«Sayyed Hassan» déteste-t-il Beyrouth?
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Une myriade d’insultes ont été proférées, depuis dimanche, par des centaines de personnes sur les réseaux sociaux à l’encontre de William Noun, frère de Joe Noun, pompier tué dans l'explosion du 4 août 2020. Leur objectif: porter atteinte à sa personne, miner sa cause et l’accuser de trahison et d’opportunisme aux dépens des victimes!
Ses détracteurs sont presque allés jusqu’à le tenir pour responsable de l’explosion du port, de l’assassinat de Fouad Chokr ou même de celui d’Ismaïl Haniyé en plein Téhéran!
C’est certainement William qui a causé la crise économique, c’est lui qui a propagé le Covid-19! C’est aussi William qui est à l’origine des incidents du 7 mai, et s’il n’avait pas pris la décision de tuer Rafic Hariri, celui-ci ainsi que les autres victimes du courant du 14-Mars seraient toujours en vie! William Noun est à l’origine de tous nos maux!
William, c’est ce jeune homme vingtenaire qui, jusqu’au 4 août 2020, menait une vie ordinaire, passée en famille ou entre amis, dans des bars, à boire un, deux ou trois verres, et à glousser. C’était un jeune homme qui posait sa tête sur l’épaule de son frère, voyant en lui une béquille. Il n’avait peur de rien, et rien ne pouvait étouffer son rire!

Puis survient le 4 août, l’explosion du 4 août. La béquille vole en éclats et les gloussements se muent en larmes refoulées. Ce verre d’alcool, censé écarter toute tristesse, devient le dépositaire d’une souffrance indicible. William Noun, ce jeune homme qui a enterré sa seconde moitié le 4 août 2020, tente toujours de vivre, agrippé à la vérité et à la justice, son arme braquée sur ceux qui ont fait obstacle – et continuent de faire obstacle – à l’enquête.
Mais, pour plusieurs Libanais, William Noun n’est pas la victime d’une explosion dont il n’est pas responsable. Pour ceux-là, il est bon pour la potence. Comment donc ose-t-il revendiquer la justice pour son frère? Et quelle impertinence que d’insulter Sayyed Hassan! Et de dire qu’il déteste Beyrouth! Et de lui rappeler les incidents du 7 mai 2008!
Rien qu’en évoquant le 7 mai, William Noun a provoqué les partisans du tandem Hezbollah-Amal, affalés sur leurs sièges, les incitant à le lyncher sur les réseaux sociaux!
Mais d’où provient la colère de tous ces gens? Pourquoi se sont-ils ainsi emportés à l'évocation du 7 mai? Ce jour-là n’était-il pas leur jour de gloire? N’est-ce pas Sayyed Hassan qui l’avait qualifié de jour de gloire? Ne se souviennent-ils pas de cette journée en se moquant des habitants de Beyrouth, cette ville qu’ils ont conquise en deux temps, trois mouvements?
William Noun n’avait pas tort, il n’a fait que dénoncer leurs actes. Il n’a fait que lever le voile qui occultait leurs visages, même si la vérité est évidente! Il y en a, en effet, qui détestent Beyrouth et le Liban en tant qu’État et entité indépendante! Il y en a qui détestent cet État qui refuse de se conformer aux lois de la «wilayat el-faqih», cet État qui ne veut pas faire partie de l’Iran! Il y en a qui ne perçoivent pas le Liban comme un pays, mais plutôt comme le prolongement de leur propre idéologie! Comment peuvent-ils aimer un pays auquel ils ne croient pas? Comment peuvent-ils craindre pour une capitale qu’ils ne reconnaissent pas?
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