Blinken: La Chine demeure au centre des préoccupations US
Si certains pensent que les relations entre les États-Unis et la Russie dominent les questions géopolitiques mondiales, ils se trompent. Certes, l'invasion de l'Ukraine par les troupes de Moscou a remis le parfum de la Guerre froide au goût du jour. Mais, l'administration Biden, et avant elle celle du président le plus absurde de l'histoire du pays, ont indiqué à dessein que la Chine représente le seul pôle de taille pouvant avoir la même dimension économique, politique, commerciale et militaire que les États-Unis.

La comparaison entre Washington et Moscou, elle, ne tient plus depuis 1990, dans tous les domaines et à tous les niveaux. Comparez juste les chiffres du PIB, du commerce, du budget militaire, de la force diplomatique; le différentiel de puissance est énorme.

Le problème, du moins pour Washington et les autres pays démocratiques, réside dans le fait que le modèle chinois n'est pas compatible avec les valeurs occidentales. Si la Chine a fait un grand bond en avant dans le domaine technologique et, surtout, économique, elle reste une autocratie héritée de l'époque maoïste, pire avatar du communisme, directement coupable de la mort de dizaines millions de Chinois.

C'est en somme le message que Antony Blinken a envoyé jeudi à l'université George Washington, dans la capitale éponyme.

 



 

Les Etats-Unis sont engagés dans une vigoureuse compétition avec la Chine dans le but de préserver l'ordre mondial actuel, a déclaré jeudi le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, démentant toute volonté d'entrer dans une nouvelle "guerre froide"

Dans un discours très attendu sur la Chine, prononcé à l'université George Washington, le secrétaire d'Etat a estimé que Pékin posait "actuellement le risque le plus sérieux de remise en cause de l'ordre international".



Cette intervention remet la Chine au centre des préoccupations géopolitiques des Etats-Unis, après plusieurs mois monopolisés par la guerre en Ukraine.

"La Chine est le seul pays qui a simultanément l'intention de remodeler l'ordre international et de plus en plus les moyens de le faire sur les plans économique, diplomatique, militaire et technologique", a-t-il affirmé.
Démocraties v/s autocraties

"La vision de Pékin nous éloignerait des valeurs universelles qui ont soutenu beaucoup des progrès du monde dans les 75 dernières années", a-t-il ajouté.

Le président américain Joe Biden, qui présente souvent le monde actuel dans une opposition entre démocraties et autocraties, estime que cette décennie sera "décisive", selon Antony Blinken.

Les Etats-Unis reconnaissent qu'il sera difficile de changer la trajectoire de la Chine et les ambitions du président Xi Jinping.



 

"C'est pourquoi nous allons oeuvrer à créer un environnement stratégique autour de Pékin pour faire progresser notre vision d'un système international ouvert et inclusif", a dit le secrétaire d'Etat américain.

Dans son discours, il a dénoncé l'attitude de "coercition croissante" de la Chine vis-à-vis de Taïwan, tout en martelant que la politique de Washington sur ce dossier n'avait pas changé.

Joe Biden a semé le trouble à deux reprises ces derniers mois en indiquant que les Etats-Unis étaient prêts à défendre Taïwan militairement.



Eviter une nouvelle Guerre froide

Ce discours d'Antony Blinken sur la Chine s'inscrit dans la continuité des positions de l'administration Biden. Il avait dans un premier temps été envisagé qu'il soit prononcé par le président lui-même.

Avec la récente tournée asiatique de Joe Biden et un sommet inédit à Washington début mai avec des dirigeants d'Asie du Sud-Est, il vise à démontrer que l'administration américaine reste concentrée sur l'Asie.



 

"Nous ne recherchons pas un conflit ou une nouvelle guerre froide. Au contraire, nous sommes déterminés à les éviter", a assuré Antony Blinken.

"Nous ne voulons pas empêcher la Chine de jouer son rôle de puissance majeure ou empêcher la Chine ou tout autre pays de faire croître son économie et de défendre les intérêts de son peuple", a-t-il dit.

Mais la préservation de l'ordre international, y compris le respect des lois et accords internationaux "permettrait à tous les pays, y compris les Etats-Unis et la Chine, de coexister et de coopérer".

Lors de son arrivée au pouvoir, l'administration Biden avait placé la Chine en tête de ses priorités internationales en décrivant le pays comme son seul concurrent de long terme à l'échelle de la planète.



 
Message sur le respect des règles internationales

Les États-Unis estiment que le président russe Vladimir Poutine représente une "menace sévère et immédiate" pour l'ordre international et que le fait de le contrer renforce le message sur le respect des règles internationales, a expliqué un haut responsable américain sous couvert d'anonymat.

L'administration Biden a évoqué à plusieurs reprises la nécessité de faire pression sur la Chine pour qu'elle respecte les règles établies, notamment dans ses conflits en mer de Chine méridionale et dans le domaine du commerce, les États-Unis accusant Pékin de vol généralisé.



 

Le président Biden a tenté d'unir ses alliés face à la Chine et a annoncé lundi à Tokyo le lancement d'un nouveau partenariat économique en Asie-Pacifique pour faire contrepoids à Pékin.

Mais les Etats-Unis estiment qu'une coopération est possible avec Pékin dans certains domaines, comme la lutte contre le changement climatique.

Ces ententes ne doivent pas empêcher une vive dénonciation des violations des droits humains par la Chine, selon Washington qui estime notamment que Pékin commet un génocide à l'encontre de la minorité ouïghoure au Xinjiang.

Avec AFP
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