Tour de France: le coup de maître de Tadej Pogacar
©Le coureur slovène Tadej Pogacar lors de sa victoire sur la 14e étape du Tour de France à Saint-Lary-Soulan samedi. Marco Bertorello/AFP
Tadej Pogacar a pris une option sur la victoire finale dans le Tour de France après avoir fait craquer Jonas Vingegaard samedi au Pla d'Adet à l'issue d'un coup de maître tactique improvisé.

Le maillot jaune avait annoncé qu'il allait se contenter de suivre lors de cette première étape dans les Pyrénées. C'était donc du bluff car le Slovène a évidemment fait tout le contraire pour dynamiter la course avec sa septième attaque depuis le début du Tour.

Accélérant à cinq kilomètres du sommet, après avoir placé Adam Yates, son meilleur lieutenant chez UAE, à l'avant, il a franchi la ligne en solitaire avec 39 secondes d'avance sur son grand rival danois.

Il possède désormais 1:57 d'avance sur Vingegaard au général, un matelas pas encore décisif mais tout de même très confortable avant une deuxième journée dans les Pyrénées encore plus dure dimanche.

"C'est une excellente nouvelle, c'est mieux qu'espéré", a-t-il réagi après avoir franchi l'arrivée dans un cri de rage, muscles bandés.

Le Belge Remco Evenepoel a coupé la ligne en troisième position, à 1:10 du vainqueur et rétrograde à la troisième place du général, à 2:22 du maillot jaune.

C'est la 13e victoire d'étape dans le Tour de France pour Pogacar, vainqueur du général en 2020 et 2021, qui rêve de récupérer son trône après avoir été devancé par Vingegaard lors des deux dernières années.

"C'était de l'improvisation"

Et c'est sur un coup figurant dans les meilleurs manuels du cyclisme qu'il a posé les bases de sa reconquête en lâchant ses rivaux dans les pourcentages les plus raides de la première arrivée au sommet de cette 111e édition.

Se portant à hauteur d'Adam Yates à sept bornes du but, au milieu du brouhaha d'une foule compacte, il a dit au Britannique d'attaquer avec, comme il l'a expliqué, un triple objectif: "aller viser la victoire d'étape, tester les adversaires pour voir s'ils sont rôtis, et éventuellement servir de point d'appui si je décidais d'y aller moi-même."

Yates était un peu incrédule sur le moment. "Quand il m'a dit d'y aller, je me suis dit: comment ça ? Ce n'était pas vraiment le plan au départ. Mais avec Tadej on ne sait jamais vraiment quel sera le plan", a rapporté le grimpeur britannique, hilare.

"C'était de l'improvisation, a confirmé Pogacar. Je misais plus sur un sprint pour grappiller peut-être quelques bonifications. C'est beaucoup mieux comme ça."


"Quand Adam a attaqué, Visma devait rouler et moi j'ai pu bénéficier d'un relais. Adam s'est +tué+ pour moi et je l'en remercie. L'équipe dans son ensemble a été incroyable et je dédie cette victoire à mes coéquipiers", a ajouté le Slovène qui a notamment pu compter sur un grand Nils Politt emmenant tout le peloton dans le Tourmalet.

"Une master class", a applaudi leur directeur sportif Joxean Fernández Matxín.

Yates, "déjà bien cramé" n'a pas pu aider longtemps son leader très longtemps.

"Trop fort"

Mais le coup de maître tactique avait porté ses fruits. Car une fois avalé le dernier échappé, l'Irlandais Ben Healy qui avait lâché David Gaudu au pied de la dernière ascension, Pogacar a progressivement creusé son avantage sur Vingegaard.

Contrairement à l'étape du Lioran, le Danois n'a cette fois pas réussi à colmater la brèche. Au contraire, le leader de Visma a perdu pied dans les deux derniers kilomètres, signe que sa forme n'est peut-être pas encore si reluisante après sa grave chute au Tour du Pays basque début avril.

"Jonas avait de bonnes jambes aujourd'hui, mais Tadej a juste été le plus fort", a commenté sobrement le directeur sportif de Visma, Grischa Niermann.

"Il y a encore sept jours de course et on doit essayer de renverser la vapeur, a-t-il ajouté, mais il faut admettre qu'à l'heure actuelle, Pogacar semble incroyablement fort."

Après cette 13e victoire dans le Tour, "un rêve dont on ne se lasse jamais", Pogacar se rapproche de son objectif de réaliser un doublé Giro-Tour inédit depuis 1998.

"C'est un avantage important, mais on ne sait jamais" a-t-il prudemment déclaré. "Le Tour de France est encore long, on commence à peine les étapes de haute montagne."

Mais Remco Evenepoel, rivé sur son objectif de podium, a résumé le sentiment général samedi soir au Pla d'Adet lorsque, interrogé sur sa perte de temps par rapport à Pogacar, il a lâché: "je m'en fous, il est trop fort."

Avec AFP
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