Le Hezb «contraint un avion israélien au retrait»: le point avec Khaled Hamadé

Les unités de la défense aérienne du Hezbollah «ont tiré des missiles anti-aériens sur des avions de combats israéliens qui survolaient le Liban-Sud» les obligeant à «se retirer de l’espace aérien libanais», selon un communiqué publié par la formation pro-iranienne dans la nuit de jeudi à vendredi. Changement de la donne sur le terrain ou incident politiquement exploitable par la rhétorique du Hezb?
Contacté par Ici Beyrouth, le général à la retraite et directeur général du Forum régional de consultation et d'études (RFSC) Khaled Hamadé estime «qu’un simple communiqué n’est pas suffisant pour étayer la déclaration du Hezb, d’autant que les Américains et Israéliens n’ont rien émis sur ce sujet». Il ajoute que «nous ne disposons d’aucune information sur le type de missile utilisé et ses capacités quant à la défense de l’espace aérien libanais». Le général explique, dans ce sens, que «ces missiles de pointe, qui devraient normalement constituer une menace pour l’aviation israélienne, font partie d’un système de radar et de brouillage électronique et, de ce fait, ne peuvent être facilement dissimulés dans la mesure où ils doivent être protégés».

D’autre part, le général Hamadé souligne qu’il «existe des avions modernes capables d’atteindre leurs cibles depuis des centaines de kilomètres. Israël (qui les possède) peut ainsi viser des cibles au Liban à partir de l’Ouest de la Méditerranée». Et de se demander: «Ce missile antiaérien est-il en mesure de mettre en danger de tels avions à une distance aussi importante? Nous ne le savons pas, car la réponse nécessite du recul et de la retenue. Il s’agit de voir si un tel incident se répétera et si ce type de missile sera vraiment capable de changer la donne».
Le général Hamadé se demande aussi si Téhéran possède des missiles capables de contrebalancer la menace des avions de guerres israéliens et américains, réputés pour être les plus performants dans la région. Il fait valoir que la Russie (alliée de l’Iran en Syrie et en Ukraine) possède ces moyens; des radars et une énorme quantité de missiles antiaériens dont l’efficacité a été prouvée sur les champs de batailles en Ukraine. Mais Moscou va-t-elle les livrer à la République islamique? Le cas échéant, acceptera-t-elle de les voir entre les mains du Hezbollah? Autant d'interrogations auxquelles le général Hamadé répond:  «De toute façon, si la Russie avait l’intention de fournir de telles armes au Hezb, elle les aurait livrées aux Gardiens de la Révolution ou au régime syrien alors que l’aviation israélienne bombarde régulièrement des cibles en Syrie». En tout état de cause, l'utilisation de ces armes nécessite l’approbation du Kremlin. Ce qui est valable au Liban».
Dans cet ordre d’idées, le général Hamadé estime que cet incident est «exploitable» au niveau local. «Il s’inscrit dans le cadre des déclarations médiatiques du parti qui visent à affirmer que le Hezb est capable de "protéger" le Liban et de provoquer un changement qualitatif dans sa confrontation avec l’Etat hébreu. Il a aussi pour but d'intensifier le ralliement de son public à sa cause». Et le général de répéter: «Il est encore tôt pour savoir si cet incident et ces armes sont capables de changer la donne; il faut du recul et de la rigueur.»
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