Comité olympique : le mauvais feuilleton qui atterre le sport français
Depuis plus d'un an et demi, le Comité olympique et sportif français est traversé par une crise née d'une scission violente entre sa présidente Brigitte Henriques et un noyau d'opposants autour de son prédécesseur Denis Masseglia.

Depuis plus d'un an et demi, le Comité olympique et sportif français (CNOSF) est traversé par une crise née d'une scission violente entre sa présidente Brigitte Henriques et un noyau d'opposants autour de son prédécesseur Denis Masseglia, un feuilleton qui préoccupe de plus en plus le monde sportif à quatorze mois des JO de Paris.

Y aura-t-il un épilogue à ce mauvais télénovela qui embarrasse nombre d'acteurs du sport français ? "Rien n'est moins sûr, on ne peut absolument pas prévoir la suite, c'est tragique", reconnaît un haut cadre du sport français.

Une assemblée générale doit se tenir jeudi dans la maison du sport français, et jamais le climat n'a été aussi tendu, entre menaces de plaintes, appels à la démission et révélations d'échanges de mails internes... Brigitte Henriques, ancienne vice-présidente de la Fédération française de football (FFF), élue en juin 2021, pourra-t-elle survivre à cet énième épisode de tensions ? Techniquement, à moins d'une démission, ce que Brigitte Henriques a maintes fois répété ne pas envisager, cette nouvelle AG ne peut pas déboucher sur grand-chose.

"Paroxysme"

"A priori, le camp des opposants n'a pas la possibilité de la faire chuter, mais là, on est au paroxysme de l'affrontement déclenché il y a un an et demi", estime le dirigeant précédemment cité.


La tension est effectivement montée de plusieurs crans ces derniers jours. Dans un geste d'apaisement, Brigitte Henriques avait invité Denis Masseglia, avec qui les relations étaient déjà très tendues depuis des mois, à s'exprimer le 16 mai devant les membres du conseil d'administration. Mais celui-ci n'a pas saisi la main tendue et a, au contraire, relancé un conflit désormais total. L'ex-président, devant les membres de l'instance, a lu un courrier détaillant ses griefs envers la présidente, évoquant des irrégularités financières et des dépenses indues selon lui. Et il a ensuite dégainé l'arme ultime, en évoquant une plainte contre X pour abus de confiance auprès du Parquet national financier (PNF) qui devait être déposée "dans les prochains jours", peut-on lire sur le courrier consulté par l'AFP. Une intervention qui a déclenché l'ire de Brigitte Henriques, dénonçant une "cabale" et une forme de "harcèlement". Masseglia a expliqué à l'AFP ne pas avoir supporté que le 4 avril dernier, lors d'une conférence de presse au CNOSF, l'avocat de Brigitte Henriques, Me Arash Derambarsh, menace de porter plainte contre lui.

Un nouvel épisode qui a plongé "beaucoup de présidents de fédération dans un état de sidération", confie l'un d'eux. L'ancien champion de biathlon Martin Fourcade s'est dit "affecté par tout ça" et "peiné de cette situation", en marge d'un entretien à l'AFP consacré à un projet personnel. De son côté, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a estimé sur France Inter que "le mouvement sportif ne peut en aucun cas se permettre de telles divisions (...) devant le monde entier", demandant à ce que "cette maison revienne en ordre". "Je n'imagine pas que ces problèmes, qui choquent le monde sportif, se prolongent au-delà du mois de mai, je suis sûre que l'on va trouver une solution" a-t-elle encore plaidé sur la chaîne L’Équipe mardi soir. "Elle a raison, il faut qu'elle tape du poing sur la table", juge un autre président de fédération "atterré par le spectacle honteux" qu'offre le CNOSF.

"Il faut arrêter ce feuilleton"

La rupture entre Brigitte Henriques et Denis Masseglia trouve, elle, son origine bien plus en amont, au moment de l'éviction de Didier Séminet en septembre 2022, comme l'ont révélé des échanges de mails sortis dans plusieurs médias, que l'AFP a également obtenus. La présidente, dans un courriel daté du 12 octobre 2021, fait notamment part de son indignation quant au comportement de celui qui l'avait pourtant adoubé et soutenu lors de son élection.

Les relations entre les deux n'ont fait que se dégrader ensuite. Dernier épisode en date, un mail révélé par le quotidien Le Monde de Denis Masseglia envoyé à Brigitte Henriques en janvier 2022 dans lequel l'ancien professeur de physique suggère un montage pour la prise en charge de ses frais pour son rôle "d'ambassadeur" et de "président honoraire", mission confiée après son départ. Dans ce courriel, consulté par l'AFP, l'ex-président suggère de scinder en deux ses frais, pour ne pas susciter "l'incompréhension" de la Cour des Comptes. Une nouvelle pièce dans une machine devenue folle...

"Il faut arrêter ce feuilleton de téléréalité. L'image donnée par le mouvement sportif aujourd’hui est dramatique. Il faut faire un ‘reset’ de tout ça, c'est possible", estime Philippe Bana, le président de la Fédération française de handball.
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