Les pressions politiques exercées par le duopole Amal-Hezbollah sur le gouvernement s'intensifient, exacerbées par la montée des doléances des personnes déplacées et la baisse des aides internationales.
Dans un contexte de choix limités, le Liban se trouve en situation de défaut de paiement volontaire. L’œil est sur les réserves en devises étrangères de la Banque du Liban (BDL) et les fonds qui se trouvent sur le compte 36 du Trésor. Cependant, ces deux sources de liquidités connaissent un recul significatif.
Près du tiers de la population libanaise a quitté son lieu de résidence initial pour se réfugier dans des zones moins exposées aux actes de guerre.
Selon Nasser Yassine, ministre sortant de l’Environnement et coordinateur du comité d’urgence gouvernemental, l’aide en nature ne répond qu’à environ 15% des besoins des personnes déplacées. Pour combler ce manque, le gouvernement a approuvé, mercredi, une avance destinée aux installations pétrolières, afin de fournir du mazout de chauffage. Cette initiative s’appuie sur une étude visant à approvisionner 541 abris situés à plus de 300 mètres d’altitude.
Baisse des réserves de la BDL
La baisse des réserves en devises étrangères de la Banque du Liban (BDL) au cours du mois d’octobre 2024 reflète une certaine flexibilité dans la politique d’austérité suivie par la Banque centrale depuis août 2023. Cette souplesse a été dictée par les besoins urgents engendrés par les opérations militaires, contraignant la BDL à assumer seule le financement de deux mensualités supplémentaires en octobre et d’une en novembre, au profit des déposants bénéficiaires des circulaires 158 et 166.
La Banque centrale a subi une baisse totale de 436,65 millions de dollars au cours du mois d'octobre. À la fin du mois, les réserves restantes s'élevaient à 10,26 milliards de dollars.
Malgré ces baisses, la valeur des réserves est toujours supérieure de 1,69 milliard de dollars aux réserves qui existaient en août 2023, qui s'élevaient alors à 8,573 milliards de dollars.
Aussi faut-il rappeler que les fonds disponibles sur le compte des réserves obligatoires de la BDL représentent l’argent qui reste pour permettre la récupération d’une partie des dépôts bancaires des clients dans le cadre d’un plan global réformateur de redressement financier.
Compte 36 en recul
L’examen de la situation financière permet de comprendre aisément les raisons de la baisse des réserves en octobre. Durant ce mois, le compte 36 du secteur public, qui regroupe les fonds collectés par l’État provenant principalement des taxes, impôts, droits de douane, dons et autres sources de recettes publiques, a diminué de 108,55 millions de dollars. Autrement dit, la BDL et le ministère des Finances n’ont pas pu maintenir la politique d’austérité instaurée depuis l’été 2023, qui reposait sur l’accumulation et la rétention des recettes publiques au sein de la Banque centrale.
Jusqu’en octobre, cette stratégie d’austérité avait permis à la BDL d’accroître ses réserves en utilisant les recettes publiques transférées en devises, tout en absorbant les liquidités en livres libanaises pour acheter des dollars sur le marché. Cependant, la Banque centrale ne peut plus continuer à augmenter ses réserves et à atteindre ses objectifs de politique monétaire au détriment des finances publiques, comme ce fut le cas au cours des mois précédents.
Face à cette situation, le gouvernement a été contraint de puiser dans ses dépôts à la BDL, ce qui l’a amené à débloquer des recettes auparavant gelées dans le cadre de cette politique d’austérité. Cette décision a inévitablement conduit à une baisse des réserves.
La politique de la BDL
Des sources de la BDL ont indiqué à Ici Beyrouth que l'idée de puiser dans les réserves de la Banque centrale n'a été abordée avec aucun de ses responsables. La politique de la BDL, qui exclut de prêter à l'État, reste inchangée.
L'État est libre de dépenser ses fonds comme bon lui semble. Cependant, il est impératif que ces dépenses soient approuvées dans le cadre de son budget annuel, connu sous le nom de loi de Finances. À défaut, elles doivent être autorisées par une loi, c'est-à-dire un texte adopté par les représentants élus du peuple, ont expliqué les mêmes sources.
Dans ce contexte, il convient de noter que le projet de budget 2025 a été approuvé par le gouvernement et transmis au Parlement avant le début de l'agression israélienne. Ce projet pourrait faire l'objet d'un recours en justice, déposé par dix députés.
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