1,5 millions de déplacés... la bombe à retardement
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En quelques semaines, le visage démographique du Liban a été totalement bouleversé. 1,5 millions de personnes, issues en majorité de la communauté chiite, ont dû quitter leurs domiciles dans le sud et la Békaa.      

La solidarité nationale a joué un rôle vertueux. Immédiatement, les ONG, les particuliers, les pays amis et même… l’État sont venus en aide à ces réfugiés inattendus, victimes de la “victoire divine” qui leur avait été vendue, et sacrifiés sur l’autel des intérêts des mollahs iraniens qui ne lèvent pas le petit doigt pour leur venir en aide.

Mais, ça et là, des incidents commencent à se produire dans les zones dites “plus sûres” entre déplacés et habitants. Des bagarres, mais pas d’armes. Pas encore.

Plus le conflit dure, plus la cohabitation devient difficile. Bien sûr, il y a les éternels profiteurs de guerres qui louent à prix d’or des appartements, sans s’encombrer de scrupules. Mais, la tension est croissante. Elle est palpable, depuis le raid, le 14 octobre sur le village chrétien d’Aïto, dans le nord du pays, qui avait fait 24 victimes, dont un membre du Hezbollah. La suspicion est partout. Chacun se demande qui désormais est son voisin. On s’observe d’immeuble en immeuble. La peur de se retrouver ciblés, sans comprendre, n’épargne personne. Nulle part. Les municipalités font de leur mieux pour tenter de vérifier l’identité des nouveaux occupants d’appartements loués. Mais ce travail n’a aucune valeur réelle, dans la mesure où les “vérifications” se font sur une base déclarative. Sans moyens.

Le ministre français de La Défense, Sébastien Lecornu, qui connaît bien le Liban, a parlé d’un “risque de guerre civile imminent”. Les mots sont lâchés. Ils sont très lourds de sens. Si des cas comme ceux d’Aïto se reproduisent deux, trois, quatre fois encore, n’importe où au Liban, comment la population va-t-elle réagir? Comment le Hezbollah va-t-il agir? Parce qu’il faut dire que si face à Israël, la milice pro-iranienne semble en mauvaise posture, elle conserve intactes ses capacités de manœuvres internes. Et pour cause, c’est la seule milice armée.

En imaginant même que la guerre s’arrête demain, qui va reconstruire les quartiers et villages des gens qui sont sur les routes? En 2006, les pays du Golfe avaient déversé des milliards de dollars pour rebâtir. Cette fois, la situation est totalement différente. Le passif est tel entre le Hezbollah et les petromonarchies que l’éventuelle et peu probable aide sera conditionnée à des considérations politiques qui ne dépendent que du bon vouloir de Téhéran.

Le risque est donc très grand d’un déracinement prolongé, voire définitif, d’une grande partie des déplacés, qui n’ont rien demandé à personne par ailleurs.

La reconstruction, si elle a lieu, prendra des années. À quoi ressemblerait le pays d’ici là? Nul ne peut le savoir. Les étincelles de multiples conflits couvent sous les braises. 

L’Iran, de son côté, regarde tout cela d’un œil froid. Sans empathie. Les gardiens de la révolution, se… gardent bien de révolutionner quoi que ce soit. Les innombrables et étouffantes déclarations d’amour des dirigeants iraniens sont dignes d’un faux compte Tinder. Personne ne les croit plus… à part une poignée d’idéologues. Au moins là-dessus, tous les Libanais seront peut-être d’accord. À vérifier tout de même.

 

 

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