La chute de Bachar al-Assad n'affaiblira pas l'Iran, a estimé mercredi le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, dont le pays a été un soutien indéfectible du président syrien déchu.
La Syrie a été pendant des décennies un proche allié de Téhéran et la clé de voûte du pont terrestre entre l'Iran et le Hezbollah, le membre le plus redoutable de son "axe de la résistance" anti-israélien, par lequel les armes et les combattants pouvaient transiter.
La chute de la famille Assad, dont le père Hafez puis le fils ont gouverné d'une main de fer la Syrie pendant un demi-siècle, est un coup dur pour l'Iran qui s'est investi politiquement, financièrement et militairement dans le pays, mais voit désormais ses intérêts menacés.
"S'imaginer que lorsque la résistance est affaiblie, l'Iran islamique est aussi affaibli, c'est ne pas connaître la signification de résistance" et "de l'ignorance", a affirmé l'ayatollah Ali Khamenei au pouvoir depuis 1989.
Il s'agit de son premier commentaire depuis le changement de régime en Syrie, lorsqu'une coalition de rebelles et d'islamistes avait pris dimanche le pouvoir à Damas.
"Il ne fait aucun doute que ce qui s'est passé en Syrie est le résultat d'un complot des États-Unis et (d'Israël)", a assuré M. Khamenei, qui a le dernier mot sur toutes les décisions stratégiques en Iran.
"Un gouvernement voisin de la Syrie a joué un rôle évident dans cette affaire", a ajouté le dirigeant iranien, dans une pique qui semble adressée à la Turquie.
Le groupe islamiste radical Hay’at Tahrir al-Sham (HTS), fer de lance de l'offensive qui a fait tomber Bachar al-Assad, a été soutenu par la Turquie.
Mise en déroute
HTS, ancienne branche d'al-Qaïda en Syrie (Al-Nosra), organisation avec laquelle il a rompu en 2016, est toujours classé comme "terroriste" par les chancelleries occidentales.
Les différents acteurs en Syrie ont des "objectifs différents", a mis en garde M. Khamenei.
"Certains d'entre eux cherchent à s'emparer des terres du nord ou du sud de la Syrie", a souligné le dirigeant iranien.
De son côté, "l'Amérique cherche à renforcer sa position dans la région", a-t-il estimé.
La Turquie dispose de forces dans le nord de la Syrie, tandis qu'au sud l'armée israélienne a mené une incursion dans la zone tampon du Golan syrien.
Ce territoire sous contrôle de l'ONU et séparant la Syrie d'Israël est censé être démilitarisé en vertu d'un accord de 1974.
La Syrie et l'Iran entretiennent des liens amicaux de longue date, à la faveur d'un rapprochement opéré dans les années 1970 par Hafez al-Assad, le père de Bachar, bien avant l'avènement de la République islamique d'Iran.
Ces relations ont connu leur apogée avec le soutien financier et militaire de l'Iran pour épauler l'armée de Bachar al-Assad durant la guerre civile syrienne.
Mais cette armée, mise en déroute par les rebelles, "n'a pas résisté" et "s'est enfuie", a regretté le guide suprême iranien, assurant que l'Iran aurait été prêt à l'aider.
Avec AFP
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