Distribution de tracts, discussions avec les électeurs: des jeunes de Misrata, se sont mobilisés en vue des municipales organisées samedi dans leur ville de l'ouest de la Libye, un pays où les élections sont rarissimes depuis le renversement de Mouammar Kadhafi en 2011.
Ce scrutin qui concerne 58 municipalités sur 142 au total et pour lequel près de 190.000 électeurs sont répertoriés (sur 7 millions d'habitants), suscite un engouement chez les plus jeunes, qui n'ont souvent jamais voté de leur vie.
Grâce à une relative accalmie sur le plan sécuritaire, il se tient pour la première fois depuis une décennie dans des localités réparties sur tout le territoire d'un pays miné par les divisions entre l'Est et l'Ouest, où sont basées deux autorités rivales.
Outre Misrata dans l'ouest, il est organisé dans l'est à al-Abraq ou al-Qobba, fief de l'influent chef du Parlement Aguila Saleh, et dans le sud à Ghadamès. Pas de vote en revanche à Tripoli où des municipales ont déjà eu lieu ces dernières années ni à Benghazi, bastion de l'homme fort de l'Est, le maréchal Khalifa Haftar.
À Misrata, troisième ville de Libye avec environ 400.000 habitants, les murs sont placardés des affiches de candidats et de pancartes de la Haute commission électorale (HNEC) appelant à voter sous le slogan "Ta voix construit ta municipalité".
Pendant la campagne, la HNEC a diffusé sur les réseaux sociaux conseils et renseignements sur les candidatures en jeu et les modalités du scrutin, avec vidéos, dessins et graphiques à l'appui. Elle a aussi mobilisé des dizaines de volontaires et de scouts.
"Notion nouvelle"
Aux feux et carrefours de Misrata, un groupe de bénévoles distribue des dépliants, échangeant quelques mots avec les automobilistes pour les inciter à aller voter. D'autres expliquent aux commerçants comment accéder au programme de certains candidats, en scannant un QR code.
"Les élections, c'est une notion nouvelle ici. Pour que les gens les acceptent et comprennent (le processus), il faut des campagnes de sensibilisation", explique à l'AFP Radouane Erfida, un bénévole de 21 ans.
Après la mort de Mouammar Kadhafi en 2011 dans le sillage du Printemps arabe, au terme de plus de 40 ans de règne, la Libye avait organisé en 2012 ses premières élections libres pour choisir les 200 membres du Congrès général national (Parlement), suivies en 2013 des premières municipales.
Après deux scrutins jugés réussis, des élections parlementaires en juin 2014 avaient été marquées par une très faible participation en raison des violences.
En août 2014, après des semaines de combats, une coalition de milices s'était emparée de Tripoli et y avait installé un gouvernement avec l'appui de Misrata, forçant le Parlement nouvellement élu à s'exiler à l'Est. Malgré la désignation en décembre 2015 de Fayez al-Sarraj comme Premier ministre après un accord interlibyen parrainé par l'ONU, les divisions n'ont cessé de s'accroître entre l'ouest et l'est.
La Libye est aujourd'hui dirigée par deux gouvernements parallèles, l'un mené par le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah basé à Tripoli et reconnu par l'ONU et un autre incarné par le Parlement et dominé par le puissant maréchal Khalifa Haftar, basé à Tobrouk.
Avec AFP
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