Parler de la guerre à ses enfants: une nécessité, pas une option
Parler de la guerre avec les enfants. ©DR

Nous vivons une situation de guerre en tous points dramatique. Des parents désemparés, eux-mêmes habités de peurs et d’incertitudes, nous ont demandé de les conseiller sur la conduite à tenir auprès de leurs enfants dans ces moments particulièrement difficiles. Ainsi, nous dérogeons aujourd’hui exceptionnellement à nos articles habituels pour offrir à ceux qui en auraient besoin ces quelques recommandations.  

La guerre s’est installée dans notre pays et elle semble partie pour durer, avec ses conséquences dramatiques aussi bien sur le plan collectif qu’individuel. Notre environnement est saturé de grondements de bombardements, d’explosions d’obus, de déflagrations de murs du son et autres sonorités effrayantes.

Tout le monde, proche ou éloigné des zones de guerre, subit, avec une intensité variable, dans son corps et dans son psychisme, les effets éprouvants de cette situation. En tant que parents, vous veillez naturellement à atténuer autant que possible ses conséquences sur vos enfants.

Voici quelques conseils qui pourraient vous y aider.

- Soyez conscients de votre propre état physique et psychologique. Il est tout à fait normal, dans ces circonstances, que vous ressentiez de la peur et de l’angoisse. Ne gardez pas le silence. Bien au contraire, parlez-en à votre conjoint(e) ou à une personne de confiance. Le dialogue est toujours un excellent moyen d’extérioriser les affects et les idées noires. Privilégiez-le entre vous, adultes, et avec vos enfants.

- Ne minimisez ni la sensibilité ni l’intelligence de votre enfant, quel que soit son âge. Sa perception consciente mais surtout inconsciente est suffisamment développée pour saisir ce que, peut-être, vous cherchez à lui cacher. Ne banalisez pas ce qui se passe: évitez les “ce n’est pas grave”, “ce n’est rien” ou “ça va passer”. Ne détournez pas son attention. Votre enfant n’est pas dupe. Il a besoin que vous lui parliez vrai. Il a droit à connaître la vérité de ce qu’il ressent et qui lui cause peur et angoisse. Expliquez-lui la réalité des faits, en tenant compte de son âge, avec les termes appropriés, sans dramatisation. Essayez, autant que possible, de garder votre calme et soyez attentifs à ses commentaires et réactions.

- Ne vous contentez pas de parler vous-même. Donnez à votre enfant l’opportunité de dire ce qu’il pense et ressent. Écoutez-le avec votre cœur aussi bien qu’avec votre tête. Soyez compréhensifs et bienveillants en accordant toute l’importance que sa parole mérite. Acceptez qu’il se sente affecté par la situation. Offrez-lui la possibilité de s’exprimer par le dessin par exemple, ou tout autre moyen susceptible de canaliser ses sentiments et ses émotions. Parlez-en avec lui.

- Les images ou les commentaires à la télé et sur les réseaux sociaux sont envahissants et montrent parfois des représentations choquantes pour les enfants comme pour les adultes. Évitez de vous exposer, ainsi que vos enfants, à ce flux ininterrompu. Ne vous laissez pas envahir. Les échanges de textos peuvent vous aider à vous rassurer quelque peu, mais faites-le avec modération.

- Soyez attentifs aux signes indicatifs de malaise ou d’effets traumatiques (troubles du sommeil, cauchemars, troubles de l’alimentation en excès ou en défaut, irritation ou nervosité inhabituelles, isolement, maux de tête, de ventre ou autres symptômes physiques dont la cause peut être psychogène, difficultés de concentration ou d’attention, agitation inhabituelle, etc.). Si ces signes persistent, consultez un psy compétent.

- Parfois, les situations dangereuses ou traumatiques réveillent des séquelles d’anciennes situations pénibles chez vous ou chez votre enfant. Soyez à l’écoute des souvenirs, des sentiments et des pensées qui viennent. Acceptez-les avec tolérance et rappelez-vous toujours que le bon moyen, c’est toujours d’en parler et non de les taire. Toujours à une personne de confiance.

- Maintenez, autant que possible, vos rythmes habituels quotidiens.

- Continuez autant que possible, si vous en avez, vos activités sportives ou culturelles habituelles ainsi que celles de vos enfants.

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