L’ancien chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, s’est rendu dimanche au Palais du peuple, à Damas, pour sa première visite en Syrie depuis plus de 13 ans. Il était accompagné d’une délégation de son parti ainsi que du leader spirituel de la communauté druze au Liban, le cheikh Akl Sami Abi el-Mona.
Lors de cette visite, la première d’un dirigeant libanais en Syrie depuis la chute du régime, Walid Joumblatt a rencontré le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Sharaa, et a salué le peuple syrien pour son soulèvement, ainsi que ses dirigeants pour le combat qu’ils ont mené “afin de mettre fin à l’oppression et à la tyrannie”.
Le leader druze a exprimé l’espoir que ceux qui ont commis des crimes contre le peuple libanais soient tenus pour responsables de leurs actes. “Nous souhaitons des procès équitables pour juger ceux qui ont commis des crimes contre le peuple syrien, et que certaines prisons soient transformées en musées”, a-t-il déclaré.
De plus, Walid Joumblatt a souligné que “les relations libano-syriennes devraient revenir à leur cours naturel par le biais des canaux diplomatiques”. Dans ce contexte, il a remis à son hôte un mémorandum au sujet des relations libano-syriennes ainsi qu’un ouvrage historique de l’émir Chakib Arslan.
Le leader druze a en outre réaffirmé que les fermes de Chebaa sont syriennes, en abordant avec son hôte, la question de la délimitation terrestre des frontières libano-syriennes. Un sujet qui fait polémique au Liban, où ces hameaux sont considérés libanais, notamment par l’ancien axe dit de la résistance. Il a estimé que "les fermes de Chebaa tombent sous le coup de la résolution 242” du Conseil de sécurité de l’ONU. “Si dans le cadre de la démarcation des frontières entre les États libanais et syrien, ces fermes sont considérées libanaises, nous accepterons ce choix même si nous pensons qu’elles sont syriennes".
La résolution 242 a été adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU à la suite à la guerre de six jours, entre Israël et ses voisins arabes, en 1967. Elle exige le retrait d’Israël des territoires occupés. Lors de cette guerre, l’État hébreu avait envahi et occupé le Sinaï, en Égypte, le Golan syrien (dont les hameaux de Chebaa feraient partie, selon Walid Joumblatt), la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Israël s'était retiré du Sinaï en 1978, suite aux accords de paix avec l’Égypte.
Ahmad el-Chareh n’a pas voulu se prononcer au sujet de l’appartenance des fermes de Chebaa. Interrogé plus tard à ce sujet, il a jugé “prématuré d’en parler durant la phase de transition” en Syrie
Il a par ailleurs reconnu le rôle du régime syrien dans les assassinats, notamment ceux de Bachir Gemayel, Kamal Joumblatt et Rafic Hariri. Il a également affirmé que “la Syrie a été une source de préoccupations et de nuisances, et son ingérence dans les affaires libanaises a été négative”.
Le nouveau dirigeant syrien a en outre demandé au gouvernement libanais, en réponse à une question, d’envoyer une liste des noms des Libanais portés disparus et qui auraient été détenus dans les prisons syriennes, pour que son équipe puisse suivre le dossier.
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