Le Festival du film libanais de France s’ouvre en un cri du cœur pour le Liban
Soirée d'ouverture du FFLF à l'IMA. ©Ici Beyrouth

Le Festival du film libanais de France a ouvert ses portes à l’Institut du monde arabe, le dimanche 13 octobre 2024. Le festival se tiendra du 14 au 20 octobre au cinéma Lincoln à Paris.

Lors de la soirée d’ouverture à l’IMA, Jack Lang, président de l’institut, a déclaré avec émotion: "Face à une situation inacceptable, quelles qu’en soient les causes – je ne ferai pas de discours politique –, comment peut-on s’en prendre à ce pays si cher à mes yeux? J’ai eu la chance de connaître très tôt le Liban. Il a marqué ma jeunesse et ma vie culturelle. En tant que jeune étudiant, j’ai été invité à Rachana, où j’ai eu le privilège de me produire sur scène, dans ce village. Ce pays nous touche profondément. La France et le Liban sont deux nations sœurs, et lorsque le Liban est touché, nous le sommes également. Nous devrions l’être dans notre chair, notre âme, notre cœur, notre histoire et notre présent. Il faut que nous luttions avec force pour obtenir un cessez-le-feu."
Jack Lang a ajouté: "Nous allons célébrer l’âme de ce pays. C’est d’ailleurs l’un des miracles du Liban: sans cesse déchiré et attaqué, ce pays parvient, grâce à l’énergie de ses citoyens, à leur créativité et à leur inventivité, à produire des œuvres littéraires, des films récompensés à l’international et à composer de la musique contemporaine. Tout cela grâce à une capacité de résilience tant à l’intérieur qu’à l’extérieur."

La cinéaste Danielle Arbid, marraine du festival, a partagé son ressenti: "Ma relation avec le Liban a toujours été tourmentée, comme ceux qui connaissent mon travail le savent. J’ai longtemps hésité entre considérer ma naissance au Liban comme une malédiction ou une chance. C’est dans des moments difficiles comme ceux que nous vivons aujourd’hui que je réalise à quel point c’est une chance, à quel point le Liban est précieux et à quel point nous l’aimons, même ceux qui ont une relation complexe avec lui. Je pense qu’aujourd’hui, c’est notre devoir à tous de parler du Liban, de dire combien nous l’aimons, le soutenons et le racontons à travers nos œuvres. Chaque jour, on se demande ce que l’on peut faire pour mettre fin à ce cauchemar."

Sarah Hajjar, présidente du FFLF, a exprimé son enthousiasme et sa révolte lors de son discours d’ouverture: "Quel plaisir de voir cette salle comble et de constater que nos efforts sont récompensés par votre présence. Cette édition a été particulièrement difficile à organiser. Lorsque nous réfléchissions à la thématique du festival, nous avons envisagé de parler de la guerre, sans imaginer à quel point cela résonnerait tristement avec l’actualité." Elle a également affirmé que le Liban était plongé dans une sombre tragédie qui ne cesse de s’aggraver. "L’équipe du Festival du film libanais de France se joint à l’appel pour un cessez-le-feu urgent et immédiat."

L’actrice Diamand Abou Abboud, elle, a livré un témoignage poignant: "Le trajet entre Beyrouth et Paris n’a pas été facile, mais j’ai tenu à venir pour élever la voix et parler du Liban. En tant qu’enfant de la guerre, je dis haut et fort: non à cette guerre. Je ne la veux pas, je la refuse, je la déteste. Non à cette mémoire et à cette vie marquées par la violence. Non à ce qui se passe aujourd’hui dans mon pays, ma terre natale et non à ce qui touche mes parents, ma famille, ma maison, ma vie, mon existence, mon identité, celle du Liban et des Libanais. Tout être humain a le droit de vivre et non d’être forcé à survivre et à rêver d’une vie meilleure. Parfois, quand je me sens impuissante face à l’impossibilité d’enlacer mes parents et mon pays pour les protéger, je ressens de la peur, de la culpabilité, de la peine et de la colère. Mais je me redresse toujours, en pensant au cèdre, notre "Arzé", qui malgré tout reste debout, enraciné profondément dans notre terre, avec la tête haute, tourné vers la lumière, croyant encore en l’amour, en l’espoir, en la beauté, en la force et en la joie de vivre. Au nom des créateurs et de la famille d’Arzé, je vous invite à un voyage au cœur de notre chère Beyrouth, pleine de vie et je vous demande de parler du Liban, de l’humanité et de la justice humaine, partout dans le monde."

C’est en écho à ces paroles que le film d’ouverture Arzé a lancé la quatrième édition du FFLF. Réalisé par Mira Shaib, il met en vedette Diamand Abou Abboud dans le rôle principal, aux côtés de Betty Taoutel et Bilal al-Hamwi.

Arzé, mère célibataire, emmène son fils adolescent dans un périple à travers Beyrouth en quête de leur scooter volé, leur unique moyen de subsistance.
Diamand Abou Abboud incarne, dans un jeu subtil et émouvant, Arzé, une femme libanaise dans un portrait universel. L’actrice reflète la force et la vulnérabilité de cette femme résiliente et combative.

Interrogée par Ici Beyrouth, Diamand Abou Abboud confie: "En incarnant Arzé, j’ai puisé au plus profond de moi. Chaque Libanais ayant vécu au Liban porte en lui une partie d’Arzé. Je la respecte profondément. C’est la première fois, avec les circonstances actuelles au Liban, que je me suis sentie aussi triste, incapable de retrouver la force de ce personnage. Je me suis sentie vulnérable et abattue. Mais je me devais de retrouver sa puissance et de regarder vers la lumière et la vie. Arzé incarne toute mère et toute femme libanaise. Tout au long de mon interprétation, j’ai surtout veillé à la protéger."

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