Le Hezbollah va-t-il de nouveau s’engager militairement en Syrie pour soutenir les forces de Bachar el-Assad qui ont du mal à empêcher, depuis mercredi dernier, la progression des groupes rebelles sur l’axe Alep-Hama, et maintenant Homs? En a-t-il encore les moyens, au niveau des ressources humaines et militaires? S’engagera-t-il, encore une fois, dans une nouvelle aventure extrafrontalière qui importerait le danger jihadiste au Liban?
Autant de questions auxquelles le chef du Hezbollah, Naïm Qassem, n’a évidemment pas répondu, dans sa déclaration télédiffusée jeudi, se contentant d’indiquer que sa formation compte “soutenir la Syrie pour arrêter l’offensive des groupes takfiristes, avec ses moyens”. Il n’a pas non plus précisé lesquels, alors que sa formation sort affaiblie d’une guerre destructrice avec Israël, et qu’elle est liée par un accord qui impose, entre autres, un contrôle rigoureux des frontières, afin de barrer la voie à toute possibilité de réarmement du Hezb par l’Iran.
À moins que Naïm Qassem n’ait voulu, juste pour la forme, faire part de son soutien à son allié syrien, tout en sachant qu’il n’a plus, comme avant, les moyens de sa politique. Une affaire à suivre…
Entre-temps, le chef du Hezb a accusé Tel Aviv et Washington d’être “les instigateurs et les commanditaires” de l’offensive menée par une coalition de groupes de l’opposition contre le régime syrien. Selon lui, Israël et les États-Unis “essaient de réaliser de nouveaux acquis dans la région, en détruisant la Syrie à travers ces groupes”. Il en a appelé aux pays arabes, les exhortant à intervenir “pour contrer le danger takfiriste”, les avertissant contre – son leitmotiv préféré – “le danger expansionniste israélien qui risque de se retourner contre eux”.
L’intervention de Naïm Qassem était principalement destinée, comme il l’a expliqué, à exposer le processus d’aide financière à ceux dont les habitations ont été détruites lors de l’offensive israélienne de septembre, mais il en a profité pour faire passer des messages politiques.
L’accord de trêve
Il a ainsi abordé l’accord libano-israélien de cessez-le-feu, qu’il a présenté comme étant “le mécanisme d’application de la résolution 1701” du Conseil de sécurité de l’ONU “prévoyant le retrait d’Israël du sud du Liban et interdisant au Hezbollah de se trouver au sud du Litani où seule l’armée se déploie”. Une façon de définir ce qu’il considère être les limites de cet accord puisqu’il a jugé que “la relation entre la Résistance et l’État, d’une part, et la Résistance et l’armée, d’autre part, doit faire l’objet d’un accord interne”. “Le comité international n’est pas habilité à s’en mêler”, a-t-il poursuivi, avant de dénoncer une soixantaine de violations israéliennes de l’accord de cessez-le-feu. “Nous estimons qu’il appartient aux autorités libanaises de veiller au respect de l'accord”, a dit Naïm Qassem, avant d’exprimer l’espoir que le comité de surveillance de la trêve entame rapidement ses travaux.
Trois éléments pour une victoire… fictive
Apparemment soucieux de persuader coûte que coûte les Libanais que sa formation est sortie indemne de sa guerre avec Israël, le chef du Hezbollah a fermement maintenu une victoire fictive qu’il s’est vu obligé de justifier, une fois de plus. Il a avancé trois éléments de cette prétendue victoire: “la bravoure, la patience et les sacrifices des combattants qui ont barré la voie à une progression de l’ennemi israélien, le sang des martyrs et des blessés, et la recomposition du commandement du Hezb qui a repris la barre et dirigé la bataille”.
Naïm Qassem a quand même reconnu que les Israéliens ont porté un coup dur à sa formation, se voulant rassurant sur le fait que celle-ci est en train de se remettre “progressivement sur pied et restera un acteur (politique) essentiel avec les autres composantes libanaises”. Il est tout de même important de relever qu’il n’a pas évoqué son rôle de “résistance”, mais annoncé un chantier d’“évaluation pour procéder à des améliorations à tous les niveaux”.
Concernant la reconstruction, et après une litanie de remerciements à toutes les entités locales et internationales qui ont aidé les déplacés, cheikh Qassem a annoncé un plan d’aide financé par l’Iran et destiné à ceux dont les habitations ont été partiellement ou entièrement détruites.
Il a rappelé que le Hezbollah a commencé, en novembre dernier, à accorder 300 à 400 dollars, “fournis par le peuple iranien, à près de 170.000 familles, totalisant près de 57 millions de dollars”.
Parallèlement à cela, le chef du Hezbollah a annoncé que 6.000 dollars seront accordés à ceux dont les demeures ont été détruites et qui veulent louer un appartement à Beyrouth, ainsi que 4.000 à ceux qui veulent louer en dehors de la capitale. “Les deux catégories, a-t-il poursuivi, recevront une enveloppe supplémentaire de 8.000 dollars pour couvrir les frais d’ameublement. Ainsi, toute personne ayant perdu sa maison obtiendra 12.000 à 14.000 dollars par an”.
Il n’a toutefois pas précisé si ce “don de la République islamique” bénéficiera seulement à ses partisans ou s’étendra à ceux qui, sans être affiliés au Hezbollah, ont perdu leurs habitations ou leurs commerces et bureaux à cause de lui.
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