Les «avant-gardes du Déluge d’Al-Aqsa»: un message politique à l’OLP et au Liban?

La branche du Hamas au Liban s'efforce de «clarifier» ce qu'elle qualifie de «malentendu» provoqué par son annonce, le lundi 4 décembre, concernant la création du groupuscule des «avant-gardes du Déluge d'Al-Aqsa».
Walid Kilani, porte-parole du groupe au Liban, a tenu à préciser lors d'un entretien avec Ici Beyrouth: «Nous tenons à dissiper la confusion et le malentendu provoqués par notre déclaration. Nous voulons rassurer les Libanais qu'il ne s'agit pas d'un projet militaire ni d'un substitut à la brigade Al-Qassam (aile militaire du Hamas), mais plutôt d'une structure visant à intégrer le grand nombre de jeunes Palestiniens dans les camps au Liban qui sont attirés par le Hamas.»
Il a ajouté que cette initiative constituera un cadre pour les former aux principes politiques, religieux, idéologiques et nationaux du Hamas», a ajouté Kilani.
Selon une source palestinienne proche du Fatah, principale composante de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), le Hamas a gagné en popularité parmi les réfugiés palestiniens au Liban à la suite de l'opération Déluge d’Al-Aqsa.
«Même les membres du Fatah et les dirigeants du mouvement soutiennent le Hamas. Certains dirigeants ont même critiqué la position modérée de l'Autorité palestinienne face aux événements de Gaza, la qualifiant de non éthique et non nationale. Ils estiment que l'Autorité palestinienne devrait soutenir ouvertement le Hamas et s'engager davantage dans la lutte contre Israël», a déclaré la source à Ici Beyrouth.
Selon cette même source, la création des «avant-gardes du Déluge d'Al-Aqsa» vise à transmettre un message politique aux factions palestiniennes, en particulier au Fatah, ainsi qu'aux autorités libanaises.
En effet, ce message concerne la taille et le poids politique du Hamas, impliquant que l'équilibre des pouvoirs qui existait dans les camps avant l'opération Déluge d’Al-Aqsa, où le Fatah était dominant, «n'est plus pertinent».
Cette démarche du Hamas s'adresse également à l'Autorité palestinienne à un moment où l'on parle d'élargir l'OLP pour inclure le groupe islamique et d'organiser des élections pour le Conseil national palestinien.

«Le Hamas a affirmé qu'il aspirait à une part plus significative d'autorité et de pouvoir dans les camps au Liban, ainsi qu’au sein du Conseil national palestinien et de toute autre représentation politique du peuple palestinien en général», a ajouté la source.
L'annonce de la création des «avant-gardes du Déluge d'Al-Aqsa» avec pour mission «de libérer Jérusalem et la mosquée Al-Aqsa» a suscité des inquiétudes et des condamnations de la part des politiciens libanais et de la majorité de la population libanaise, ravivant les douloureux souvenirs du «Fatahland», lorsque les guérilleros de l'OLP pouvaient utiliser le sud du Liban comme base arrière pour lancer des attaques contre Israël.
Selon Kilani, le timing de l'annonce est lié à la guerre en cours à Gaza qui a éclaté à la suite de l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël, provoquant la mort d'environ 1.200 Israéliens et ressortissants étrangers le 7 octobre.
«À la suite de l'opération, le Hamas a gagné une grande popularité parmi les réfugiés palestiniens des 12 camps du Liban, en particulier parmi les jeunes. Des dizaines viennent nous demander de participer à la libération de la Palestine. Nous avons pensé que les avant-gardes du Déluge d'Al-Aqsa sont le meilleur cadre pour les accueillir et les mobiliser socialement et politiquement», a souligné Kilani.
Toutefois, ce dernier a nié toute tentative du Hamas de répéter les expériences passées, comme le «Fatahland» dans le sud du Liban, soulignant que la participation du Hamas aux affrontements aux côtés du Hezbollah dans le sud était davantage un geste symbolique de solidarité envers Gaza et a été fait sous l'égide du parti soutenu par l'Iran.
«La participation du Hamas n'était pas destinée à intensifier les confrontations dans le sud ni à entraîner le Liban dans une guerre ouverte», a-t-il expliqué. Cependant, il a ajouté que dans le cas d'un «conflit ouvert» avec Israël, tous ceux «présents sur le territoire libanais» seraient appelés à rejoindre le combat.
Tout en niant l'existence de camps d'entraînement militaire dirigés par le Hamas à l'intérieur des camps de réfugiés palestiniens au Liban, la source pro-Fatah a souligné que «tout le monde sait qu'ils s'entraînent au Liban, probablement dans la Bekaa», dans des zones contrôlées par le Hezbollah.
Interrogé sur la taille de la présence armée du Hamas et du Jihad islamique au Liban, la source a déclaré: «Personne ne connaît leur taille. C'est un secret jalousement gardé.»
 
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