Des scènes de soulèvements sans précédent, susceptibles de prendre le Hezbollah de court, s’annoncent et promettent leur lot de surprises. Des expatriés, propriétaires de maisons dans les villages frontaliers transformés en dépôts d’armes et en sites de lancement de missiles par le Hezbollah, ont même intenté des actions en justice contre le groupe pro-iranien. Ils dénoncent le stockage d’armements et le creusement de tunnels sous leurs propriétés, ayant entraîné des frappes israéliennes destructrices.
Les équilibres au Liban et dans la région ont basculé – du Hamas à Gaza, en passant par le Hezbollah au Liban et la chute du régime des Assad en Syrie. Cette succession d’évènements a ébranlé les bases populaires de l’ensemble de l’axe de la “résistance”, lequel s’est écroulé, emportant dans sa chute ceux qui ont payé un lourd tribut au nom de slogans purement illusoires. Le tableau est sombre: des victimes par milliers, des blessés, des destructions massives, des ruines à perte de vue et, en guise de conclusion, une tentative désespérée de vendre l’illusion d’une victoire fictive dont personne n’est dupe.
Autrefois, les slogans en faveur du Hezbollah résonnaient partout, notamment lors de ses affrontements avec Israël, où les pertes humaines se comptaient par dizaines chaque jour. La réponse unanime était alors: “Fidaa al-Hezb” (pour les beaux yeux du Hezbollah). Aujourd'hui, cette phrase n’est plus prononcée qu'en présence du Hezbollah. La plupart des habitants, désormais déplacés, se retrouvent sans maison ni travail, accablés par d’immenses pertes. La colère gronde face à une guerre imposée, sans justification valable, invoquant des prétextes non réalisés tels que le soutien à Gaza, l’unité des fronts et autres discours fallacieux.
Récemment, un changement notable a été observé au sein de la base populaire du Hezbollah, notamment à Baalbeck, l’un de ses bastions historiques au Liban. Cette région, longtemps acquise à la formation pro-iranienne, est aujourd’hui marquée par des conditions de vie toujours plus précaires, rendant toute notion de paix ou de stabilité illusoire.
Un mécontentement croissant s’y fait ressentir, alimenté par les guerres menées par le Hezbollah en Syrie pour soutenir le régime autoritaire de Bachar el-Assad. Les habitants du nord de la Békaa ont payé un prix exorbitant, tant en vies humaines qu’en destructions matérielles. Ces derniers mois, une fronde semble émerger, particulièrement dans les villes de Baalbeck et Hermel, comme en témoignent plusieurs résidents lors d’entretiens accordés à Ici Beyrouth.
Ces voix dissidentes dénoncent un silence imposé et expriment leur exaspération face aux promesses vides et aux sacrifices incessants. Elles aspirent à briser l’emprise du Hezbollah, remettant en question son monopole sur la représentation chiite et rejetant leur instrumentalisation dans des conflits régionaux orchestrés par l’Iran, sans égard pour les intérêts du Liban.
Cette contestation s’est amplifiée récemment avec la diffusion de messages audio sur les réseaux sociaux. Ces messages appellent à l’émancipation et mettent en garde contre des promesses trompeuses. Les habitants affirment que les élections législatives prévues pour mai 2026 marqueront un tournant décisif, annonçant un avenir en rupture avec les expériences passées.
Le levier sectaire sur lequel le Hezbollah s'appuyait autrefois semble désormais inefficace, car sa base populaire ne lui accorde plus le soutien d’antan. À Baalbeck, des voix s’élèvent au sein des tribus également, qui réclament justice après la perte de nombreux jeunes dans une guerre jugée inutile, menée pour défendre des causes étrangères. La région est devenue un maillage de dépôts d'armes, d’usines de fabrication de missiles et de corridors pour le trafic d’armements iraniens transitant de la Syrie vers le Liban, attirant des frappes israéliennes quasi quotidiennes. Aujourd’hui, les habitants aspirent à s’éloigner des discours djihadistes du Hezbollah et rêvent d’un État qui les reconnaisse comme des citoyens à part entière.
Certains ont mis en avant les familles chiites notoires de Baalbeck et Hermel, qui n’ont jamais prêté allégeance au Hezbollah. Ces familles, ainsi que des figures politiques indépendantes du tandem Amal-Hezbollah, ont toujours défendu la souveraineté libanaise. Actives au sein des institutions gouvernementales pendant des décennies, elles ont su remplir leurs responsabilités avec succès, s’érigeant en modèles pour la communauté.
Cette contestation n’est pas isolée. Au Liban-Sud, les habitants vivent des épreuves identiques à celles de la Békaa. Un résident de Mays el-Jabal a confié à Ici Beyrouth les récits de déplacés forcés de vivre chez des proches après avoir tout perdu. Ces familles, qui avaient consacré leur vie à bâtir leurs maisons et développer leurs métiers, se retrouvent aujourd’hui sans ressources.
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