À un an des JO, friture sur la ligne au sein du sport de haut niveau français
©Claude Onesta s'adresse au président Emmanuel Macron sous le regard du patron de Paris-2024 Tony Estanguet le 9 janvier 2019 à Créteil près de Paris. Ludovic Marin/AFP/Archives
À un an des JO-2024 à Paris, le message semble passer de moins en moins bien entre le patron du haut niveau du sport français Claude Onesta et certains des principaux cadres des fédérations.

Plusieurs se sont étonnés de l'absence des directeurs techniques nationaux (DTN) lors du séminaire du sport français organisé lundi à l'Insep. Il fallait y voir un signe, celui d'une rupture de certains d'entre eux avec l'ex-sélectionneur de l'équipe de France masculine de handball, selon plusieurs sources proches du mouvement sportif.

"Il faut que l'on se rende compte du climat de tension qu'il peut exister entre nous et Claude Onesta et l'ANS (Agence nationale du sport), ça ne va pas du tout. Le courant ne passe plus", confirme l'un des trente-quatre DTN français sous couvert d'anonymat. "La rupture de confiance est totale avec les DTN", assène un autre, là encore, qui préfère rester anonyme.

"Je n'ai jamais été saisi d'un quelconque souci, je n'ai aucun problème avec les DTN. Si quelques-uns d'entre eux ne sont pas forcément contents, je les invite à venir me voir pour en parler, ma porte est toujours ouverte", a assuré à l'AFP Claude Onesta. "La plupart des DTN me remercient plutôt pour ce que l'on fait pour eux", ajoute-t-il, reléguant cette fronde à quelques-uns.

"Pas de commentaire, pour l'instant", a réagi Ludovic Roye, qui préside l'association des DTN (ASDTN).

Les Jeux olympiques à Paris (26 juillet - 11 août 2024) se rapprochent à grand pas, et les objectifs fixés par Emmanuel Macron de terminer dans les cinq premières nations pour ces JO à domicile semblent rendre nerveux nombre d'acteurs du sport français.

"Rupture de confiance"

Plusieurs fédérations ont traversé récemment des crises profondes (football, rugby, patinage, gym...), tout comme le comité olympique français (CNOSF) qui, après plus d'un an et demi de psychodrame, a élu à sa tête le président de l'UCI (Union cycliste internationale) et membre du CIO David Lappartient pour tenter d'y mettre fin.

Le mouvement d'humeur de certains DTN, ces courroies de transmission de la politique sportive dans leurs fédérations, ajoute une autre dimension à cette ambiance tendue.


Installé à la tête de la haute performance au sein de l'ANS, instance qui chapeaute notamment le sport de haut niveau, Claude Onesta est chargé de la mise en musique de la réussite du sport français pour ces JO. Une tâche éminemment complexe pour ce sélectionneur à succès du hand français, au caractère bien trempé, qui peut parfois créer des crispations.

Lors d'une réunion jeudi dernier du comité de pilotage (Copil) "Gagner en France", les divergences de vue entre l'association des DTN et Onesta ont été étalées au grand jour, selon plusieurs sources. Présence ou non de certaines fédérations au sein du village olympique, aides financières que certains espèrent mais ne voient pas venir: les deux camps ont semblé très éloignés.

De façon plus globale, certains reprochent à Claude Onesta des méthodes parfois abruptes, des choix arbitraires, relevant à fois du fonctionnement même de l'ANS mais aussi de celles de son patron.

"Les décisions sont prises collégialement, je ne suis pas seul. C'est un fantasme de croire que je décide de tout. Je peux comprendre que quand certaines décisions ne vont pas dans leur sens, cela crée des mécontents. Mais c'est notre rôle", assume celui qui avait guidé les handballeurs français vers deux médailles d'or olympiques (2008, 2012).

"Nervosité"

"C'est vrai que Claude n'est parfois pas facile, mais il faut relativiser. Il y a un noyau dur de DTN un peu remonté, mais pas tous. Les JO approchent et la nervosité gagne tous les étages", nuance un cadre de l'Agence.

Certains sujets fâchent effectivement, et principalement l'aspect financier, puisque c'est via l'ANS, qui dispose d'un budget de près de 460 millions d'euros cette année, que les fonds transitent vers les fédérations.

"On a des divergences de vue avec lui, sur la façon dont l'argent est distribué. Certains n'ont eu leur budget 2023 que début juillet, c'est n'importe quoi", déplore un autre DTN sous couvert d'anonymat.

"Il y a aussi ces décisions arbitraires qui tombent sans explication", regrette un autre, notamment sur l'attribution des fonds liés au contrat de performance. "Certains DTN ont appris par mail une baisse de leur budget et basta", explique ce DTN.
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