Défilé de responsables iraniens à Beyrouth: suite sans fin
Le président de la Chambre, Nabih Berry, s'entretenant avec l'émissaire spécial du ministre iranien des Affaires étrangères. ©Al-Markazia

Jamais les responsables iraniens n’ont autant défilé au Liban, ce pays qu’ils considèrent leur province depuis des années, par les bons soins du Hezbollah, soutenu et financé par Téhéran.

Depuis qu’Israël a lancé son offensive d’envergure contre le Liban, le 23 septembre, et qu’il a décapité la formation pro-iranienne, le pays assiste à un défilé ininterrompu de personnalités iraniennes qui viennent – du moins c’est ce qu’ils disent –  discuter de la situation sur le terrain avec les officiels libanais.

Le bruit court cependant que c’est Téhéran qui, depuis l’élimination de l’ensemble du directoire hezbollahi, a pris en charge le commandement de son bras militaire et que les navettes de ses représentants à Beyrouth s’inscrivent dans le cadre de la gestion du conflit militaire avec Israël et de l’activité diplomatique qui l’entoure.

Vendredi, le président de la Chambre, Nabih Berry, a reçu Mohammed Rez Chibani, émissaire spécial du ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Aragchi, pour les affaires du Moyen-Orient et de l’Asie de l’Ouest. Selon les informations officielles relayées par Aïn el-Tiné, l’entretien a porté sur “l’évolution de la situation au Liban et dans la région, à la lumière de la poursuite des attaques israéliennes contre le pays et des conséquences de cette agression”.

M. Chibani, qui s’est aussi entretenu avec le ministre sortant de la Culture, Mohammad Mortada, aurait pu communiquer à ses hôtes libanais les résultats de la tournée régionale de Abbas Aragchi, en soutien à un cessez-le-feu “simultané” au Liban et à Gaza.

Il est fort à parier, cependant, que vu son timing, la visite est en lien étroit avec les déclarations de M. Berry, consécutives à ses discussions, lundi, avec l’émissaire américain, Amos Hochstein, engagé, en même temps que le Secrétaire d’État, Antony Blinken, dans une mission visant à mettre fin à la guerre au Liban et à Gaza. M. Hochstein est essentiellement concerné par le volet libanais de cette mission.

“Nous œuvrons pour mettre une fin définitive au conflit militaire en cours”, avait annoncé M. Hochstein à Beyrouth. Plus tard, dans le cadre d’une interview télévisée, M. Berry avait fait état d’une entente avec l’émissaire américain sur “une application rigoureuse de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, sans amendement du texte”. Cela implique le déploiement de l’armée au Liban-Sud aux côtés de la FINUL, la démilitarisation de toute la zone au sud du Litani et le retrait du Hezbollah au nord de ce fleuve. Il avait également annoncé des contacts politiques immédiats, après l’instauration d’un cessez-le-feu, pour l’élection d’un président consensuel.

M. Berry a répété ces mêmes propos, jeudi, dans le cadre d’une nouvelle interview à Sky News Arabia. Il a ainsi assuré que l’armée va se déployer dans la partie méridionale du pays et affirmé l’engagement du Liban à mettre en œuvre la 1701. Il s’est aussi fait l’écho d’une volonté officielle libanaise d’un cessez-le-feu “immédiat”, alors que de nombreuses zones du pays continuent d’être détruites par la machine de guerre israélienne et que le nombre des morts a dépassé la triste barre des 2.500.

M. Chibani aurait discuté avec M. Berry de la mission Hochstein et des conditions de Tel Aviv, pour qui la seule 1701 ne suffit plus pour garantir la stabilité à sa frontière nord.

L’Iran, qui n’a pas commenté les efforts américains pour un cessez-le-feu au Liban et à Gaza, mais persiste dans ses menaces à l’égard d’Israël, continue d’encourager ses proxies à poursuivre le combat contre Israël.

Dans un message au Hezbollah, jeudi, au lendemain de la confirmation de la mort du président du Conseil exécutif de cette formation, Hachem Safieddine, dans un raid israélien sur la banlieue sud de Beyrouth, le Guide suprême de la révolution iranienne, Ali Khamenei, s’est voulu rassurant sur le sort de son bras militaire libanais. “Le Hezbollah reste le plus puissant défenseur du Liban et le plus puissant bouclier contre les visées israéliennes qui cherchent à diviser ce pays”, a-t-il écrit, accusant Israël d’“essayer de déformer la mission du Hezb”. “Il ne faut pas prêter l’oreille aux allégations israéliennes”, a-t-il averti, alors que Tel Aviv accuse notamment la formation pro-iranienne de se servir des civils libanais comme boucliers humains, et des villages pacifiques dans le sud du pays et dans la Békaa pour disséminer son arsenal.

“Le Hezbollah, a poursuivi l’ayatollah, est toujours aussi actif et efficace. La République islamique continuera, comme d’habitude, de le soutenir, ainsi que les combattants de la résistance face à l’occupation israélienne de la Palestine”.

Commentaires
  • Aucun commentaire