Lors d'une intervention télévisée, Emmanuel Macron a affirmé assumer son "impopularité", plaidant pour une réforme "nécessaire" qu'il ne conduit pas "par plaisir". Des propos qui ont fait bondir l'opposition ainsi que les organisations syndicales, qui préparent une neuvième journée de grève jeudi.

Le président français Emmanuel Macron est enfin sorti de son silence mercredi après des semaines de tension sociale, se disant sans regret ou presque sur l'impopulaire réforme des retraites, adoptée au forceps et qu'il souhaite voir appliquée "avant la fin de l'année".

Le chef de l'État a simplement concédé un possible regret, celui "de ne pas avoir réussi à convaincre sur la nécessité de cette réforme", lors d'une interview télévisée de 35 minutes, durant laquelle il a répété les arguments pour justifier la nouvelle loi.

"Cette réforme, ce n'est pas un plaisir, ce n'est pas un luxe, c'est une nécessité", a-t-il commenté, invoquant la défense de "l'intérêt général" face à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population, la France étant l'un des pays européens où l'âge légal de départ en retraite est le plus bas.

À la veille d'une nouvelle journée nationale de mobilisation syndicale, le chef de l'État a confirmé qu'il n'allait ni dissoudre l'Assemblée nationale, ni remanier le gouvernement, ni convoquer un référendum sur sa réforme décriée.

Depuis le 16 mars, date du recours à cet article 49.3, la contestation donne des signes de radicalisation. (AFP)


Il ne s'est pas non plus ému des reproches sur son passage en force - l'exécutif a utilisé une disposition constitutionnelle, l'article 49.3, permettant l'adoption d'un texte sans vote - parce qu'il ne disposait pas d'une majorité à l'Assemblée pour voter le texte, exacerbant la colère populaire.

Depuis le 16 mars, date du recours à cet article 49.3, la contestation donne pourtant des signes de radicalisation. Des échanges tendus opposent chaque soir manifestants et policiers, notamment à Paris. Près d'un millier de personnes ont été interpellées.

Les grèves et blocages se poursuivent en France mercredi, notamment dans les dépôts pétroliers, 12% des stations-service se retrouvant à court d'essence ou de gazole.

À la veille de la neuvième journée de mobilisation nationale contre la réforme, le port de Marseille (sud) était bloqué mercredi et une autoroute constituant la principale entrée vers cette deuxième ville de France a été fermée plusieurs heures. La compagnie nationale ferroviaire a indiqué que la circulation serait "très fortement perturbée" jeudi.

Sami Erchoff avec AFP
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