Ce n'est pas la première fois que le courant aouniste manœuvre pour obtenir le limogeage du commandant de l'armée, le général Joseph Aoun. Néanmoins, la tentative de remettre cette question sur le tapis lors de la dernière réunion du Conseil des ministres, vendredi 20 mai, a soulevé nombre d’interrogations. D’abord parce qu'il s'agissait de la dernière réunion du gouvernement en exercice avant que celui-ci ne passe à l'expédition des affaires courantes avec l’entrée en fonction de la nouvelle Chambre ; ensuite parce que la priorité du courant aouniste était jusqu’avant les législatives du 15 mai, d'écarter le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé.
Quoi qu’il en soit, un sujet de cette importance était supposé être discuté au préalable avec le Premier ministre Nagib Mikati, d’autant que des nominations ou des permutations doivent servir un objectif précis d’intérêt général. Or dans le cas du courant aouniste, elles sont dictées par des considérations strictement politiciennes. Pris de court par la tentative du courant du président Michel Aoun d’inclure in extremis ce point à l’ordre du jour de la séance du cabinet, Najib Mikati s’était empressé de lui faire barrage.
Il est de notoriété publique que depuis le début du mandat actuel, en 2016, le président Michel Aoun et son mouvement politique dirigé par son gendre, le député Gebran Bassil, ont placé en tête de leurs priorités la mise à l'écart de Riad Salamé. Ils font tout pour y arriver, multipliant les échecs à ce niveau ou acceptant de s’engager dans des compromis, comme celui qui avait conduit le président Aoun à approuver le renouvellement du mandat du gouverneur le 15 mai 2017 (sous le premier gouvernement du mandat dirigé par Saad Hariri) pour une période de six ans, qui touchera à son terme l’année prochaine.
Aujourd’hui, la question qui se pose est de savoir pourquoi subitement c’est la mise à l'écart du général Joseph Aoun qui est devenue prioritaire pour le camp présidentiel.
D’aucuns estiment que ce sont d’éventuels développements futurs redoutés au Liban qui auraient commandé ce revirement. Nul n’ignore l’unité de destin entre le sexennat et la formation pro-iranienne qui avait soutenu le camp présidentiel dans sa cabale contre le gouverneur de la BDL. Or le Hezbollah ne nourrit pas à l’égard du commandant en chef de l’armée la même inimitié qu’il exprime à l’encontre de M. Salamé, même s’il lui est arrivé de le critiquer. Dans ce contexte, on se souvient qu’en juin dernier, un quotidien libanais, financé par le Hezbollah, s’était attaqué au chef des forces régulières, en titrant «Joseph Aoun, ne joue pas avec le feu» et en l’accusant de s’être jeté dans «les bras des Américains».
La campagne du Hezbollah contre Joseph Aoun s’était intensifiée avec le mouvement contestataire du 17 octobre 2019, lorsque le général Aoun avait refusé de céder aux pressions du président de la République et du secrétaire général du Hezbollah afin d’utiliser la force contre les manifestants.
Selon un ancien ministre de la Défense, l'armée sera la soupape de sécurité dans la prochaine étape, face à l'aggravation des crises à tous les niveaux. Cet ancien ministre estime que les raisons qui ont conduit au soulèvement de 2019 sont toujours d’actualité, sinon exacerbées, en raison de l'effondrement sans précédent de la livre face au dollar et du cuisant échec du mandat à résoudre la crise de l'électricité, sans compter la détérioration des services médicaux et sociaux. Dans ce cadre, les conditions d'une reprise du soulèvement sont toujours présentes, malgré le fait que 13 nouveaux parlementaires sont issus des rangs de la société civile qui a initié le précédent mouvement de contestation.
Or aussi bien pour le camp présidentiel que pour le Hezbollah, il importe dans ce contexte que le commandant de l’armée soit "plus malléable" que le général Aoun, si jamais des troubles, liés à la détérioration continue de la situation socio-économique et financière, devaient se produire au cours des prochains mois.
Selon la même source, plusieurs raisons feront que la situation sera probablement différente qu’en 2019, notamment : d’abord, les mécanismes qui avaient permis en 2019 de faire face à la crise naissante n’existent pas aujourd’hui, compte tenu de l’impossibilité de former un nouveau gouvernement représentatif des nouveaux rapports de force qui ont émergé au Parlement. Ce dernier, rappelle-t-on, n’est plus dominé par une majorité menée par le Hezbollah et dont le CPL faisait partie. De ce fait, celui qui compliquera le plus la mise en place d’un cabinet qui serait un miroir des résultats du scrutin n’est autre que le président Aoun, coutumier de ces manœuvres qui ont jalonné son mandat, lequel touche bientôt à sa fin.
Il y a ensuite l’échéance présidentielle d’octobre qui semble jusque-là malaisée. comme le Hezbollah ne pourra normalement pas imposer son candidat, comme il avait réussi à la faire au terme du mandat du président Michel Sleiman en 2014. À l’époque, le parti de Dieu avait insisté pour placer le général Michel Aoun à la tête de la République et avait réussi sa manœuvre grâce au fameux compromis présidentiel. Néanmoins, il sera très difficile, voire impossible, de rééditer cet « exploit » avec des candidats proches du Hezbollah tels que le chef des Marada Sleiman Frangié et le chef du Courant patriotique libre, le député Gebran Bassil.
Enfin, bien que la majorité au Parlement ait basculé au profit des souverainistes et des forces du changement, néanmoins, ces députés fraîchement élus n’auront pas la capacité de mener le Liban vers son salut en raison de la présence de plus de 60 députés représentant le duopole chiite et le courant aouniste, qui maintiennent les mêmes orientations qui ont conduit à l'effondrement du Liban.
Tout ce qui précède confirme que le Liban entre dans une phase complexe qui requiert la présence d’un garde-fou qui empêcherait le pays de glisser vers le chaos total. Ce garde-fou reste l’armée ainsi que les autres organes de sécurité. Ce faisant, la récente tentative de limoger le commandant de l’armée constitue une déclaration d’intentions émanant des parties qui se dresseront face à l’armée, le moment voulu, lorsqu’il lui sera demandé d’intervenir pour empêcher l’effondrement.
Quoi qu’il en soit, un sujet de cette importance était supposé être discuté au préalable avec le Premier ministre Nagib Mikati, d’autant que des nominations ou des permutations doivent servir un objectif précis d’intérêt général. Or dans le cas du courant aouniste, elles sont dictées par des considérations strictement politiciennes. Pris de court par la tentative du courant du président Michel Aoun d’inclure in extremis ce point à l’ordre du jour de la séance du cabinet, Najib Mikati s’était empressé de lui faire barrage.
Il est de notoriété publique que depuis le début du mandat actuel, en 2016, le président Michel Aoun et son mouvement politique dirigé par son gendre, le député Gebran Bassil, ont placé en tête de leurs priorités la mise à l'écart de Riad Salamé. Ils font tout pour y arriver, multipliant les échecs à ce niveau ou acceptant de s’engager dans des compromis, comme celui qui avait conduit le président Aoun à approuver le renouvellement du mandat du gouverneur le 15 mai 2017 (sous le premier gouvernement du mandat dirigé par Saad Hariri) pour une période de six ans, qui touchera à son terme l’année prochaine.
Aujourd’hui, la question qui se pose est de savoir pourquoi subitement c’est la mise à l'écart du général Joseph Aoun qui est devenue prioritaire pour le camp présidentiel.
D’aucuns estiment que ce sont d’éventuels développements futurs redoutés au Liban qui auraient commandé ce revirement. Nul n’ignore l’unité de destin entre le sexennat et la formation pro-iranienne qui avait soutenu le camp présidentiel dans sa cabale contre le gouverneur de la BDL. Or le Hezbollah ne nourrit pas à l’égard du commandant en chef de l’armée la même inimitié qu’il exprime à l’encontre de M. Salamé, même s’il lui est arrivé de le critiquer. Dans ce contexte, on se souvient qu’en juin dernier, un quotidien libanais, financé par le Hezbollah, s’était attaqué au chef des forces régulières, en titrant «Joseph Aoun, ne joue pas avec le feu» et en l’accusant de s’être jeté dans «les bras des Américains».
La campagne du Hezbollah contre Joseph Aoun s’était intensifiée avec le mouvement contestataire du 17 octobre 2019, lorsque le général Aoun avait refusé de céder aux pressions du président de la République et du secrétaire général du Hezbollah afin d’utiliser la force contre les manifestants.
Selon un ancien ministre de la Défense, l'armée sera la soupape de sécurité dans la prochaine étape, face à l'aggravation des crises à tous les niveaux. Cet ancien ministre estime que les raisons qui ont conduit au soulèvement de 2019 sont toujours d’actualité, sinon exacerbées, en raison de l'effondrement sans précédent de la livre face au dollar et du cuisant échec du mandat à résoudre la crise de l'électricité, sans compter la détérioration des services médicaux et sociaux. Dans ce cadre, les conditions d'une reprise du soulèvement sont toujours présentes, malgré le fait que 13 nouveaux parlementaires sont issus des rangs de la société civile qui a initié le précédent mouvement de contestation.
Or aussi bien pour le camp présidentiel que pour le Hezbollah, il importe dans ce contexte que le commandant de l’armée soit "plus malléable" que le général Aoun, si jamais des troubles, liés à la détérioration continue de la situation socio-économique et financière, devaient se produire au cours des prochains mois.
Selon la même source, plusieurs raisons feront que la situation sera probablement différente qu’en 2019, notamment : d’abord, les mécanismes qui avaient permis en 2019 de faire face à la crise naissante n’existent pas aujourd’hui, compte tenu de l’impossibilité de former un nouveau gouvernement représentatif des nouveaux rapports de force qui ont émergé au Parlement. Ce dernier, rappelle-t-on, n’est plus dominé par une majorité menée par le Hezbollah et dont le CPL faisait partie. De ce fait, celui qui compliquera le plus la mise en place d’un cabinet qui serait un miroir des résultats du scrutin n’est autre que le président Aoun, coutumier de ces manœuvres qui ont jalonné son mandat, lequel touche bientôt à sa fin.
Il y a ensuite l’échéance présidentielle d’octobre qui semble jusque-là malaisée. comme le Hezbollah ne pourra normalement pas imposer son candidat, comme il avait réussi à la faire au terme du mandat du président Michel Sleiman en 2014. À l’époque, le parti de Dieu avait insisté pour placer le général Michel Aoun à la tête de la République et avait réussi sa manœuvre grâce au fameux compromis présidentiel. Néanmoins, il sera très difficile, voire impossible, de rééditer cet « exploit » avec des candidats proches du Hezbollah tels que le chef des Marada Sleiman Frangié et le chef du Courant patriotique libre, le député Gebran Bassil.
Enfin, bien que la majorité au Parlement ait basculé au profit des souverainistes et des forces du changement, néanmoins, ces députés fraîchement élus n’auront pas la capacité de mener le Liban vers son salut en raison de la présence de plus de 60 députés représentant le duopole chiite et le courant aouniste, qui maintiennent les mêmes orientations qui ont conduit à l'effondrement du Liban.
Tout ce qui précède confirme que le Liban entre dans une phase complexe qui requiert la présence d’un garde-fou qui empêcherait le pays de glisser vers le chaos total. Ce garde-fou reste l’armée ainsi que les autres organes de sécurité. Ce faisant, la récente tentative de limoger le commandant de l’armée constitue une déclaration d’intentions émanant des parties qui se dresseront face à l’armée, le moment voulu, lorsqu’il lui sera demandé d’intervenir pour empêcher l’effondrement.
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