Naïm Qassem ose donner des leçons à l'armée libanaise
©Ici Beyrouth

Les propos de Naïm Qassem, attaquant les ambitions présidentielles du commandant de l’armée, un futur règlement politique et la résolution 1701, exigent une réponse équivalente. Avant de critiquer l'armée, il devrait expliquer ce que la “résistance” a réellement accompli, hormis les destructions et les déplacements, et préciser en quoi elle a protégé le Liban, alors que le pays est en ruines.

Naïm Qassem, au fond, aurait peut-être mieux fait de poursuivre sa carrière comme professeur de chimie, ou de rester tranquillement à son poste de vice-secrétaire général du Hezbollah. Dans ce cas, on aurait pu tolérer ses interventions “'légères”, ses déclarations pseudo-intellectuelles et ses prises de position prétendument modernes, comme celle en 2017, lorsqu’il s’attaquait aux femmes maquillées ou divorcées.

Les contributions politiques de Naïm Qassem ne laissent guère de traces mémorables. Personnage souvent tendu, ses discours manquent d’inspiration et de profondeur. Tout au long de son parcours, il s’est contenté de jouer un rôle effacé, dans l’ombre de l’ancien secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, dont la diplomatie atténuait les élans excessifs de son adjoint. 

À peine nommé comme successeur de Hassan Nasrallah, M. Qassem est réapparu sur le devant de la scène, comme s’il voulait nous habituer à son nouveau rôle de secrétaire général. Pourtant, il semblait tendu, en proie à ses contradictions, répétant des idées confuses qui ne touchaient ni la raison ni les émotions de son auditoire.

Les raideurs que suscite Naïm Qassem ne se limitent pas à ses détracteurs; elles touchent également les membres de son propre camp. Ceux qui scandaient autrefois “Fida el-Sayed” (‘Je me sacrifie pour le Sayed’) se retrouvent aujourd'hui à critiquer Qassem dans leurs cercles privés. En effet, pour beaucoup au sein de sa communauté, il ne remplit pas son rôle de secrétaire général avec la dignité attendue, et il peine à incarner la figure charismatique du “Sayed” qu’ils espéraient.

Le poste de secrétaire général du Hezbollah semble trop grand et pesant pour Naïm Qassem. Même le fauteuil paraît disproportionné pour lui, et l'image qu'il tente de projeter reste terne. Sa voix, qu’il cherche à amplifier de temps à autre, devient discordante, surtout lorsqu’on la compare à la force des discours de son prédécesseur, Hassan Nasrallah.

M. Qassem, qui a proclamé des victoires tout en se contredisant sur sa position antérieure sur l’élection présidentielle américaine, semblait totalement déconnecté de la réalité, tant sur le terrain qu’en matière de politique. Il ne faisait que ressasser des discours probablement écrits pour lui avec de l'encre iranienne ou qu'il improvisait maladroitement. 

Au-delà des slogans creux sur les prétendues victoires et les défaites de l'ennemi, Naïm Qassem s'en est pris à l'armée libanaise, mais avec quelle légitimité? Depuis quand une “petite entité” se permet-elle de défier l'État? Il pousse même l’audace jusqu’à exiger des clarifications, mettant en doute la capacité de l'armée à protéger le pays.

Les propos de Naïm Qassem peuvent être interprétés sous deux angles: d’une part, ils constituent une attaque aux chances présidentielles du commandant en chef de l'armée libanaise, et d’autre part, ils remettent en question la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies et un éventuel règlement politique. Ces propos ne peuvent rester sans réponse équivalente. 

Avant d’accuser l'armée libanaise de manquements, qu'il nous explique ce que la “résistance” a réellement accompli, hormis les pertes humaines, les déplacements forcés, la destruction et la transformation du Liban-Sud et de la banlieue sud de Beyrouth, aujourd’hui en ruines! Qu'il nous dise également en quoi elle a protégé le Liban, alors que l'ennemi circule librement entre les villages. Qu’il nous éclaire enfin sur ces prétendues "victoires", alors que le Liban est plongé dans un bain de sang!

Il serait sans doute plus judicieux que Naïm Qassem se retire, laissant la place à une figure plus “diplomate” à la tête du Hezbollah, capable d’engager un dialogue constructif et de respecter les institutions de l’État. La période à venir requiert calme et discernement, et l'avenir du Hezbollah, en tant qu'acteur politique, ne peut se construire sous la direction de ce nouveau secrétaire général, son image et ses positions.

Aujourd’hui, le Hezbollah a besoin d’un véritable renouvellement, une transformation qui doit impérativement commencer au sommet pour se propager  l’ensemble de sa structure.

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