Irak: une frappe américaine tue deux combattants proches de l'Iran
©(AFP)
Une frappe me,ée par les États-Unis a tué deux membres du Hachd al-Chaabi, une coalition de groupes principalement affiliés à l’Iran, jeudi 4 janvier. Cette attaque intervient probablement en réponse à celles visant les bases de la coalition internationale en Irak.

Un chef et un autre membre du groupe armé pro-iranien Hachd al-Chaabi ont été tués en plein Bagdad, jeudi, par une "frappe de drone" américaine. Il s’agit d’un nouvel incident en Irak, pays touché par les répercussions de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien à Gaza.

Le gouvernement irakien a, pour sa part, évoqué une «agression» perpétrée par la coalition internationale antijihadiste, sans toutefois pointer du doigt Washington nommément.

Ces dernières semaines, les groupes armés du Hachd al-Chaabi irakien ont été, à plusieurs reprises, la cible de bombardements, dont certains ont été revendiqués par les États-Unis, pays honni des factions pro-iraniennes pour leur soutien à Israël dans le conflit déclenché le 7 octobre après l’attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien.
Contexte régional tendu

La frappe «de drone» de jeudi a visé «un centre de soutien logistique du Hachd al-Chaabi» dans l’est de la capitale irakienne, a indiqué un responsable sécuritaire sous couvert d’anonymat, précisant que «deux membres (du Hachd al-Chaabi, ndlr) avaient été tués et sept autres blessés».

«Le commandant adjoint des opérations pour Bagdad, Mushtaq Talib al-Saïdi est tombé en martyr dans une frappe américaine», a précisé le mouvement Al-Nujaba, l’une de ces factions pro-iraniennes et farouchement anti-américaines, dans un communiqué.

Une source au sein du Hachd al-Chaabi a confirmé ce bilan et attribué la frappe aux forces américaines.

"Cette frappe a été effectuée en état de légitime défense. Aucun civil n'a été blessé. Aucune infrastructure ou installation n'a été touchée", a déclaré un responsable de la défense américaine dans un communiqué publié dans la soirée de jeudi.

Cette attaque intervient au lendemain du quatrième anniversaire de la mort de Qassem Soleimani, ex-architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient, tué par une attaque de drone américaine en janvier 2020 à Bagdad.

Elle survient dans un contexte régional très tendu depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, et deux jours après l’élimination d’un haut responsable du mouvement islamiste palestinien dans une frappe près de Beyrouth, attribuée à Israël.

Sur des vidéos diffusées sur une chaîne Telegram proche du Hachd al-Chaabi, on pouvait voir de la fumée s’élever dans le ciel depuis le bâtiment situé dans la rue Palestine, une artère commerçante et très fréquentée de Bagdad.

Le site de l’attaque, entouré de murs, était bouclé et gardé par des troupes du Hachd al-Chaabi qui en interdisaient l’accès aux journalistes, selon un photographe de l’AFP.

«Escalade et agression dangereuses»

Le gouvernement irakien du Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani a qualifié d’«escalade et d’agression dangereuses» cette frappe dont il a rendu la coalition internationale responsable.

Porté au pouvoir par une majorité parlementaire pro-Iran, son gouvernement est contraint de se livrer à un délicat exercice d’équilibriste pour préserver les liens stratégiques unissant son pays à Washington, au premier rang desquels figure la coalition antijihadiste, en place depuis 2014.

Certains partis qui soutiennent M. Soudani sont la vitrine politique de factions du Hachd al-Chaabi, une coalition d’anciens paramilitaires chiites proches de l’Iran et désormais intégrés aux forces régulières irakiennes.

Hadi al-Ameri, l’une des figures du Hachd al-Chaabi, a condamné un «crime odieux commis par les forces américaines criminelles», réclamant le «départ immédiat» de la coalition internationale.

Le Hachd al-Chaabi a été, ces dernières semaines, la cible de plusieurs bombardements en Irak, dont certains revendiqués par les États-Unis.

Les troupes américaines et celles de la coalition internationale antijihadiste déployées en Irak et en Syrie sont visées quasi quotidiennement par des attaques de drones et de roquettes depuis le début de la guerre le 7 octobre entre Israël et le Hamas à Gaza.

La plupart de ces attaques ont été revendiquées par un groupe appelé «Résistance islamique en Irak», nébuleuse formée par des groupes armés affiliés au Hachd al-Chaabi qui s’oppose au soutien américain à Israël.

Depuis le 17 octobre, les États-Unis ont recensé plus d’une centaine d’attaques en Irak et en Syrie contre leurs troupes.

Washington déploie environ 2.500 militaires en Irak et 900 en Syrie, dans le cadre d’un dispositif destiné à lutter contre une éventuelle résurgence des jihadistes du groupe État islamique.

Avec AFP

 
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