Le Front de soutien pris... à la gorge!
©Ici Beyrouth

Jusqu’au 8 octobre, seuls demeuraient disputés quelques points frontaliers pour fixer définitivement la frontière et la fameuse ligne bleue. Des dossiers tout à fait gérables pour des diplomates, même débutants comme les nôtres. Aujourd’hui, plus personne ne parle des fermes de Chebaa ou des collines de Kfarchouba… c’est tout le sud du pays qui est désormais hors de contrôle du Liban.

Le titre du cauchemar s’appelle: le “front de soutien”. Une erreur stratégique majeure qui va hanter des générations de Libanais pour 50 ans. Comment une perception des événements peut-elle être altérée au point de conduire, par la décision de quelques uns, tout un peuple dans l’abîme. Durant un an, les mises en garde se sont succédé. Toujours sur le même thème: “Ne lancez pas une guerre et appliquez la 1701”. Un an, c’est long. Même les plus bornés auraient eu le temps de se poser des questions et de rétropédaler. Les historiens devront tenter d’expliquer comment la même ligne menant directement à la destruction annoncée, affichée, claironnée du pays a été tenue, contre toutes les évidences et toute réflexion. Dans la réalité, depuis la précédente erreur stratégique, reconnue, elle, de 2006, les uns travaillaient sur la technologie et les autres sur l’idéologie. On voit le résultat. On nous avait parlé “d’équilibre de la terreur”. Ah! Bon. Où ça? Certains étaient persuadés, et le disaient, que les israéliens n’oseraient pas attaquer une “résistance” aussi puissante. Ah! Bon. Qui ça?

Les 60.000 réfugiés qui ont quitté le nord d’Israel allaient être rejoints par des millions d’autres. Ah! Bon. Vraiment? On n’a rien vu de tout cela. Le 1,6 million de déplacés libanais sont bien réels, par contre.

On va éviter la tirade sur les armes incroyables capables de frapper n’importe où. À éviter aussi la question de savoir où sont les super missiles balistiques made in Iran. Parce que, concrètement, dans la vraie vie, comme on dit, les drones, les avions de chasse… tournent sans rien craindre au-dessus de la tête des Libanais. Les Israéliens frappent quand ils veulent, où ils veulent, qui ils veulent. Dans la foulée, quelques dizaines de roquettes sont tirées depuis le Liban. La plupart sont interceptées.

Devons-nous parler des dégâts? 20 milliards de dollars dans un pays en crise depuis cinq ans. Combien de décennies pour que le pays s’en remette? Selon les dernières estimations, Gaza aurait fait un saut de développement de 69 ans en arrière. Tiens! Gaza, c’est vrai que tout est parti de là. Donc, puisque le Hezbollah a soutenu le Hamas durant un an, on pourrait s’attendre à un soutien des “autres fronts de la résistance”, si chers au cœur de Téhéran, à un Liban désormais en lambeaux. Ah! Bon. Où est-elle donc cette unicité des fronts? Silence radio.

Foutaises et fumisteries ont donc conduit un petit pays meurtri par 50 ans de conflits des autres sur son territoire à un effondrement complet.

On nous explique qu’après la guerre, viendra l’heure des explications. Personne n’y croit. Personne n’a la main. L’Administration américaine par exemple. Il suffit qu’Anthony Blinken demande quelque chose pour que le contraire se produise. Le président américain peut bien s’époumoner, sermonner… sans plus de succès.

Deux prochaines étapes attendent le pays et la région. Elles devraient se produire dans l’ordre suivant. D’abord, la riposte israélienne à la riposte iranienne qui devrait, elle-même, entraîner une riposte… tout dépend de l’attaque. S’agira-t-il d’une prouesse technologique sans trop de dégâts, mais assez surprenante pour être définitivement dissuasive? Ou bien s’agira-t-il du début d’une guerre régionale entraînant tout le monde? Objectivement, cette seconde hypothèse est peu probable, les mollahs savent parfaitement que leur régime, déjà fragile, tomberait dans les mois qui suivent une défaite inéluctable. Mais la tentation est grande, côté israélien, de régler une fois pour toutes la question du nucléaire des mollahs, parce que la fenêtre d’opportunité risque de ne plus se présenter aussi béante avant quelques années.

Le second temps sera le 5 novembre et l’élection présidentielle américaine. La personnalité de l’heureux(se) élu(e), devrait donner le ton pour les quatre années qui suivent. Le tout est de savoir si dans cette partition diplomatique à venir, le Liban sera une fausse note où rentrera dans la “clé de sol” d’une harmonie écrite pour le Proche-Orient. Cela dit, qui dit harmonie dit chef d’orchestre. Sa baguette devra être magique.

Commentaires
  • Lemming:
    2024-10-25 06:08:17 - Oui mais il y a macron

    Heureusement Macron va pouvoir acheminer 800 millions d'euros à Berry et pour les libanais 0 euro.