Un concert de chants présenté pat une chorale française à Paris samedi prochain au profit du Bureau libanais pour la recherche en surdité et des institutions membres du BLRS fournit l’occasion de sensibiliser l’opinion au sujet de l’action d’accompagnement dont devraient bénéficier l’enfant sourd et son environnement familial.
La chorale française Sankofa Unit présentera samedi prochain, 15 janvier, un concert spécial, le concert du Nouvel An à l’occasion de la nouvelle année, au profit du Bureau libanais pour la recherche en surdité et des institutions membres du BLRS. Le concert aura lieu à 19 h 45 (heure de Paris) en l’église Notre-Dame d’Alfortville (3 rue Louis Cuillerier – Alfortville ; réservations des billets : toumafabienne.ft@gmail.com ; la somme récoltée sera répartie entre les institutions membres du BLRS en vue d’un soutien pour l’année scolaire en cours).
Le BLRS est une association à but non lucratif fondée à Beyrouth en 2007 en vue de plancher sur la situation sociale, pédagogique, familiale et personnelle des enfants sourds. Il assure également une coordination entre les principales associations et les établissements actifs dans ce domaine (notamment l’Institut Père Roberts ; l’IRAP ; Al-Hady ; LSBD…). Dans le cadre de son action multiple sur ce plan, il a conçu et diffusé des vidéos sur l’impact de l’enseignement en ligne pour les enfants sourds, de même qu’il a mis sur pied, entre autres, une section pour l’accompagnement et le soutien des parents d’enfants sourds (conférences et brochures informatives, rencontres de discussions et groupes de paroles...). Parallèlement, il a organisé une orientation scolaire, universitaire et professionnelle pour les jeunes déficients auditifs, prévoyant des rencontres avec des adultes sourds et, surtout, l’organisation de forums des métiers pour informer les jeunes sourds des perspectives qui s’offrent à eux sur le marché du travail.
Dans le cadre des travaux prévus et exécutés dans ce domaine bien spécifique, comment faudrait-il conceptualiser et organiser les grandes lignes de l’action qui devrait être menée auprès des enfants sourds, dès leur naissance, et auprès de leurs parents et de leur environnement social ?
Force est de relever, d’emblée, qu’à l’annonce du diagnostic de la surdité, l’ensemble du système relationnel de l’enfant est touché, et par conséquent, cette naissance est vécue par les proches comme une perte, une désillusion. Cet enfant tant attendu, pensé et idéalisé devient source de déception, du fait qu’il a une déficience auditive.
La déficience auditive (DA) n’est pas toujours vécue comme une situation difficile par la personne qui en est affectée, à moins qu’on ne la contraigne à la vivre comme telle. Dans l’inconscient collectif, la "différence" est assimilée à un manque souvent irréversible et une délimitation des capacités de la personne qui la porte. Elle est également ressentie par la personne entendant comme un obstacle à la communication et un défi continu "pour comprendre et se faire comprendre".
Aux yeux des parents, en particulier, et de la société, en général, être déficient auditif c’est avoir des capacités cognitives limitées, des difficultés de communication et par conséquent d’insertion sociale et professionnelle.
Cela dit, il n’est pas évident pour les parents de gérer une telle situation, souvent inattendue. Leurs réactions sont diverses, allant de la révolte contre autrui, au déni de la réalité et parfois à la démission de leurs responsabilités en tant que parents. À défaut d’accompagnement, ces manifestations subsistent pendant assez longtemps, générant des signes dépressifs et des conflits relationnels au sein de la famille.
De son côté, le jeune sourd né dans une famille d’entendants se trouve tiraillé entre deux communautés ne sachant à laquelle appartenir. En réponse aux questions "Qui suis-je ?" et "Pourquoi suis-je différent ?", l’idée de l’identifiant apparaît, l’idée du semblable ou du différent. L’enfant sourd va devoir construire une identité qui intègre sa déficience. Le regard que lui porte son entourage proche, en particulier, et la société en général, exerce une influence sur l’image qu’il aura de lui-même. Autrement dit, la construction du "Moi" s’élabore par différenciation et identification successives en rapport avec le milieu dans lequel la personne DA vit.
De l’importance de l’accompagnement
L’accompagnement des parents, l’information et la sensibilisation à la condition de la personne sourde vont aider les parents à apprécier ce que leur enfant est capable de faire, à se retrouver dans leur rôle de "parent" et surtout à comprendre que la surdité ne se soigne pas.
Les solutions alternatives, tant sur le plan technique que psychopédagogique et orthophonique, peuvent aider la personne DA de naissance à une meilleure intégration scolaire, sociale et professionnelle. Celle-ci sera en quête d’une identité qui convienne à sa situation. Faut-il parler d’une identité entendante ou marginale ou d’immersion ou bien d’une identité biculturelle ?
L’identité entendante signifie que la personne DA considère sa surdité comme un stigmate, une différence à éliminer, dans le but de "fonctionner comme un entendant" ; l’identité marginale signifie que la personne DA ne se sent appartenir à aucune des deux communautés (sourd, entendant) et se trouve ballottée entre deux mondes ; l’identité d’immersion c’est lorsque la personne DA exprime sa fierté d’appartenir à la communauté des sourds et rejette, par conséquent, les aides auditives et la langue orale ; l’identité biculturelle reste le meilleur choix parce qu’elle permet à la personne DA de vivre entre les deux cultures et de s’y adapter, du moins en partie.
Le moyen de communication est également un élément identitaire de reconnaissance entre individus semblables. Pour la personne sourde, avoir son propre langage est une marque d’existence et un moyen qui faciliterait la communication avec le monde entendant. L’usage du langage gestuel amorcera également la confiance en soi.
Le cas spécifique du Liban
Au Liban, la vie sociale a constamment été organisée, à travers l’histoire et à tous les échelons, sur une base confessionnelle. Jusqu’à ce jour, nous ne pouvons parler d’une communauté sourde au vrai sens du terme. La langue des signes a pris forme et a eu un sens, entre sourds, avec l’apparition de l’école spécialisée dans les années 1950. Ce fut à l’époque le lieu principal des premiers regroupements de personnes sourdes, mais très vite ces établissements scolaires et instituts spécialisés se sont "refermés sur eux-mêmes", laissant transparaître des querelles et des tiraillements entre le gestuel et l’oralisme. Quant à la langue des signes, elle n’est toujours pas unifiée et chaque institution adopte un langage gestuel différent. Toutefois, les personnes sourdes, quelle que soit leur appartenance institutionnelle, ont développé leur propre langage et c’est à eux qu’il faudrait avoir recours pour construire une langue de signes libanaise.
Cependant, ces établissements restent l’endroit idéal pour les jeunes sourds, du moment où ils offrent un enseignement adapté au degré de la déficience auditive et des compétences jusque-là acquises. L’école inclusive devient plus courante de nos jours, mais elle n’est pas encore en mesure d’offrir au jeune sourd un encadrement satisfaisant tant sur le plan de l’éducation que de l’intégration sociale.
Le projet d’inclusion des enfants déficients auditifs (DA), entre autres, initié par l’Unicef et le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, n’est pas encore performant pour accueillir un nombre élevé d’élèves DA. Plusieurs clauses sont encore en suspens, concernant notamment la préparation du tout venant à accueillir une personne "différente", mais surtout l’aptitude des enseignants à tolérer la présence d’un élève qui nécessite un traitement spécial. Une équipe multidisciplinaire est associée à ce projet pour assurer un suivi et un soutien aux personnes DA.
Comité scientifique du BLRS
La chorale française Sankofa Unit présentera samedi prochain, 15 janvier, un concert spécial, le concert du Nouvel An à l’occasion de la nouvelle année, au profit du Bureau libanais pour la recherche en surdité et des institutions membres du BLRS. Le concert aura lieu à 19 h 45 (heure de Paris) en l’église Notre-Dame d’Alfortville (3 rue Louis Cuillerier – Alfortville ; réservations des billets : toumafabienne.ft@gmail.com ; la somme récoltée sera répartie entre les institutions membres du BLRS en vue d’un soutien pour l’année scolaire en cours).
Le BLRS est une association à but non lucratif fondée à Beyrouth en 2007 en vue de plancher sur la situation sociale, pédagogique, familiale et personnelle des enfants sourds. Il assure également une coordination entre les principales associations et les établissements actifs dans ce domaine (notamment l’Institut Père Roberts ; l’IRAP ; Al-Hady ; LSBD…). Dans le cadre de son action multiple sur ce plan, il a conçu et diffusé des vidéos sur l’impact de l’enseignement en ligne pour les enfants sourds, de même qu’il a mis sur pied, entre autres, une section pour l’accompagnement et le soutien des parents d’enfants sourds (conférences et brochures informatives, rencontres de discussions et groupes de paroles...). Parallèlement, il a organisé une orientation scolaire, universitaire et professionnelle pour les jeunes déficients auditifs, prévoyant des rencontres avec des adultes sourds et, surtout, l’organisation de forums des métiers pour informer les jeunes sourds des perspectives qui s’offrent à eux sur le marché du travail.
Dans le cadre des travaux prévus et exécutés dans ce domaine bien spécifique, comment faudrait-il conceptualiser et organiser les grandes lignes de l’action qui devrait être menée auprès des enfants sourds, dès leur naissance, et auprès de leurs parents et de leur environnement social ?
Force est de relever, d’emblée, qu’à l’annonce du diagnostic de la surdité, l’ensemble du système relationnel de l’enfant est touché, et par conséquent, cette naissance est vécue par les proches comme une perte, une désillusion. Cet enfant tant attendu, pensé et idéalisé devient source de déception, du fait qu’il a une déficience auditive.
La déficience auditive (DA) n’est pas toujours vécue comme une situation difficile par la personne qui en est affectée, à moins qu’on ne la contraigne à la vivre comme telle. Dans l’inconscient collectif, la "différence" est assimilée à un manque souvent irréversible et une délimitation des capacités de la personne qui la porte. Elle est également ressentie par la personne entendant comme un obstacle à la communication et un défi continu "pour comprendre et se faire comprendre".
Aux yeux des parents, en particulier, et de la société, en général, être déficient auditif c’est avoir des capacités cognitives limitées, des difficultés de communication et par conséquent d’insertion sociale et professionnelle.
Cela dit, il n’est pas évident pour les parents de gérer une telle situation, souvent inattendue. Leurs réactions sont diverses, allant de la révolte contre autrui, au déni de la réalité et parfois à la démission de leurs responsabilités en tant que parents. À défaut d’accompagnement, ces manifestations subsistent pendant assez longtemps, générant des signes dépressifs et des conflits relationnels au sein de la famille.
De son côté, le jeune sourd né dans une famille d’entendants se trouve tiraillé entre deux communautés ne sachant à laquelle appartenir. En réponse aux questions "Qui suis-je ?" et "Pourquoi suis-je différent ?", l’idée de l’identifiant apparaît, l’idée du semblable ou du différent. L’enfant sourd va devoir construire une identité qui intègre sa déficience. Le regard que lui porte son entourage proche, en particulier, et la société en général, exerce une influence sur l’image qu’il aura de lui-même. Autrement dit, la construction du "Moi" s’élabore par différenciation et identification successives en rapport avec le milieu dans lequel la personne DA vit.
De l’importance de l’accompagnement
L’accompagnement des parents, l’information et la sensibilisation à la condition de la personne sourde vont aider les parents à apprécier ce que leur enfant est capable de faire, à se retrouver dans leur rôle de "parent" et surtout à comprendre que la surdité ne se soigne pas.
Les solutions alternatives, tant sur le plan technique que psychopédagogique et orthophonique, peuvent aider la personne DA de naissance à une meilleure intégration scolaire, sociale et professionnelle. Celle-ci sera en quête d’une identité qui convienne à sa situation. Faut-il parler d’une identité entendante ou marginale ou d’immersion ou bien d’une identité biculturelle ?
L’identité entendante signifie que la personne DA considère sa surdité comme un stigmate, une différence à éliminer, dans le but de "fonctionner comme un entendant" ; l’identité marginale signifie que la personne DA ne se sent appartenir à aucune des deux communautés (sourd, entendant) et se trouve ballottée entre deux mondes ; l’identité d’immersion c’est lorsque la personne DA exprime sa fierté d’appartenir à la communauté des sourds et rejette, par conséquent, les aides auditives et la langue orale ; l’identité biculturelle reste le meilleur choix parce qu’elle permet à la personne DA de vivre entre les deux cultures et de s’y adapter, du moins en partie.
Le moyen de communication est également un élément identitaire de reconnaissance entre individus semblables. Pour la personne sourde, avoir son propre langage est une marque d’existence et un moyen qui faciliterait la communication avec le monde entendant. L’usage du langage gestuel amorcera également la confiance en soi.
Le cas spécifique du Liban
Au Liban, la vie sociale a constamment été organisée, à travers l’histoire et à tous les échelons, sur une base confessionnelle. Jusqu’à ce jour, nous ne pouvons parler d’une communauté sourde au vrai sens du terme. La langue des signes a pris forme et a eu un sens, entre sourds, avec l’apparition de l’école spécialisée dans les années 1950. Ce fut à l’époque le lieu principal des premiers regroupements de personnes sourdes, mais très vite ces établissements scolaires et instituts spécialisés se sont "refermés sur eux-mêmes", laissant transparaître des querelles et des tiraillements entre le gestuel et l’oralisme. Quant à la langue des signes, elle n’est toujours pas unifiée et chaque institution adopte un langage gestuel différent. Toutefois, les personnes sourdes, quelle que soit leur appartenance institutionnelle, ont développé leur propre langage et c’est à eux qu’il faudrait avoir recours pour construire une langue de signes libanaise.
Cependant, ces établissements restent l’endroit idéal pour les jeunes sourds, du moment où ils offrent un enseignement adapté au degré de la déficience auditive et des compétences jusque-là acquises. L’école inclusive devient plus courante de nos jours, mais elle n’est pas encore en mesure d’offrir au jeune sourd un encadrement satisfaisant tant sur le plan de l’éducation que de l’intégration sociale.
Le projet d’inclusion des enfants déficients auditifs (DA), entre autres, initié par l’Unicef et le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, n’est pas encore performant pour accueillir un nombre élevé d’élèves DA. Plusieurs clauses sont encore en suspens, concernant notamment la préparation du tout venant à accueillir une personne "différente", mais surtout l’aptitude des enseignants à tolérer la présence d’un élève qui nécessite un traitement spécial. Une équipe multidisciplinaire est associée à ce projet pour assurer un suivi et un soutien aux personnes DA.
Comité scientifique du BLRS
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