L'hôpital Kamal Adwan à Beit Lahia a été visé par plusieurs frappes israéliennes vendredi matin, a indiqué dans un communiqué le directeur de cet établissement où la situation est "extrêmement préoccupante", selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
"Il y a eu une série de frappes aériennes sur les côtés nord et ouest de l'hôpital, accompagnées de tirs intenses et directs, qui heureusement n'ont pas fait de blessés à l'intérieur de l'hôpital", a indiqué le Dr Hossam Abou Safiyeh dans une déclaration sur Whatsapp, évoquant des ordres d'évacuation.
Interrogée par l'AFP, cette dernière n'avait pas fait de commentaire dans l'immédiat.
Rik Peeperkorn, le représentant de l'OMS dans les Territoires palestiniens, a dit disposer d'"informations extrêmement préoccupantes" sur la situation vendredi dans cet hôpital du nord, qui est l'un des rares encore opérationnel dans le nord de la bande de Gaza.
S'adressant à des journalistes à Genève par liaison vidéo depuis Gaza, il a évoqué "des bombardements intenses autour de l'hôpital" toute la nuit, ce qui a provoqué panique et confusion selon lui.
“Pas eu d'ordre officiel d'évacuation”
Vers 04H00, des soldats l'armée israélienne ont été aperçus à l'extérieur de l'hôpital, dit-il. Selon lui, des rumeurs se sont répandues "selon lesquelles tout le monde devait sortir de l'hôpital, ce qui "a provoqué une panique, et ce que nous comprenons, c'est que les gens ont commencé à escalader le mur pour s'échapper, ( ...) et cette panique a entraîné des tirs de l'IDF (l'armée israélienne)".
"Des morts ont été signalés, ainsi que des détentions, des arrestations", dit-il, mais "il n'y a pas eu d'ordre officiel d'évacuation".
Auparavant, le porte-parole de la Défense civile de Gaza, Mahmoud Bassal, avait indiqué que l'armée israélienne avait "pris d'assaut l'hôpital Kamal Adwan (...) dans la matinée et l'a(vait) vidé de ses patients et des personnes qui les accompagnaient".
L'armée a également interpellé "un certain nombre de Palestiniens", selon M. Bassal qui évoque la présence de blindés aux abords de l'hôpital.
Un témoin joint par téléphone, qui se présente comme Abou Abd al-Majid, a raconté que dans la nuit, alors qu'il était au chevet de son frère soigné à Kamal Adwan, "l'armée a encerclé l'hôpital avec des véhicules et a ouvert le feu". Il raconte que deux Palestiniens détenus par les Israéliens sont venus dire à tous les patients d'évacuer vers Gaza.
Le Dr Faradina Soulistiyani, était également présent. Cette chirurgienne indonésienne témoigne auprès de l'AFP depuis la ville de Gaza où elle a fui, qu'"il y a eu deux alertes pour que nous évacuions l'hôpital de Kamal Adwan". Elle décrit aussi de lourds bombardements vendredi, et "beaucoup de personnel médical et de patients qui sont encore là-bas".
Depuis le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, les autorités israéliennes ont mené plusieurs opérations dans des enceintes hospitalières, accusant le mouvement palestinien d'utiliser les civils comme boucliers humains.
L'armée israélienne concentre depuis deux mois ses opérations dans le nord de la bande de Gaza. Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a évoqué jeudi lors d'un point presse des opérations en cours dans les parties nord de Gaza, où "le Hamas et le Jihad islamique tentent de se regrouper".
L'OMS a rapporté plusieurs attaques cette semaine sur l'hôpital Kamal Adwan, assurant que l'établissement de santé avait été la cible de tirs de drones à huit reprises jeudi, et que les réseaux d'oxygène, d'air comprimé et d'eau de l'hôpital avaient été endommagés.
La situation dans la bande de Gaza est "épouvantable et apocalyptique", selon l'ONU, du fait, outre les combats et bombardements, de graves pénuries de médicaments, nourriture, d'abris et de carburant.
Avec AFP
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