Formation d'un gouvernement ou remaniement ministériel ?
"La composition du prochain gouvernement ne diffèrera pas de celle du gouvernement sortant, à quelques modifications près", indique une source informée proche du Hezbollah.

Entre les consultations parlementaires pour la formation d’un nouveau gouvernement et l’expédition des affaires courantes, le nouveau (et l’ancien !) Premier ministre Najib Mikati a décidément du pain sur la planche. Lundi, dès 13h30, les différents blocs parlementaires défileront au Grand Sérail pour faire part de leur position respective concernant la composition du prochain gouvernement qui devrait être formé à la suite des élections législatives.

La formation d’un nouveau gouvernement dans les circonstances actuelles n’est en aucun cas garantie, à en croire les médias locaux. En effet, plusieurs facteurs contribueraient à entraver la mise sur pied d'une équipe ministérielle, notamment le refus des Forces libanaises, du Parti socialiste progressiste et des députés indépendants de participer au Cabinet ; l’insistance du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, à mettre le grappin sur les ministères des Affaires étrangères, de l’Énergie et de l’Environnement, et celui du mouvement Amal à obtenir le ministère des Finances ; ainsi que la détermination du camp présidentiel à imposer au prochain Conseil des ministres des nominations à la tête de la Banque centrale et de l’armée.

Plus encore, des rumeurs circulent selon lesquelles le président de la République, Michel Aoun, souhaiterait qu’un gouvernement ne soit pas formé avant l’échéance de l’élection présidentielle, pour justifier le maintien de sa présence à Baabda, puisqu’il avait lui-même déclaré il y a quelques mois qu’il refusait de quitter le palais présidentiel en cas de vide gouvernemental.

Il n’en demeure pas moins que le tandem Amal-Hezbollah et le camp aouniste insisteraient à mettre sur pied un nouveau Cabinet, comme nous l’a expliqué l’ancien député Farès Souhaid. "Le duopole chiite et le président veulent la formation d’un nouveau gouvernement pour certaines raisons précises, indique-t-il. Il y a environ 80 postes vacants au sein de l’Administration qu’ils voudraient remplir avant la fin du mandat Aoun ; la priorité est donnée aux négociations avec le Fonds Monétaire International, une demande populaire, car elle permettrait d’obtenir des fonds, et de mettre en œuvre des réformes qui mèneront à une sortie de crise".

Vers un remaniement ministériel ?


Interrogé sur un possible remaniement ministériel sur base du gouvernement sortant, M. Souhaid n’écarte pas cette éventualité, soulignant que la désignation du Premier ministre au niveau consensuel avait été bâclé, car les principaux blocs parlementaires chrétiens – à savoir les Forces libanaises et le Courant patriotique libre - n’ont pas désigné Najib Mikati ; et le PSP a préféré nommer un candidat qui n’a pas réussi. "Seuls le duopole Amal-Hezbollah et certains parlementaires sunnites ont assuré la reconduite du Premier ministre sortant", a-t-il précisé.

Par ailleurs, le remaniement ministériel au sein du gouvernement sortant pourrait être l’un des scénarii que proposerait Najib Mikati au président de la République, puisque le Cabinet est d’ores et déjà formé par des personnalités proches de l’axe du 8 Mars. Une théorie plus au moins confirmée par le député du mouvement Amal, Fady Alamé. "Au stade actuel, rien n’est clair ou définitif, mais nous entendons parler de remaniements. Je crois que nous y verrons plus clair dès mardi", a-t-il estimé.

Des propos que le député du CPL Alain Aoun ne conteste pas. "La composition du gouvernement relève de la volonté et de la perception du Premier ministre. J'ai cependant tendance à croire qu'il voudrait un Cabinet similaire au dernier, mais avec certains remaniements", a-t-il affirmé.

Même son de cloche au niveau d'une source informée proche du Hezbollah, qui indique à Ici Beyrouth que "la composition du prochain gouvernement ne diffèrera pas de celle du gouvernement sortant, à quelques modifications près". "Certains ministres se verront attribués d’autres portefeuilles et peut-être que des personnalités politiques intègreront le nouveau Cabinet, à la demande du président Aoun et du Hezbollah, mais je doute que cette requête soit validée par Najib Mikati. Il se peut aussi que le président demande que d’autres portefeuilles soient ajoutés, ce qui déterminera par la suite la nature du prochain gouvernement", a-t-il déclaré.

Finalement, si les deux pôles de l’exécutif parviennent à se mettre d’accord sur la composition du prochain Cabinet, quelle qu’elle soit, cela ne signifiera pas pour autant que le gouvernement sera sorti d’affaire.
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