Raï: Nous ne voulons pas être les boucs émissaires d'une culture de la mort
Face à un Hezbollah dont la politique repose sur «l’Iran et la résistance d’abord» ou encore l’idée que «tout ce qui est bon pour la résistance est bon pour le Liban», de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer cette anomalie sans nom.

Au cours de son homélie dominicale, à Bkerké, le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a ainsi stigmatisé l’aventure meurtrière et destructrice dans laquelle la formation pro-iranienne a entraîné les Libanais, malgré eux, «pour soutenir le Hamas face à Israël», suscitant de vives réactions des partisans du Hezbollah sur les réseaux sociaux.

«Permettez-moi de le crier haut et fort: je refuse de constituer, avec ma famille, des otages, des boucliers humains et des boucs émissaires de politiques libanaises ratées et d’une culture de la mort qui n’a entraîné, pour le Liban, que des victoires fictives et des défaites assourdissantes», a déclaré Mgr Raï, en lisant un passage d’une lettre envoyée par un habitant d’un des villages de la bande frontalière. Une allusion à peine voilée à la guerre destructrice de 2006, provoquée par le Hezbollah qui s’était targué par la suite d’une «victoire divine». À l’époque, son chef, Hassan Nasrallah, avait justifié par ces mots ubuesques les motivations de cette guerre dont le bilan avait été de 1.200 morts, plus de 4.000 blessés et un million de déplacés, sans oublier la destruction de l’infrastructure libanaise: «Faire échouer le projet d’un grand État israélien».

Les Libanais craignent aujourd’hui que l’histoire se répète: «Ils nous écrivent: Nous subissons les pressions psychologiques de la guerre, et nos nerfs sont durement éprouvés par l'horreur des raids quotidiens et le bruit des obus. Nos enfants sont privés de moyens de divertissement et d’éducation en raison de la fermeture forcée de nos écoles, imposée par la guerre», a poursuivi le patriarche, reprenant le contenu de la même lettre.

«Les habitants des villages frontaliers du Sud nous font ainsi part de leur douleur face au manquement de l’État à ses devoirs et responsabilités à leur égard», s’est désolé Mgr Raï, se faisant également l’écho de «l'ampleur du chaos et de l'anxiété qui résultent de cette amère réalité».


Le patriarche a dans ce contexte rappelé que «la fonction de l'État et des responsables est de servir le citoyen en lui fournissant les moyens d'une vie décente et d'un développement personnel». Il a fait part de sa «consternation de voir le peuple libanais dans un état d’humiliation, de pauvreté et de régression sociale, économique et financière». «Cela n’est toutefois pas étonnant, compte tenu du fait que notre État, sans président, est devenu la proie des corrompus qui s’emploient par tous les moyens à empêcher l'élection d'un président de la République pour avoir le temps de rogner ses finances et ses institutions, en instaurant un chaos qui permet aux parties influentes de faire passer ce qui est illégal, grâce à un excès de force», dans ce qui semble être une accusation directe au Hezbollah.

Enfin, le patriarche maronite a fermement dénoncé «la fermeture des registres fonciers au Mont-Liban, sous prétexte de l’arrestation de certains de leurs employés, alors que le travail des citoyens est perturbé».

Comme à chaque fois que le patriarche fait allusion au Hezbollah et à ses agissements, le mufti jaafari, Ahmad Kabalan, porte-parole officieux du tandem Amal-Hezbollah, s’est empressé de répondre à «certains learderships», jugeant «honteux de s’en prendre à ceux qui se sacrifient pour le pays et son peuple».

Il a aussi répondu, dans le cadre d’une longue tirade-hommage au Hezbollah, aux critiques relatives à «la culture de la mort», estimant que celle-ci est «le fait de ceux qui ne se soucient pas du pays, de sa souveraineté, du massacre d’un peuple et des commandements célestes».
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