Troisièmement, il reste à déterminer la nature et l’identité du nouveau régime en Syrie, désormais sous influence américaine, ainsi que les rôles que joueront la Russie et la Turquie.

Quatrièmement, la position d’Israël dans la région constitue un facteur clé, notamment après son déploiement sur les hauteurs du mont Hermon, à la suite de la chute du régime syrien.

Cinquièmement, la position d’Israël sur l’application de l’accord de cessez-le-feu, qui exige le désarmement de la formation pro-iranienne au profit de l’État libanais et son retrait du Liban-Sud, devra être suivie de près, tout comme les menaces de l’État hébreu concernant les positions israéliennes, accompagnées de pressions internationales.

Sixièmement, il faudra analyser les implications des menaces israéliennes concernant une frappe majeure contre l’Iran, qui pourrait provoquer un changement stratégique radical, comme le laissent entendre certaines sources américaines.

Certains milieux diplomatiques estiment que l’identité du futur président se précisera en fonction de l’évolution de ces différents facteurs.

Partant, retarder l’élection jouerait en faveur de l’opposition et affaiblirait le tandem Hezbollah-Amal. Avec l’entrée en fonction de l’administration Trump, les rapports de force pourraient basculer. Reste à savoir si le Hezbollah choisira de soutenir Joseph Aoun avant cette date, en cherchant à trouver un terrain d’entente avec l’opposition, ou s’il continuera à appuyer la candidature de Sleiman Frangié pour maintenir le statu quo et reporter l’échéance. Il n’en reste pas moins que les développements régionaux et internationaux pourraient précipiter une entente, rendant nécessaire l’élection d’un président rapidement.

Par ailleurs, la position des Forces libanaises, attendue au début de l’année, pourrait être décisive. Si ces dernières soutiennent Joseph Aoun, celui-ci pourrait être élu avec une majorité dépassant les 100 voix, comme ce fut le cas pour Michel Sleiman (108 voix).

Une telle issue pourrait couper court à tout recours constitutionnel, qui doit être déposé dans un délai de vingt-quatre heures par un tiers des députés, conformément à l’article 41 du règlement intérieur du Conseil constitutionnel.

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