Faire campagne en prison? Trump pourrait, d'autres l'ont fait
©Un manifestant se tient devant le palais de justice américain E. Barrett Prettyman à Washington, DC, le 3 août 2023, avant la mise en accusation de l'ancien président américain Donald Trump. (Photo Stefani Reynolds / AFP)
Bien que loin d'être concrète, l'hypothèse de voir Donald Trump faisant campagne derrière les barreaux comment à voir le jour. Cela ne constituerait toutefois pas une première: deux précédents existent dans l'histoire politique américaine. Retour sur deux candidats incarcérés ayant fait couler l'encre aux Etats-Unis.

Donald Trump faisant campagne derrière les barreaux? Malgré les affaires qui l'assaillent de toutes parts, il s'agit d'une perspective encore très incertaine. Mais pas d'une hypothèse fantaisiste: dans l'histoire des Etats-Unis, deux hommes l'ont déjà fait.

Ces pionniers sont Eugene V. Debs et Lyndon LaRouche. Et, sur leur modèle, M. Trump, qui a comparu jeudi devant une juge à Washington, l'a affirmé: même s'il est condamné, il ne mettra pas fin à sa campagne.

De fait, selon des experts, rien dans la Constitution ne l'en empêche.

Voici l'histoire du leader syndicaliste et du polémiste d'extrême droite qui ont défrayé la chronique électorale.
Debs l'anti-capitaliste

Son nom n'évoque plus grand-chose pour le grand public aujourd'hui, mais Eugene V. Debs, né en 1855, était à son époque une célèbre personnalité politique dont les faits et gestes faisaient la une des journaux.

Et il reste une figure marquante pour les militants de gauche américains. Le sénateur Bernie Sanders, l'un de ses admirateurs, a même réalisé un documentaire en 1979 sur cet ardent anti-capitaliste qui a sillonné le pays pour défendre les droits des travailleurs.

Eugene V. Debs fut cinq fois le candidat des socialistes à l'élection présidentielle. C'est pour celle de 1920 qu'il se présenta depuis une cellule à Atlanta.

Car il avait été condamné à dix ans de prison, accusé d'avoir appelé à l'été 1918 à résister à la conscription pour la Première Guerre mondiale.

"J'ai été accusé de faire obstruction à la guerre. Je le reconnais. Messieurs, je hais la guerre", avait-il lancé au jury pendant son procès.

Le "détenu numéro 9653" finit par remporter plus de 900.000 votes cette année-là. Sa sentence est commuée en 1921 et il est libéré, avant de s'éteindre cinq ans plus tard.

LaRouche le complotiste

Lyndon LaRouche a brigué la Maison Blanche pas moins de huit fois, se présentant à chaque élection de 1976 à 2004.

Polémiste d'extrême droite et adepte des théories du complot né en 1922, il a débuté sa carrière politique après la Seconde Guerre mondiale à l'extrême gauche, avant de fonder le Parti américain des travailleurs sous la bannière duquel il s'est présenté en 1976.

Plus tard, celui qui est mort en 2019 à 96 ans s'est lancé dans la course en tant que démocrate (au grand dam du parti) ou indépendant.

Au cours de sa vie, il a évolué vers les thèses d'extrême droite et a souvent été accusé d'antisémitisme, ce qu'il démentait. Climato-sceptique, il défendait nombre de théories conspirationnistes, comme celle selon laquelle la reine d'Angleterre était impliquée dans le trafic de drogue ou qu'Henry Kissinger était un "agent d'influence" des Soviétiques.

A la fin des années 1980, Lyndon LaRouche fut condamné à 15 ans de prison pour fraude fiscale. Ce qui ne l'empêcha pas de se présenter à l'élection de 1992 depuis sa prison fédérale.

Il enregistra des messages sur l'économie ou l'éducation qui furent diffusés pendant qu'il était dans sa cellule.

Il n'obtint qu'un peu de plus de 26.000 voix au scrutin.

Un proche de Donald Trump, Roger Stone, l'a par le passé qualifié d'"homme bien", et a dit "bien connaître la pensée extraordinaire et prophétique de Lyndon LaRouche".

iba/seb/

© Agence France-Presse
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