Présidentielle: sur quoi mise Bassil?
De sa seconde réunion, mercredi, avec le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, le Parti socialiste progressiste (PSP) se dit «satisfait».

La première s’était tenue le 4 juin, lorsque le PSP avait lancé son initiative pour un déblocage de la présidentielle, qui repose sur la tenue d’un dialogue préalable, une condition que la Constitution ne prévoit pas, mais que le président de la Chambre, Nabih Berry, pose et exige pour convoquer une réunion électorale. La dernière tentative électorale remonte au 14 juin 2023.

La seconde rencontre s’inscrit dans le cadre de l’initiative menée à son tour par le CPL, mais qui ne diffère pas trop de celle du PSP, puisqu’elle repose elle aussi sur le principe d’un dialogue.

«Nous sommes convenus d’élargir le cercle de la participation pour qui veut mettre la pression en faveur de la tenue de réunions parlementaires pour l’élection d’un président», a déclaré à l’issue de la rencontre, Hadi Aboul Hosn, député du PSP.

Les deux initiatives ont été lancées au lendemain de la dernière visite de l’émissaire spécial du président français pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, et après l’échec de celle du bloc parlementaire de la Modération nationale. L’action de ce bloc, rappelle-t-on, se recoupait avec celle des représentants diplomatiques du quintette (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte et Qatar) qui l’avaient avalisée, sauf qu’elle s’était heurtée à l’intransigeance des deux camps opposés: Amal-Hezbollah qui plaide en faveur d’un consensus, mais à travers un dialogue qui devrait être exclusivement présidé par Nabih Berry et celle de l’opposition qui insiste sur le respect des règles constitutionnelles.

Après le PSP, Gebran Bassil veut donc se poser en médiateur. Un entretien avec le Hezbollah est prévu dans les prochains jours. M. Bassil aura ainsi finalisé sa tournée après avoir engagé des discussions, lundi, avec le président de la Chambre et les forces de l’opposition (Forces libanaises, Kataëb, députés du Renouveau et de la Coalition du changement).

Il devrait dresser, jeudi, le bilan final de ces discussions, a indiqué mercredi la MTV. Mais pour dire quoi, puisqu’on est toujours au même point… mort?

Dans ce contexte, il est légitime de s’interroger sur le point de savoir pourquoi Gebran Bassil n’a pas attendu la fin de la tournée du PSP auprès des différentes forces politiques avant de bouger à son tour, au moins pour proposer une approche différente de celle du parti que préside Teymour Joumblatt.


Pour le chef du CPL, l’objectif principal, à en croire ses dires, serait d’établir une feuille de route pour ouvrir la voie à un dialogue ou des concertations limitées dans le temps.

Or, on le sait, cette proposition n’est pas écartée par l’opposition, qui exige, toutefois que ces consultations se tiennent sans condition préalable et sans qu’elles soient présidées par le chef du législatif.

Gebran Bassil qui s’était rapproché de l’opposition, mais seulement pour soutenir la candidature de l’ancien ministre Jihad Azour, face à celle du chef des Marada, Sleiman Frangié, appuyé par Amal et le Hezbollah, s’est écarté ainsi de celle-ci, pour ce qui a trait au dialogue.

Il considère qu’exceptionnellement, et compte tenu de la situation actuelle dans le pays, la forme selon laquelle les consultations se tiendraient n’a aucune importance. L’important, à ses yeux, est que cette procédure ne devienne pas une règle. Une affirmation qui contredit cependant un principe que prônait l’actuel chef du CPL, en 2018 et qui est exactement celui de l’opposition: «Certes, l’entente politique entre les dirigeants est importante, mais elle ne se place pas au-dessus de la Loi fondamentale», avait-il alors insisté, dans le cadre d’un entretien, avant de poursuivre: «En fin de compte, notre dernier et seul recours, ce sont les lois et la Constitution.» M. Bassil amorce-t-il un changement de cap? Aurait-il eu des promesses quelconques de la part du tandem, pour prendre, encore une fois, le contrepied d’un principe qu’il prônait, il y a quelques années? Le tandem cherche-t-il à créer une force de pression contre l’opposition, en attirant de nouveau le chef du CPL dans son camp?

Selon des sources du CPL, le rétablissement des relations avec le chef du Parlement permettrait aujourd’hui un changement de la donne. De mêmes sources, on confirme que le parti ne s’oppose pas au dialogue tel que voulu par le tandem Amal-Hezbollah qui reste accroché à la candidature de Sleiman Frangié. Le parti orange pourrait-il appuyer ce dernier? «Non», souligne-t-on de même source. La tendance serait plutôt d’aller vers d’autres noms, plus «consensuels», différents de ceux préconisés précédemment par tel ou tel camp, à savoir MM. Azour et Frangié.

En essayant de prendre ses distances par rapport à l’opposition, le député de Batroun jouerait-il le jeu du tandem qui cherche à jeter la balle dans le camp de celle-ci, la présentant comme étant celle qui entrave le processus d’élection d’un nouveau chef de l’État?

Selon certaines sources, il faut attendre les résultats des trois initiatives, à savoir celles du CPL, de la Modération nationale et du PSP, avant d’avancer des conclusions hâtives.
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