Élection présidentielle: la “résistance” semble pressée d’élire un président
Le siège présidentiel libanais est vu devant un drapeau national à la Salle des Ambassadeurs du palais présidentiel de Baabda. ©Patrick Baz / AFP

Quiconque suit les déclarations de l'ambassadeur d’Égypte au Liban, Alaa Moussa, particulièrement fréquentes ces jours-ci, ne peut que conclure qu'il place beaucoup d'espoir dans l'élection d’un président de la République lors de la treizième séance convoquée par le président du Parlement, Nabih Berry, le 9 janvier prochain.

Certes, ce pari repose en grande partie sur les positions de M. Berry, mais il s'appuie également sur un certain nombre d’éléments: les informations recueillies par M. Moussa lors des réunions des ambassadeurs du Quintette (France, États-Unis, Arabie saoudite, Égypte, Qatar); ses nombreux contacts avec les forces politiques libanaises; les résultats de la récente visite de l'émissaire qatari, Abou Fahd Jassem al-Thani; et les échanges avec les États-Unis, la France et l'Arabie Saoudite. Les portes du Palais de Baabda s’ouvriront-elles enfin devant le quatorzième président de la République libanaise?

Nabih Berry est catégorique: un président sera élu le 9 janvier prochain. Les ambassadeurs du quintette vont assister à la séance électorale, munis de papier et de stylos, afin de noter les noms des députés qui tenteraient de saboter le quorum.

Les membres du corps diplomatique seront d’ailleurs tous présents, comme le veut la tradition.

En attendant, les personnalités qui aimeraient accéder à la magistrature suprême commencent à faire parler d’elles et c’est le député Neemat Frem qui a ouvert le bal.

Selon des sources au sein de l'opposition, M. Berry aurait tout intérêt à faciliter l’élection d’un président, s’étant lui-même engagé à tenir des tours successifs jusqu’à ce qu’un nouveau locataire de Baabda soit élu et à ne pas provoquer un défaut de quorum. Il semble cependant que le tandem Amal-Hezbollah ait révisé ses positions et considère aujourd’hui qu’il a intérêt à doter le pays d’un chef de l’État pour préserver ses acquis.

D’après ces mêmes sources, le Hezbollah a aujourd’hui intérêt à ce qu’un président soit élu, à cause des bouleversements actuels dans la région et des coups successifs qu’il a encaissés durant sa guerre avec Israël.

S’il a bloqué dans le passé cette échéance pour pouvoir hisser son candidat à Baabda, aujourd’hui, il semble qu’il cherche à l’accélérer dans l’espoir de conclure un accord qui protégerait ses armes au nord du Litani et de consolider ses acquis en tant que "résistance".

Le Hezb espère entre autres obtenir de nouveaux avantages et asseoir son influence au sein des institutions pour maintenir l’“État parallèle” qu’il a institué.

À en croire l’opposition, le Hezbollah souhaiterait l’élection d’un président avant l’investiture de Donald Trump, le 20 janvier prochain. À tel point qu’il considère que ses rivaux politiques ne semblent plus pressés de voir un président élu, en attendant de voir l’évolution de l’équilibre des forces régional issu des récents bouleversements dans la région.

L’opposition, pour sa part, insiste toujours sur la nécessité d’élire un président fort et capable d’édifier un État. Deux conditions auxquelles elle ajoute aujourd’hui une troisième: qu’il se conforme à l’accord de cessez-le-feu avec Israël et qu’il s’engage à appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité.

Selon des sources qui suivent le dossier de la présidentielle, des contacts ont eu lieu entre Nabih Berry et le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, par le truchement de médiateurs, pour débloquer la présidentielle. “Des progrès ont été réalisés à ce niveau, mais un déblocage nécessite encore du temps”, indique-t-on de même source.

La visite du leader druze, Walid Joumblatt, à Meerab, ainsi que ses contacts à l’étranger devraient contribuer à une avancée sur ce plan.

D’après ces sources, Samir Geagea, en consultation avec les forces d’opposition et les acteurs internationaux impliqués, devrait clarifier sa position avant la fin du mois. Il pourrait annoncer sa candidature pour la séance du 9 janvier ou, à l’inverse, se retirer et soutenir le général Joseph Aoun, commandant en chef de l’armée, considéré comme le favori. Cependant, cette option se heurte toujours à l’opposition du Courant patriotique libre (CPL) et aux réserves du tandem Amal-Hezbollah, qui jugent qu’une telle candidature nécessiterait un amendement de la Constitution, difficile à réaliser dans le contexte actuel.

Selon ces sources, M. Berry demeure fermement attaché à son alliance avec Gebran Bassil, le leader du CPL, et Sleiman Frangié, dans le but de maintenir une couverture chrétienne à ses positions et d'assurer les voix nécessaires à l'élection de son candidat.

Face à ce tableau, un ancien responsable souligne: “ Le dossier présidentiel ne sera pas réglé tant qu’il n’y a pas de stabilité politique en Syrie et qu’un cadre post-Assad n’a pas été défini. Partant, un candidat unique est indispensable pour la séance du 9 janvier, selon le principe: ni imposé, ni rejeté.”

 

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