Catherine Colonna lundi à Beyrouth
©(ALAIN JOCARD / AFP)
La cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, est attendue lundi à Beyrouth, deuxième étape d'une tournée régionale qu'elle a entamée dimanche, en Israël.

L'objectif de la tournée de Mme Colonna est double: politique et humanitaire. La France veut éviter une exacerbation du conflit militaire entre Israël et le Hamas et empêcher qu'il s'étende au Liban. Elle cherche également à obtenir, à Gaza, l'ouverture de couloirs humanitaires pour que les Palestiniens réfugiés au sud de l'enclave, puissent être approvisionnés en produits de première nécessité.

La ministre française sera reçue à 16h par le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a annoncé le bureau de presse du gouvernement d'expédition des affaires courantes. Le reste de ses rendez-vous n'a pas été annoncé.

Samedi, la présidence française avait insisté sur le fait que le Liban doit "rester à l'écart du conflit" entre Israël et le Hamas, jugeant "très préoccupante" la situation explosive à la frontière sud. "Le Hezbollah et les Libanais doivent impérativement faire preuve de retenue pour éviter d'ouvrir un second front dans la région", dont "la première victime sera le Liban", avait averti l'Élysée, en insistant sur le fait qu'"il ne faut donner aucun prétexte pour que le Liban bascule une nouvelle fois dans la guerre, d'autant que le pays est extrêmement fragilisé par l'absence d'autorités
fonctionnelles" à sa tête depuis de longs mois.

Ce sont ces messages que Mme Colonna doit relayer aux responsables libanais durant sa visite à Beyrouth.

Sa tournée intervient au lendemain de celle du ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, qui, s'était rendu en Irak, en Syrie et au Liban, pendant que son pays multipliait les mises en garde contre Israël. M. Abdollahian avait notamment estimé qu’une escalade de la guerre entre Israël et le Hamas entraînerait l’ouverture de nouveaux fronts, en allusion à celui du sud, mais qu' "il appartient au Hezbollah, de décider de la conduite à suivre au cas où les actes criminels d’Israël se poursuivraient".

 

La mise en garde de Macron à Raïssi

Cette intervention iranienne a été vivement critiquée par Paris, pour qui Téhéran devrait "s'abstenir d'ajouter aux tensions et de soutenir le Hamas". Le président français, Emmanuel Macron a d'ailleurs mis en garde dimanche "le président iranien, Ebrahim Raïssi, "contre toute escalade" du conflit qui s'étendrait au Liban, durant un entretien téléphonique qu'il a eu avec lui.


Dimanche, Catherine Colonna a rencontré en Israël des responsables politiques dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, selon l'AFP qui cite l'entourage de la ministre française. "Face au risque d'embrasement de la région, il est essentiel que la communauté internationale passe des messages convergents à tous pour que l'esprit de responsabilité l'emporte", a déclaré Catherine Colonna à l'AFP.

La ministre française a par ailleurs eu un entretien téléphonique avec le président Isaac Herzog à qui elle a redit l'amitié et la solidarité de la France. Elle a aussi évoqué le respect du droit international humanitaire et la protection des civils.
Elle a également échangé avec le chef de l'opposition israélienne, Yaïr Lapid ainsi qu'avec des organisations internationales, des ONG ainsi que des représentants religieux.
La ministre a par ailleurs eu deux entretiens téléphoniques avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. "Dans la situation humanitaire dégradée dans la bande de Gaza, il est extrêmement important qu'Israël permette la fourniture par les Nations Unies d'eau, de nourriture, de biens de première nécessité aux populations palestiniennes qui se sont déplacées vers le sud", a-t-elle dit à l'AFP.

Mme Colonna s'est rendue avec son homologue israélien Eli Cohen à l'hôpital d'Ashkelon, à une quinzaine de kilomètres de la bande de Gaza, pour rencontrer des victimes de l'attaque sanglante lancée le 7 octobre par le Hamas.

La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna et le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen  visitent le centre médical Barzilai endommagé dans la ville d'Ashkelon le 15 octobre 2023 (Photo par ALAIN JOCARD / AFP)

 

"J'ai voulu venir à l'hôpital (...) car c'est une façon de témoigner de la solidarité de la France avec Israël qui a subi une attaque terroriste monstrueuse, une façon aussi de dire que la France partage la peine du peuple israélien car elle sait aussi le prix du terrorisme", a souligné la ministre française rappelant que ces attaques ont fait 17 victimes françaises, selon un bilan provisoire.

Catherine Colonna a également fait part des "témoignages déchirants" que des familles ont partagé avec elle tout en voulant voir une lueur d'espoir dans ces enfants soignés à l'hôpital: "soigner les enfants, c'est aussi une façon de se tourner vers l'avenir".

Avec AFP
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