L’éditorial – L’annonce du Hamas: le double langage

Un grave faux pas… Aussi bien dans la forme que sur le plan du principe. Le porte-parole du mouvement Hamas au Liban a ainsi jugé bon, mardi (sur les conseils de qui?) de clarifier, avec maintes circonvolutions verbales, l’annonce faite la veille portant sur la formation des «Avant-gardes du Déluge d’Al-Aqsa».
Le responsable fondamentaliste palestinien a cherché ainsi à nous convaincre qu’il a été «mal compris»! « Il ne s’agit pas d’une formation paramilitaire et aucune action de résistance ne sera entreprise à partir du Liban», a-t-il affirmé, précisant que le but est de «développer la personnalité des jeunes dans le but de les impliquer dans le projet de lutte contre l’occupation dans l’intérêt des deux peuples libanais et palestinien»! La chose et son contraire… Car dans la pratique, le Hamas se livre bel et bien, sans s’en cacher, à des tirs de missiles à partir du Liban-Sud contre le territoire israélien, sans se soucier outre mesure des répercussions sur «le peuple libanais», du fait des raids de représailles qui visent les villages du Liban-Sud. Le Hamas a même fait état publiquement il y a quelques jours de la mort d’un milicien de nationalité turque tué en combattant dans ses rangs à la frontière avec Israël.
Lentement, mais de plus en plus sûrement, l’organisation palestinienne fondamentaliste s’emploie à imposer manu militari sa présence armée au Sud, parallèlement à celle d’une autre formation encore plus intégriste, le Jihad islamique. Un remake, plus chaotique et beaucoup plus incontrôlable, de la funeste situation dans laquelle a été entrainé le Liban au début des années 1970 et qui a conduit à une interminable guerre dévastatrice dont les effets se poursuivent jusqu’à aujourd’hui.

 À l’époque des années 70, l’État libanais existait encore, malgré les nombreux coups de boutoir dont il était la cible. Aujourd’hui, par contre, l’État n’est plus qu’une épave soumise, de surcroît, au diktat de son fossoyeur qui poursuit inexorablement depuis 2005, prenant la relève de l’occupation syrienne, sa stratégie de déconstruction de l’État, du système libanais dans son ensemble, et des principaux secteurs vitaux socio-économiques du pays.
Avant l’ère iranienne, il s’était trouvé un Premier ministre, feu Rafic Hariri, qui avait eu le courage politique d’interdire sans hésitation l’entrée en territoire libanais, en décembre 1992, de plus de 400 responsables et cadres du Hamas, conduits par un médecin de Gaza, le Dr Abdel Aziz Rantissi, qu’Israël avait décidé d’expulser vers le Liban. Les cadres palestiniens étaient restés bloqués dans le froid et la neige pendant de longs mois dans le no man’s land entre le Liban et Israël. L’État hébreu avait été contraint de faire marche arrière dans cette affaire. Aujourd’hui, notre Premier ministre sortant se plait à crier sur tous les toits son impuissance, réaffirmant une lapalissade, certes, à savoir que la décision de guerre et de paix n’est pas entre ses mains, mais oubliant qu’il est chef du gouvernement et non pas un simple responsable ou analyste politique, et que, de ce fait, son devoir est de n’épargner aucun effort, de mobiliser tous azimuts ce qui reste comme moyens officiels, pour tenter d’obtenir un retour à la résolution 1701 du Conseil de Sécurité.
Alors que le peuple libanais a payé pendant plus d’un demi-siècle un très lourd tribut du fait du conflit israélo-palestinien, avec les retombées actuelles qui ont anéanti le Liban à tous les niveaux, il se trouve présentement des cadres et des responsables – irresponsables – qui demandent encore aux Libanais de se plier à d’autres nouvelles longues années d’épreuves et de sacrifices. Avec pour seul réel objectif de faire le jeu d’une puissance régionale et de son suppôt local qui, en réalité, n’en ont cure de la cause palestinienne…          
 
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