Point de passage pour l’agriculture libanaise
©Ici Beyrouth

Les agriculteurs libanais continuent de subir des pertes. Depuis la chute du régime de Bachar el-Assad, le 8 décembre, le trafic des camions frigorifiques et bâchés entre le Liban et l’hinterland arabe est devenu irrégulier. En effet, toutes les exportations et importations libanaises par voie terrestre, à destination ou en provenance du monde arabe, doivent impérativement transiter par le territoire syrien.

La perturbation de la chaîne d’exportation terrestre des produits agricoles est due à la précarité de la situation et aux tensions géopolitiques affectant les points de passage, notamment celui de Masnaa, entre le Liban et la Syrie, le poste frontalier de Nassib-Jaber entre la Syrie et la Jordanie, ainsi que celui d'Al-Qaïm, situé sur la rive occidentale de l'Euphrate en Irak.

Les commerçants et les agriculteurs prennent leur mal en patience face à la situation. Afin d'éviter que leurs produits stockés dans les camions ne périssent, tels que les avocats, les agrumes et les raisins, certains ont choisi de recourir au transport maritime, une solution de substitution beaucoup plus coûteuse, presque deux fois plus chère et nécessitant un délai de livraison plus long. Ces facteurs rendent les produits agricoles libanais moins compétitifs, notamment sur les marchés du Golfe.

Masnaa et les pots-de-vin

Dans ce contexte, le président du Rassemblement des agriculteurs de la Békaa, Ibrahim Tarshishi, a souligné qu’à la suite des derniers développements en Syrie, le Liban est complètement isolé du reste du monde en matière de commerce terrestre. Il a précisé qu'il y a bien quelques importations et exportations, mais en quantités réduites. “Nous déconseillons d'exporter de grandes quantités pour l'instant, tant que la situation ne se stabilise pas, que les points de passage ne rouvrent pas et que les procédures de contrôle et de dédouanement des marchandises ne soient rétablies, afin de garantir leur légalité”, a-t-il ajouté.

Il a également exprimé ses préoccupations face à l'essor du marché de la contrebande, notamment en ce qui concerne les marchandises entrant illégalement au Liban via la Syrie. Selon lui, les dynamiques sur le terrain ont changé, rendant le trafic de produits illicites moins coûteux qu'auparavant, car les contrebandiers ne sont plus contraints de verser des paiements à l'armée syrienne affiliée au régime Assad, connue sous le nom de quatrième division.

“Ces nouvelles conditions aggravent les pertes pour les agriculteurs libanais, déjà confrontés à des défis majeurs. Des quantités excédant les besoins du marché local sont introduites, déstabilisant le secteur agricole”, a-t-il expliqué.

Face à cette situation, il a insisté sur la nécessité pour les douanes libanaises, l'armée et les autorités compétentes de prendre des mesures strictes pour endiguer la contrebande et protéger les producteurs locaux.

 

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